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Actu-Environnement

“L'électricité renouvelable d'Europe du Nord aura un impact sur les prix de l'électricité à long terme”

Jean-François Conil Lacoste, le président de la bourse de l'électricité Epex Spot, revient pour Actu-environnement sur le couplage des marchés Nord-Ouest Europe et sur l'impact attendu de l'inclusion des renouvelables du nord de l'Europe sur le prix de l'électricité.

Interview  |  Energie  |    |  P. Collet
Environnement & Technique N°334
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°334
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“L'électricité renouvelable d'Europe du Nord aura un impact sur les prix de l'électricité à long terme”
Jean-François Conil Lacoste
Président du directoire de la bourse européenne de l’électricité, Epex Spot
   

Actu-environnement : Pourriez-vous nous expliquer dans les grandes lignes en quoi consiste le lancement du couplage des marchés en Nord-Ouest Europe ?

Jean-François Conil Lacoste : Le lancement du couplage des marchés de l'électricité de la région Nord-Ouest Europe (NWE) correspond à la mise en place d'une connexion renforcée entre les marchés électriques déjà interconnectés de France, Allemagne, Autriche et du Benelux (Centre Ouest Europe – CWE), auxquels ont été ajoutés ceux de Grande-Bretagne, du Danemark, de Suède, de Norvège, de Finlande, d'Estonie, de Lituanie, de Lettonie et de Pologne.

Concrètement, ceci revient à établir un prix unique pour l'électricité de gros disponible pour livraison le lendemain dans tous ces pays désormais interconnectés, qui représentent 75% de la consommation d'électricité en Europe. Depuis le 4 février 2014, la capacité de transport disponible aux frontières des pays de Nord-Ouest Europe est vendue implicitement en Bourse, c'est-à-dire est directement incluse dans le prix résultant de l'état de l'offre et de la demande. Elle est ainsi utilisée à 100%.

C'est donc une avancée majeure qui est intervenue début février. Le prix de l'électricité de gros affiché sur les bourses européennes habilitées à opérer des ordres d'achat et de vente résulte dorénavant d'une offre plus large, passant de six à quinze pays. C'est une révolution silencieuse qui apporte à l'Europe une plus grande sécurité d'approvisionnement, une optimisation de l'utilisation de son mix énergétique, des économies significatives pour la collectivité évaluées à 4 milliards d'euros par an pour toute l'Europe, ainsi qu'une compétitivité accrue pour les industriels européens.

Le raccordement des marchés de NWE est le fruit d'une intense coopération de plus de deux ans entre 16 partenaires de ces régions, bourses de l'électricité et gestionnaires des réseaux de transport, et constitue un pas de géant vers un marché unique de l'électricité en Europe.

AE : Les pays du nord de l'Europe disposent de capacités importantes en termes d'éolien et d'hydroélectricité, cela impactera-t-il les prix sur le marché ?

J-FCL : Sans aucun doute.

Mais expliquons d'abord comment est fixé le prix sur les bourses de l'électricité telles qu'Epex Spot. Ce prix résulte de la confrontation permanente de l'offre et de la demande, sachant que l'électricité ne se stocke pas, et que le réseau électrique doit être en permanence équilibré. Cette responsabilité est techniquement supervisée par les gestionnaires de réseaux de transport, qui s'appuient sur des responsables d'équilibre qui, sur leur propre périmètre, vont s'assurer que les injections de production s'équilibrent avec les soutirages, tout en minimisant les coûts. Pour ce faire, les producteurs utilisent les moyens à leur disposition en commençant par les moins coûteux (l'hydraulique, le nucléaire, …) pour finir par les plus coûteux (comme les turbines à combustion), et permettent l'achat et la vente de l'électricité entre les pays interconnectés. Le prix de l'électricité à un moment donné est donc celui de l'énergie utilisée à ce moment précis.

L'électricité d'origine éolienne et hydroélectrique en provenance d'Europe du Nord, qui représente une part majeure de la production d'électricité de la zone NWE, aura donc certainement un impact sur les prix de l'électricité à long terme. Pour autant, en bourse, il est impossible de savoir à un moment donné quelles sont la provenance géographique et la source de production de l'électricité négociée.

AE : La fixation des prix sur une plateforme commune aux marchés nord-européen et centre-européen permettra-t-elle de bénéficier de l'effet de foisonnement entre les différentes énergies renouvelables ?

J-FCL : C'est un des buts clés de ce projet de couplage : optimiser le mix énergétique existant au travers des frontières en Europe.

Toutefois, l'électricité liée aux énergies renouvelables est intermittente, peu prévisible, et non programmable. Elle ne peut donc à elle seule assurer la sécurité d'approvisionnement en Europe, même si elle est devenue indispensable car elle constitue une source d'appoint bon marché, et participe à la volonté européenne d'assurer une transition énergétique.

Grâce aux bourses telles qu'Epex Spot, les variations dans la production des énergies renouvelables peuvent être contrebalancées entre les différentes zones de marché couvertes, où les prix convergents atténuent les pics de prix, positifs ou négatifs.

C'est ce que l'on a pu déjà constater sur la zone Centre-Ouest Europe suite aux décisions récentes de l'Allemagne d'accroître la part des énergies renouvelables dans sa production d'électricité, et de donner un accès prioritaire à cette électricité pour être négociée sur le marché de gros.

Réactions12 réactions à cet article

Ce spécialiste le rapelle aussi les Energies Renouvelables Intermittentes ne peuvent pas s'intégrer dans le processus:
citation "Toutefois, l'électricité liée aux énergies renouvelables est intermittente, peu prévisible, et non programmable. "
Dans ces conditions les prix ne peuvent pas être prévus, ils ne peuvent s'établir qu'a posteriori, a la différence des sources d'énergies fiables.

ami9327 | 17 février 2014 à 21h54 Signaler un contenu inapproprié

Utiliser le prix de l'énergie fixé par l'équilibre des marchés pour établir sa valeur intrinsèque n'est guère différent de l'attitude qui consiste à définir l'organisation du cosmos en supposant que la terre est plate et que le soleil tourne autour d'elle.

Jean-Claude Herrenschmidt | 18 février 2014 à 09h44 Signaler un contenu inapproprié

De par sa décision purement électoraliste, l'Allemagne a besoin de l'électricité nucléaire française, c'est aussi simple que cela, ne serait que pour palier au fait que, je cite :
"Toutefois, l'électricité liée aux énergies renouvelables est intermittente, peu prévisible, et non programmable. Elle ne peut donc à elle seule assurer la sécurité d'approvisionnement en Europe".
Les industriels allemands l'ont d'ailleurs bien compris, et ont demandé à ce que la gabegie éolienne soit freinée !

Tireman | 18 février 2014 à 11h04 Signaler un contenu inapproprié

les couplages internationaux de réseaux existent déjà. Ils sont aussi bouclés dans chacun des pays en interne. On ne voit pas bien l'utilité d'associer des réseaux solides, en général constitués par des centrales fiables avec des canards boiteux à base d'énergies dites renouvelables et soutenues à coups de subventions. Les couplages deviennent alors des opérations à risques de black-out comme on l'a vu il n'y a pas très longtemps par une défaillance allemande qui a failli plonger toute l'Europe dans une nuit complète. On a déjà du mal à supporter ces EnR financièrement en France, on ne va quand même pas payer pour les Allemands et autres Danois.

Paul Chérel - pas de pseudo | 18 février 2014 à 16h55 Signaler un contenu inapproprié

A ami9327
J'ai pas lu que les Energies Renouvelables Intermittentes ne sont pas FIABLES !! C'est vous qui ajoutez le mot FIABLE, ce qui permet de comprendre votre point de vue négatif sur ces ENR ! Dommage !
encore un qui n'a rien compris avec les fossiles !

Roro | 18 février 2014 à 21h04 Signaler un contenu inapproprié

A Tireman
ah la la, le couplet de la france qui fourni aux allemands ah ah ah !
En fait est ce que vous savez que sur la carte européenne des import exports de la france en élec, l'allemagne est le seul voisin de la France chez qui la france vend moins d'élec qu'elle n'en importe ???!
Eh oui le manque de nucléaire allemand et le super nucléaire français fait le contraire de ce que vous croyez !! Trop de nucléaire, donc pas de capacité de réaction rapide au heures de pointe et donc plein d'import de l'allemagne ! Et sur le plan ENR, en Fev 2011 quand il faisait -10 en France, si les allemand ne nous avaient pas fourni 10% de notre jus (10% !! dont 4 de Photovoltaïque qui marche d'enfer au soleil à bass temp comme on a eu pendant 10 jours !!), eh bien le réseau français sautait !!!
Les chiffres 2012 et la carte quand vous voulez et ce sont les données EDF/RTE je précise :
Export vers Allemagne : 5,2 TWh
Import d' Allemagne : 14,0 TWh
Je passe les autres pays à qui on vend plus qu'on import... (suisse, belgique, UK, espagne, italie !)
TOTAUX 2012 :
EXP : 73.4 TWh
IMP : 29 TWh
SOLDE : +44 TWh
Je rappelle que la France bouffe 500 TWh/an et que 1Millions de VE sur les routes qui chargeraient pour 40kms/j (moyenne depl des français/j) ça fait 1% soit 5TWh et que vos bidules électroniques font 12% de la conso ! La messe est dite !

Roro | 18 février 2014 à 21h16 Signaler un contenu inapproprié

Vous êtes en retard d'une guerre. Tous ces accords d'interconnexions et d'échanges sont déjà bouclés et leur extension est en cours d'étude sinon de finalisation.
Qu'il y ait des problèmes techniques, d'ajustement des capacités de production aux besoins du marché, nul ne le nie. L'idée est quand même d'atténuer les trop grosses fluctuations qui sont, on le sait, responsables des risques de coupure massive les plus importants. Les techniciens s'en débrouilleront, c''est leur métier.
Le problème qu'il faut traiter en priorité est l'optimisation du coût global de l'énergie (production + exploitation) compté en unités d'énergie et non en monnaie courante dont les fluctuations sont imprévisibles et dépendantes d'intérêts financiers incontrôlables.
Et ça, ce n'est ni de la technique ni de l'économie, mais de la politique dans ce qu'elle a de plus déterminant pour assurer l'avenir paisible de nos sociétés.

Jean-Claude HERRENSCHMIDT | 18 février 2014 à 23h02 Signaler un contenu inapproprié

"si les allemand ne nous avaient pas fourni 10% de notre jus (10% !! dont 4 de Photovoltaïque "
chiffre surprenant:
- soit vous voulez dire que 4% des 10% fournis étaient issu du photovoltaique. ce qui laisse 96% pour un peu d'éolien et pas mal de charbon .... chiffre ridiculement faible et bilan carbone dramatique.

-soit vous voulez dire que sur les 10%, 4% étaient issus de photovoltaique et les 6 % restant par le reste du mix énergétique allemand. cela signifierait qu'à un instant T, le photovoltaique aurait représenté 40% du mix énergétique allemand... j'ai quelques doutes.

ce qu'il y a de positif dans tout ça, c'est surtout que nos centrale hydroélectriques (et celles des pays du nord) pourront remplacer quelques centrales à charbon allemandes pour absorber l’intermittence de l'éolien. Le mix énergétique allemand devraient donc s'en retrouver un peu moins polluant.

dolgan | 19 février 2014 à 10h15 Signaler un contenu inapproprié

malheureusement aussi un impacte désastreux sur nos paysages avec des conséquences sociologiques bien entendu ..je pense aux éoliennes statiques sur terre comme en offshre ....pour quel résultat !!?
je ne suis pas convaincu qu'on réduise le nucléaire avec ça et encore moins les émissions de co2 ...alors a quoi bon s'obstiner dans cette technologie ! y a t'il anguille sous roche ? des pressions ? des interets ? pas trés green en fait !!! ceci dit je suis pas contre les ENR respectueuses de notre environnement ...même si ça coûte un peu plus .

carl | 19 février 2014 à 11h09 Signaler un contenu inapproprié

Pour compléter la réponse de Roro à Tireman, je préciserais également en nuançant le bilan annuel énergétique qui est positif (exportateur de 44 TWh) par le bilan annuel économique qui est lui très mauvais, car on ne vend pas nos 73 TWh au même prix que l'on achète les 29 TWh. On vend du nucléaire en base quand personne n'en a besoin (donc à très bas prix), et on achète de l'appoint en pleine pointe que nos centrales ne peuvent couvrir, à tarif élevé. Il est d'ailleurs fréquent en cours d'économie de prendre l'exemple de la Suisse qui achète notre électricité nucléaire à bas prix, la stocke dans les stations de pompage/turbinage (barrage) puis nous la revend hors de prix en pointe quand on en a besoin. Malgré les pertes liées au rendement du pompage/turbinage, ils y sont gagnant économiquement. Je laisse Tireman conclure sur qui est donc perdant...

C'est bien de défendre des idées et promouvoir notre "autonomie" grâce au nucléaire, mais c'est mieux de ne pas avoir d'oeillère et de ne pas répéter bêtement des idées reçues. La dépendance de l'Allemagne au nucléaire Français est une légende, je vous invite à vous documenter sur le sujet avant de défendre une opinion de manière si virulente...

Pascal | 19 février 2014 à 11h25 Signaler un contenu inapproprié

@ Roro, post du 18 février 2014 à 21h16.
Veuillez m'excuser, mais qu'avez-vous démontré ???
"ah ah ah !" dites vous ???
En effet...
ah ah ah !

Tireman | 19 février 2014 à 12h31 Signaler un contenu inapproprié

@ Pascal, post du 19/02/2014, à 11h25.
Curieusement, ceux qui ne manifestent pas un angélisme béat vis-à-vis de certaines EnR défendent leurs opinion "de manière virulente..."

Tireman | 19 février 2014 à 12h37 Signaler un contenu inapproprié

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