Après plusieurs années de paralysie, le projet a été relancé suite à un accord signé en début d'année entre le Président Français Nicolas Sarkozy et le Président du gouvernement Espagnol José Luis Rodriguez Zapatero. Depuis, les réunions se suivent et intègrent toutes les parties prenantes avec le concours d'un cabinet indépendant, le Centro Elettrotecnico Sperimentale Italiano (CESI). La dernière réunion date du 30 avril dernier à Perpignan, en présence de Mario MONTI, coordonnateur européen du projet. À cette occasion, le CESI a présenté le résultat de ces études. Selon le Ministère de l'Ecologie, les études réalisées indiquent que le renforcement de l'interconnexion aura des effets positifs en matière de sécurité des réseaux, d'exploitation des potentiels des énergies renouvelables intermittentes comme l'éolien, d'optimisation du parc de production d'électricité de la France et de l'Espagne, d'émissions de CO2, et de prix de l'électricité pour les entreprises et les ménages. Pour le MEEDDAT, elles confirment donc l'intérêt de ce projet, classé comme prioritaire au niveau de l'Union européenne.
En outre, le cabinet CESI n'identifie pas d'autre besoin en interconnexion électrique dans les Pyrénées-Orientales que la ligne de 400 kV dont il est question. Aussi, Jean-Louis BORLOO s'est engagé à ce qu'il n'y ait pas à l'avenir de nouvelle interconnexion électrique transitant par le département des Pyrénées-Orientales et en a informé les autorités espagnoles.
Concernant les impacts environnementaux du projet, toutes les parties prenantes ont reconnu que le caractère remarquable de ce territoire, avec en particulier la proximité d'endroits emblématiques comme le mont Canigou, visibles depuis toute la plaine du Roussillon, ne peut conduire qu'à l'adoption d'une solution exceptionnelle pour cette interconnexion transfrontalière. Dans ce sens, le ministre Jean-Louis Borloo a proposé à son homologue espagnol de recommander conjointement l'option d'une ligne totalement enfouie entre Baixas (près de Perpignan) et Santa Llogaia (près de Figueras) afin de limiter au maximum les impacts sur l'environnement. Les ministres ont donc demandé aux gestionnaires de réseaux de transport d'électricité, RTE et REE, d'étudier en détail la mise en œuvre de cette option, en particulier son insertion dans le territoire. Selon le cabinet CESI, cette technique bien que difficile à mettre en œuvre, peut être adoptée.
Seul point noir, le coût de l'enfouissement qui pourrait être multiplié par sept et atteindre par conséquent 700 millions d'euros. Selon le quotidien Midi Libre, le ministre français a indiqué que l'État prendrait à sa charge le surcoût de l'enfouissement terrestre ou marin de la ligne en courant continu, bien que cette information n'apparaisse pas officiellement dans le communiqué du ministère.
Du côté du « collectif anti-THT », la nouvelle a été accueillie avec méfiance. Le collectif estime que le rapport du CESI n'apporte toujours pas la preuve de l'utilité du projet. Dans son analyse du rapport, le collectif note qu'en conditions normales, l'Espagne possède une capacité de production installée suffisante pour répondre à la demande de pointe et qu'en 2016, le pays possédera dans le futur un parc de production adéquat. Le collectif cite également le CESI qui précise que la faible adéquation du système prévue pour la péninsule ibérique à partir de 2016 est due essentiellement au manque de prévision de nouvelle génération au Portugal après 2012. Pour le « collectif non à la THT » il est donc clair que c'est le Portugal qui doit faire ou être aidé à faire des efforts en termes de production d'électricité. Le collectif est ainsi convaincu que seuls les intérêts commerciaux justifient le projet.
À la demande de Jean-Louis Borloo, le préfet des Pyrénées-Orientales organisera dans les prochaines semaines une réunion de travail, qui devra notamment s'attacher à identifier le tracé le plus approprié et les conditions pratiques de mise en œuvre de la solution technique.