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Un tiers des espèces en danger dans les Terres australes et antarctiques

L'Union internationale pour la conservation de la nature et le Muséum national d'Histoire naturelle ont présenté les premiers résultats de la Liste rouge de la faune vertébrée menacée des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf).

Un tiers des espèces en danger dans les Terres australes et antarctiques

Cette Liste rouge a nécessité un an de travaux de recherche basés sur les données récentes disponibles. Elle recense pour la première fois les oiseaux et les mammifères présents dans trois zones: les cinq îles Eparses (Bassas da India, Europa, Juan de Nova, Glorieuses dans le canal du Mozambique et Tromelin), les Terres australes qui regroupent les quatre îles subantarctiques (Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam) ainsi que la Terre Adélie sur le continent Antarctique. Les reptiles terrestres et marins des îles Eparses ont également été répertoriés. Ces trois zones couvrent 80% de l'hémisphère Sud.

Impacts de la pêche à la palangre et des rats

Sur 98 espèces indigènes évaluées au total, "32 sont menacées  (1) soit un tiers", a prévenu ce mardi 10 mars Bernard Cressens, président du comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), devant la presse.

Les albatros, manchots, tortues marines "vivant dans les zones isolées de la planète ne sont pas à l'abri de l'impact des activités humaines". Des menaces multiples pèsent sur cette biodiversité. Au premier chef figurent les espèces introduites par l'homme comme les rats, a précisé M. Cressens. De nombreux oiseaux marins, comme le Pétrel gris et le Petit puffin dans les Terres australes et le Phaéton à bec jaune sur l'île d'Europa, tous trois classés "en danger", sont victimes des rats qui se nourrissent des œufs et des oisillons. Des lézards "rarissimes" des îles Eparses, tels que le Scinque aux yeux de serpent des Glorieuses, classé "vulnérable", sont également la proie des rongeurs.

La "seconde grande menace" est la pêche intensive à la palangre dans les eaux internationales et ses prises accessoires d'oiseaux et de mammifères marins s'accrochant aux hameçons. Cette pêche menace l'Albatros d'Amsterdam, une espèce classée "en danger critique", qui ne niche que sur l'île d'Amsterdam en Terres australes : l'UICN et le Muséum dénombrent moins d'une cinquantaine de couples reproducteurs, en dépit de l'encadrement de cette pêche par la préfecture des Taaf.  "Les oiseaux marins ne connaissent pas les limites administratives et sont victimes de la pêche à la palangre hors des Taaf", a déploré M. Cressens. Elle reste pratiquée dans le reste de l'océan Indien, où l'Albatros d'Amsterdam chasse pour s'alimenter. Cécile Pozzo Di Borgo, préfet et administrateur supérieur des Taaf, a souligné la réduction de 95% de la mortalité accidentelle aviaire liée aux palangres en 2014 par rapport à 2006/2007 où 13.000 oiseaux étaient tués contre 33 l'an dernier.

Des dauphins comme le Globicéphale tropical peuvent eux aussi être piégés accidentellement sur les palangres destinées à la pêche au thon et à l'espadon. L'orque et le dauphin de Commerson sont classés "en danger" dans les Terres australes. Sur les îles Eparses, la tortue imbriquée est classée "en danger critique".

Climat : le Manchot empereur "vulnérable"

Autre menace : l'apparition de "nouvelles maladies" dans les Terres australes, telles que le rouget du porc et le choléra aviaire, a provoqué "des mortalités importantes chez les jeunes de plusieurs espèces d'oiseaux marins". Figure également le changement climatique "qui a un impact sur les zones d'alimentation" et par conséquent les capacités de reproduction et "démultiplie les espèces invasives ", a ajouté M. Cressens.

A Kerguelen, l'augmentation des températures de l'océan modifie les zones d'alimentation de l'Albatros à sourcils noirs, une espèce "quasi-menacée" qui pourrait "disparaître de l'île à l'avenir", prévient la Liste rouge. En Terre Adélie, la réduction de la surface de la banquise provoquera une diminution des ressources alimentaires du Manchot empereur, classé "vulnérable", qui "devrait connaître un déclin atteignant plus de 80% à l'horizon 2100".

Le président du comité français de l'UICN "attend beaucoup" de la Conférence mondiale sur le Climat à Paris en décembre prochain. "On espère que l'humanité dans un sursaut de conservation va prendre des mesures", a déclaré M. Cressens.

La prochaine Liste rouge des Taaf évaluera les poissons et les invertébrés.

Des actions de préservation

Pour préserver la biodiversité de ces territoires, une réserve naturelle nationale couvrant plus de 2,2 millions d'hectares, a été créée en 2006 dans les Terres australes. Elle est la plus grande de France. Un parc naturel marin a aussi vu le jour en février 2012 dans l'archipel des Glorieuses dans les îles Eparses, d'une superficie de plus de 43.000 km2 : son plan de gestion est soumis à consultation jusqu'au 26 mars 2015. Depuis 2011, un plan national d'action est également en place pour conserver l'Albatros d'Amsterdam : plus de 30 individus sont recensés aujourd'hui alors qu'ils étaient 5 en 1980, a précisé la préfet en soulignant "l'évolution positive".

Le projet de loi sur la biodiversité (2) , en débat mi-mars à l'Assemblée, prévoit de nouvelles zones classées de conservation halieutique (ZCH) en métropole et outre-mer, au sein du code rural et de la pêche maritime. Ce nouvel outil vise à permettre aux autorités de l'Etat d'interdire ou de réglementer les activités incompatibles avec le bon état des zones fonctionnelles des ressources halieutiques (frayères, nourriceries, couloirs de migration…).

1. Consulter la Liste rouge
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-24057-liste-rouge-taaf-faune-vertebree.pdf
2. Consulter l'article sur les zones dédiées à la conservation des ressources halieutiques
https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/biodiversite/zones-conservation-ressources-halieutiques-projet-loi-biodiversite.php

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