L'Union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces publics (UPJ) estime que le vote de la loi Labbé équivaut à une rupture du dialogue par les pouvoirs publics sur l'utilisation raisonnée des pesticides. Le syndicat professionnel, qui regroupe les fabricants de pesticides destinés aux jardiniers amateurs et aux professionnels des espaces publics, a dénoncé le 27 janvier dans un courrier adressé au ministre de l'Ecologie, Philippe Martin, les accords-cadres signés en zones non agricoles et retiré sa participation de toutes les instances d'Ecophyto.
La loi Labbé, votée par l'Assemblé nationale le 23 janvier dernier, interdit l'utilisation des produits phytosanitaires par les collectivités à compter de 2020 et la vente aux jardiniers amateurs à compter de 2022.
"Le choix de la prohibition, effectué à la va vite, conduit à des incohérences qui ne permettront pas d'atteindre les résultats escomptés", estime l'UPJ, alors que les opérateurs du jardin, dans le cadre du plan Ecophyto, ont quasiment atteint la diminution de 50% des volumes, quatre ans avant l'échéance définie dans le Grenelle de l'environnement.
Incohérences de la loi
Le syndicat professionnel relève plusieurs incohérences dans la loi Labbé. En premier lieu, le fait qu'elle va interdire les seuls produits d'origine chimique, même non toxiques. "Si l'objectif de la loi était de réduire encore mieux les risques toxicologiques liés à l'usage de produits phytosanitaires, n'aurait-il pas mieux valu interdire les produits de synthèse ou d'origine naturelle classés en raison de leur toxicologie plutôt que de n'interdire que les produits de synthèse en raison de leur origine ?", interroge l'UPJ.
D'autre part, relève cette dernière, le texte va interdire aux jardiniers amateurs l'utilisation de produits portant la mention "Emploi autorisé dans les jardins" alors que l'application de produits professionnels par des prestataires de service resterait autorisée dans les jardins privatifs. "Ce n'est pas parce que des produits classés sont appliqués par des professionnels qu'ils sont sans impact sur l'environnement ou la santé", ajoute-t-elle.
Enfin, l'organisation professionnelle remarque que la disparition programmée des activités de ses adhérents dans la fabrication et la vente de pesticides de synthèse ne permettra plus le maintien d'une activité résiduelle "de secours", qui est l'une des dérogations prévues par la loi.