Avec ces dispositions, la loi donne un contenu juridique au principe pollueur-payeur déjà défini dans la charte de l'environnement. Ces dispositions prendront effet pour les dommages causés à compter du 30 avril 2007 - date limite de transcription de la directive en droit national - sans rétroactivité possible.
Pour le sénateur Jean Bizet (UMP), rapporteur du texte auprès du Sénat, la loi instaure un nouveau régime de police administrative. Il reviendra en effet à l'autorité administrative, qui, en France, sera le préfet, de contraindre l'exploitant responsable d'un dommage à l'environnement à prendre des mesures de prévention et de réparation, a-t-il expliqué à ses collègues sénateurs. Nathalie Kosciusko-Morizet signale de son côté que le temps de l'impunité en matière d'atteintes à la nature est désormais révolu. Pour Patricia Savin du cabinet d'avocat Savin Martinet Associés spécialisé en droit de l'environnement, cette loi fait de l'environnement un sujet de droit à part entière et instaure le fait que la nature mérite aussi réparation.
Ainsi, après avoir dénoncé à plusieurs reprises les conditions d'étude de ce texte déclaré d'urgence par le gouvernement, les sénateurs ont adopté plusieurs amendements qui précisent diverses dispositions non définies dans la directive et laissées à l'appréciation des États membres. Le Sénat a ainsi prévu une cause d'exonération liée au « risque de développement ». Ainsi les exploitants ne seront pas soumis à ces responsabilités de réparation s'ils prouvent qu'à l'époque du dommage, ils ne pouvaient pas connaître, aux vues des savoirs scientifiques de l'époque, les risques environnementaux qu'ils généraient à travers leurs activités de recherche et développement. Les sénateurs n'ont en revanche pas choisi d'exonérer les exploitants qui respectent déjà les autorisations administratives notamment dans le cadre des installations classées alors que la directive européenne le prévoyait.
Aucune disposition n'a en revanche été prise concernant la responsabilité des sociétés mères et la constitution de garanties financières par les exploitants ce que regrettent fortement les associations de protection de l'environnement. Les arbitrages réalisés l'ont toujours été en faveur de la conception la moins ambitieuse de la protection de l'environnement, estime la fédération France Nature Environnement. Pour Roxanne Roger-Deneuville, juriste au WWF-France, le texte ne fait rien pour renforcer le principe de pollueur-payeur et comporte de nombreuses causes de régression du droit de l'environnement.
Au-delà du dispositif de responsabilité qu'il instaure en matière de prévention et de réparation de dommages environnementaux, le projet de loi donne lieu à la transposition de plusieurs directives communautaires en matière de responsabilité environnementale. Un amendement prévoit notamment un renforcement de la répression des pollutions en mer. Les rejets volontaires devraient ainsi être punis de peines plus sévères.
Un amendement précise également la définition des nouveaux entrants concernés par le Plan national d'allocation des quotas d'émission de gaz à effet de serre.
Par ailleurs, l'adoption d'un amendement sénatorial permettra désormais aux collectivités territoriales de demander la réparation d'une atteinte portée directement ou indirectement à leur territoire à la suite d'une infraction environnementale.
Ce projet de loi qui va permettre à la France de se mettre en conformité par rapport à plusieurs directives avant d'assurer la présidence de l'Union européenne est désormais entre les mains de la Commission des affaires économiques, de l'environnement et du territoire avant d'être débattu à l'Assemblée nationale avant la fin juin.