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Actu-Environnement

Le gouvernement publie le nouveau plan loup sous des tirs croisés

MAJ le 20/02/2018

Malgré l'exercice d'équilibriste mené par le gouvernement, le nouveau plan loup, publié ce lundi, suscite la colère des associations mais aussi des organisations agricoles qui se disent toutes deux insatisfaites.

Biodiversité  |    |  L. Radisson

"Assurer la viabilité de l'espèce en France tout en protégeant mieux les troupeaux et les éleveurs." C'est ainsi que le ministre de l'Agriculture résume l'objectif du nouveau plan loup (1) qu'il a rendu public avec son collègue de l'Ecologie ce lundi 19 février. Signe de mécontentement de Nicolas Hulot ? Le ministère de la Transition écologique a publié le plan de façon brute sans l'accompagner d'un quelconque communiqué.

Ce dernier avait annoncé en juin 2017 la remise à plat du dispositif de régulation. Le plan, destiné à concilier préservation de cette espèce protégée et protection des intérêts des éleveurs, a fait l'objet courant janvier d'une consultation publique qui a recueilli 5.760 contributions. Il a recueilli en parallèle un avis positif, assorti de fortes réserves, du Conseil national de protection de la nature (CNPN).

Un objectif de 500 loups d'ici 2023

"Le plan loup a pour objectif d'élaborer une nouvelle méthode de gestion de l'espèce, fondée sur une meilleure connaissance de l'espèce et de ses modes de vies, pour mieux la protéger et permettre également la protection des troupeaux et des éleveurs", explique Stéphane Travert. Le ministre de l'Agriculture met en avant plusieurs évolutions méthodologiques : une meilleure intégration des données scientifiques, la mise en place d'un dispositif de gestion de l'espèce pluriannuel permettant une vision de long terme, une réponse territoriale adaptée aux situations vécues par les éleveurs, la révision de la gouvernance du plan en intégrant des élus des territoires concernés.

Pour 2018, le plafond de prélèvement est fixé à 40 spécimens, alors que la population totale était estimée entre 264 et 402 spécimens au printemps dernier. Dès 2019, le plafond est fixé à 10% de la population sur la base de recommandations scientifiques, avec une possibilité de relèvement de 2% du plafond. Le plan se fixe comme objectif d'atteindre 500 loups d'ici 2023. "Une fois l'objectif atteint, le dispositif de gestion de la la population de loups sera réexaminé", indique le gouvernement.

"Plusieurs éléments issus de la concertation du public et des acteurs ont été intégrés dans la version actualisée de ce plan", affirme le ministère de l'Agriculture. Une consultation, dont "75% des contributions [insistaient] sur l'importance de la préservation du loup tandis que 25% [soutenaient] l'élevage face à la prédation", indiquent les deux ministères. Parmi les nouvelles actions ajoutées, ceux-ci mentionnent l'accompagnement du suivi de la population en "mobilisant une expertise de haut niveau en appui de l'ONCFS". Celle-ci sera notamment chargée de se pencher sur la question des loups hybrides. Les deux ministères annoncent également une action de prévention pour mieux gérer les chiens errants.

"Il faut que, pour le loup, la vision d'une brebis, soit synonyme de coup de fusil"

Le plan a été publié à l'heure même de la conférence de presse de la FNSEA à l'occasion du Salon de l'agriculture. Sa présidente, Christiane Lambert, s'est tout d'abord montrée plutôt satisfaite de l'abattage de 40 loups en 2018, tout en manifestant son inquiétude sur la nécessité d'un accord préalable du préfet coordonnateur. Mais la présidente du syndicat agricole majoritaire s'est ensuite positionnée en faveur d'un abattage du prédateur à chaque attaque. "Il faut que, pour le loup, la vision d'une brebis, soit synonyme de coup de fusil", a déclaré Mme Lambert. Le communiqué de son organisation, publié quelques heures plus tard, est très sévère. "Les décideurs politiques font le choix de l'ensauvagement des territoires au détriment des activités humaines. Ce choix n'est pas le nôtre", indique le syndicat agricole, qui cosigne le communiqué avec la Fédération nationale ovine (FNO) et les chambres d'agriculture (APCA).

La colère est palpable également du côté de la Confédération paysanne, selon laquelle le plan ignore la situation qu'endurent les éleveurs. "Pire, affirme le syndicat paysan, il se fixe un objectif d'une population de 500 loups d'ici à la fin du quinquennat, contre 360 aujourd'hui ! Tout en imposant la conditionnalité entre moyens de protection et indemnisation des victimes, sans réelle volonté de dédommager l'intégralité du préjudice". L'organisation agricole rappelle ainsi quelques chiffres : "l'année dernière, la seule protection a coûté 26 millions d'euros, dont 5 millions à la charge des éleveurs pour un résultat dérisoire, puisque plus de 11.000 bêtes ont été tuées".

Carcactère contre-productif des abattages

Les associations de protection de la nature ne sont pas en reste dans les critiques. Cinq d'entre elles (FNE, LPO, WWF, Humanité et biodiversité, Férus) dénoncent "un manque de courage politique". Elles pointent l'inefficacité, voire le caractère contre-productif, des abattages sur la réduction des attaques de troupeaux. Les ONG critiquent également l'incapacité de l'Etat à mettre en avant les bénéfices que peut apporter le retour du prédateur, citant la limitation de l'impact des populations d'ongulés en forêt.

"Au final, on autorise à tuer soixante-quinze loups en dix-huit mois, soit 20% de la population", s'indigne de son côté Madline Reynaud, directrice de l'Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), dans les colonnes du Monde. Avant même leur parution, cette dernière annonce qu'elle attaquera devant le Conseil d'Etat les deux arrêtés qui prévoient les conditions de destruction du loup. Les projets de texte avaient recueilli un avis négatif du CNPN en janvier.

1. Télécharger le plan national d'actions 2018-2023 sur le loup et les activités d'élevage
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-30694-plan-loup-2018-2023.pdf

Réactions9 réactions à cet article

Supposons un instant que soient interdits de séjour tous les loups italiens qui ont immigré en France et leur descendance quel serait les dommages induits pour le biotope, la chaîne alimentaire animale et finalement les humains ?
Comme les ours ils font bien dans le décor et attirent des touristes ?
Vu l'état de notre planète agonisante et les pénuries dans tous nos services publics n'y-a-t-il pas plus urgent pour occuper les défenseurs du loup, y compris FNE ?

Sagecol | 20 février 2018 à 09h17 Signaler un contenu inapproprié

les éleveurs non aucun intérêt a discuter avec ce type de personnes qui se foutent de leurs situations ((FNE, LPO, WWF, Humanité et biodiversité, Férus... tous dans le même panier de crabe ).
Les éleveurs n'ont qu'a agir tous simplement et défendre leurs troupeaux comme ils savent le faire sans se faire enm... par des bobos des villes qui ne seront jamais là quand eux seront confronté a ce PB. Le droit de défendre leur cheptel est reconnu et ce n'est même pas la peine d'en discuté avec ses escrologistes enverdeurs de première

yann | 20 février 2018 à 14h11 Signaler un contenu inapproprié

Le mode d'élevage extensif -brebis à l'herbe- est préconisé dans les appellations de certains fromages qui sont plutôt bien valorisés : il y a en quelque sorte une prime à l'exploitation extensive, avec un réel impact positif sur la préservation des paysages, et un "bio" sans arnaque (rarissime). Bizarre que ce système ne soit pas plébiscité par tous les braves gens qui sont contre l'agriculture intensive... Ils démontrent ainsi qu'on peut être contre tout.
J'ai entendu que les éleveurs italiens n'auraient pas ce genre d'exigences pour leurs frometons et que leurs troupeaux ne sont quasiment jamais dehors à l'alpage (même si eux, pratiquent allègrement l'arnaque du "bio"). Si cela était vrai, cela expliquerait que, là-bas, les loups ne dévorent pas les moutons.
Ce serait tout de même bizarre que les "loups italiens" viendraient manger les "agneaux français" alors que "chez eux", ils adopteraient en quelque sorte le régime végétarien...

Albatros | 20 février 2018 à 14h17 Signaler un contenu inapproprié

" mettre en avant les bénéfices que peut apporter le retour du prédateur, citant la limitation de l'impact des populations d'ongulés en forêt."
Il suffit pour cela de donner plus de bracelets aux chasseurs.
Quand aux autres bienfaits du loup, ils se résument à une forte perte de biodiversité lorsque le pastoralisme recule.
A lire : PASTORALISME ET BIODIVERSITÉ, UN PROBLÈME POUR LES ÉCOLOGISTES

ouragan | 20 février 2018 à 22h58 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour Albatros.
En Italie comme ailleurs les problèmes sont exactement les mêmes et dans chaque pays les écolos affirment que c'est mieux ailleurs.
j’ai reçu un appel téléphonique de la Présidente de l’Association des Eleveurs de Brebis de Norvège. Voici ce qu’elle me dit : « Vous savez, ici on a des gros problèmes avec les prédateurs, en particulier le loup. Or tout le monde nous dit que si on a des problèmes avec le loup, c’est parce qu’on ne sait pas travailler, et qu’il suffit d’aller voir en France, où les éleveurs savent cohabiter avec le loup. Alors, est-ce que vous pouvez nous organiser
un voyage d’étude sur cette question chez vous ? ». J’avoue que, passé le premier instant de stupéfaction, j’ai éclaté de rire. Et nous avons bel et bien accueilli une quinzaine d’éleveurs norvégiens qui nous ont dit à l’issue de leur visite dans les Alpes-Maritimes et le Var : « Ah... on nous avait menti... ». Cf Laurent Garde
A lire LOUP, A L'ÉTRANGER COMMENT SE PASSE LA COHABITATION?

ouragan | 20 février 2018 à 23h04 Signaler un contenu inapproprié

Pour Albatros
Je suis contre le plaisir de tuer des animaux, alors que pour nos lointains ancêtres c'état jusqu'à un certain point une nécessité vitale
Je suis pour la stérilisation des mâles, une ou deux battus par an assurées par l'ONF, l'armée et les ex-chasseurs du dimanche ou de la semaine ce qui leur permettra d'amortir un peu l'achat de leur "pénis en bois et/ou métal"
Peut-on comparer le service que rendent les moutons en moyenne montagne à celui que rendent les vaches (mais) toujours en moyenne montagne
Soyons clair : je suis végétarien depuis 1972, pas favorable au lait de vache depuis quelques années et bio-sentienciste depuis quelques années aussi.

Sagecol | 21 février 2018 à 09h01 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour ouragan. Il faut réseauter, s'informer, échanger, être curieux au-delà de la doxa actuelle qui surfe sur les ignorances et les peurs.
Je suis de tout coeur avec vous.

Albatros | 21 février 2018 à 09h27 Signaler un contenu inapproprié

Sagecol, grand bien vous fasse. Merci de laisser respirer ceux qui ne font pas les mêmes choix que vous et qui ne sont pas tous d'horribles suppôts des "lobbies qui conspirent pour détruire la planète etc."
Au plaisir d'échanges apaisés car "de la discussion jaillit la lumière"
Excellente journée

Albatros | 21 février 2018 à 11h58 Signaler un contenu inapproprié

Expliquez-vous, SVP. Je ne comprends pas
laisser respirer ceux qui ne font pas les mêmes choix que vous ????
pas tous d'horribles suppôts des "lobbies qui conspirent pour détruire la planète ?

Sagecol | 22 février 2018 à 17h07 Signaler un contenu inapproprié

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