Ce mardi 5 décembre, l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA), la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et GRTgaz ont présenté trois pistes d'action pour développer l'injection de gaz renouvelable d'origine agricole dans le réseau. Ils défendent ardemment une hausse de 10 à 30% de l'objectif de gaz renouvelable en 2030.
Objectif de 90.000 GWh
Actuellement, la France s'est fixée pour objectif d'incorporer 10% de biogaz dans le réseau à l'horizon 2030. Au cours des trois premiers trimestres de 2017, 284 gigawattheures (GWh) ont été effectivement injectés dans le réseau, ce qui devrait permettre d'atteindre quasiment 500 sur l'ensemble de l'année 2017, soit approximativement 0,1% de la consommation française. Certes, l'objectif est encore loin d'être atteint, mais la progression est telle que GRTgaz est confiant : seuls 85 GWh avaient été injectés en 2015 et 215 GWh en 2016. Surtout, avance le gestionnaire du réseau de transport du gaz, les capacités maximales d'injection inscrites dans la file d'attente atteignent actuellement 8.000 GWh, ce qui correspond à l'objectif fixé par la programmation pluriannuelle de l'énergie pour 2023. Si ces projets aboutissent, 318 méthaniseurs (dont 75% portés par des agriculteurs) devraient s'ajouter aux 38 méthaniseurs (60% d'unités agricoles) qui injectent dans le réseau gazier.
A l'horizon 2030, GRTgaz plaide pour un objectif de 30% de biogaz injecté dans le réseau. Cela représenterait 90.000 GWh, dont 70.000 GWh seraient issus de la méthanisation. Pour y parvenir, il faudrait porter à 4.000 le nombre de sites d'injection, ce qui représenterait un investissement de quelque 15 milliards d'euros, explique GRTgaz.
Coude à coude sur le terrain
Les partenaires ont identifié trois pistes d'actions pour "donner une nouvelle impulsion à la convention initiée en 2016". La première concerne le financement des projets. Aujourd'hui, les banques demandent aux agriculteurs de réunir entre 15 et 30% de l'investissement en fonds propres (aides comprises) avant d'accepter d'en financer le solde. Or, l'"autofinancement est complexe", explique Christiane Lambert, rappelant que l'investissement total moyen pour une unité de méthanisation est de l'ordre de 3 à 5 millions d'euros. Pour y remédier, les partenaires comptent trouver des financements innovants pour rassurer les établissements financiers tout en tenant compte des besoins des agriculteurs.
Les trois partenaires veulent aussi mieux accompagner les agriculteurs. Ils souhaitent être "coude à coude sur le terrain" pour aider les différents acteurs. Constatant que la méthanisation est un nouveau métier pour l'agriculteur, ils proposent de renforcer l'accompagnement individuel et collectif des porteurs de projets. Ce travail passe notamment par les 90 conseillers des chambres d'agriculture dédiés à l'accompagnement des projets de méthanisation agricole sur le terrain. Ils défendent aussi l'amélioration de la formation des agriculteurs et l'harmonisation des références techniques et économiques.
Enfin, la troisième piste concerne la R&D. Celle-ci doit porter sur l'agronomie et la vie des sols, pour améliorer la valorisation des digestats des méthaniseurs agricoles, ainsi que le développement des cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive). Du côté de GRTgaz, la R&D porte notamment sur les flux inversés (appelés "rebours") qui permettent de stocker dans le réseau de transport le biogaz injecté sur le réseau de distribution lorsque la demande est basse. Les 150 rebours que compte déployer GRTgaz pour accompagner la progression de l'injection de gaz vert dans le réseau représentent un investissement de 450 millions d'euros.