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“Il faut un débat sur le prix minimum du CO2”

Pour Michael Grubb, professeur de l'Université de Cambridge, le marché européen du carbone (ETS) a permis de réduire les émissions de CO2 à court terme. Mais pour inciter les industriels à investir à long terme, l'UE doit définir des prix plancher et plafond.

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“Il faut un débat sur le prix minimum du CO2”
Michael Grubb
Professeur de l’Université de Cambridge
   

Le marché du carbone européen (ETS) est souvent considéré comme un échec. Partagez-vous ce point de vue ?

MG : L'ETS n'a pas échoué, car il a entraîné des réductions d'émissions de dioxyde de carbone au niveau opérationnel. Il a rendu les émissions plus chères pour certains secteurs industriels, qui ont réellement diminué leurs émissions à court terme. Mais, dans le même temps, il a été gravement compromis et inefficace dans certains domaines-clés. Il n'a pas incité les industriels à faire des investissements stratégiques à long terme.

La Commission européenne propose d'introduire une réserve de stabilité. Le prix du carbone, va-t-il enfin augmenter ?

MG : La proposition de la Commission est un grand pas en avant qui aidera. Elle est fondée sur une bonne philosophie. Mais beaucoup de questions restent en suspens : comment cette réserve va-t-elle fonctionner ? Quel sera son impact ? La Commission a proposé des chiffres, mais nous avons tout d'abord besoin d'un débat sur ce que le marché du carbone européen est censé atteindre – et quels niveaux de prix pourraient soutenir ces objectifs. Elle a proposé de retirer des quotas d'émissions du marché, si le surplus dépasse 800 millions de tonnes, et de les réinjecter s'il tombe en dessous de 400. Mais quel impact ce seuil aura-t-il sur le prix du carbone ? Ce n'est pas clair. Pour l'industrie, la question du prix est cruciale et elle ne s'intéresse guère aux quantités dont parle la Commission.

Comment peut-on donc s'assurer que cette réforme « structurelle » sera efficace ?

MG : Nous devons tout d'abord avoir un débat sur les prix minimum, et peut-être maximum que nous voulons. Il faut ensuite définir les seuils d'activation de la réserve. Cela donnera plus de visibilité aux investisseurs, qui en ont besoin. Mais également aux gouvernements, qui connaîtront mieux les bénéfices à attendre grâce à la vente de quotas.

Vous prônez donc un prix plancher ?

MG : Je pense à titre personnel que nous en avons besoin. D'autres marchés comme la Californie en ont un. Ce qui montre que c'est faisable. Il faut simplement de la volonté politique, et faire face aux inquiétudes juridiques.

Pourquoi la Commission ne parle-t-elle jamais de prix ?

MG : Selon certains juristes, fixer un prix plancher et un prix plafond revient à transformer l'ETS en une sorte de taxe. Et, en la matière, toutes les décisions doivent être prises à l'unanimité au niveau européen. Dans sa configuration actuelle, le marché du carbone est une mesure de protection de l'environnement. Sa réforme est ainsi soumise à la majorité qualifiée. Mais, même dans un système où le politique décide d'instaurer un plancher et plafond, les prix se forment toujours librement dans cette fourchette. Il ne faut pas oublier que le marché du carbone en lui-même est issu d'une décision politique.

L'Europe, a-t-elle besoin d'un objectif européen contraignant en matière d'efficacité énergétique ?

MG : Je n'en suis pas certain. L'efficacité énergétique ne peut être que difficilement mesurée et il est un peu dangereux de fixer un objectif juridiquement contraignant. Il n'est par exemple pas prouvé que la croissance du PIB entraîne automatiquement une hausse de la consommation énergétique. Mais l'efficacité énergétique est souvent mesurée par le ratio entre consommation énergétique et PIB. Un pays qui a de la croissance peut donc augmenter son efficacité énergétique, sans faire de réels efforts sur la consommation d'énergie. Ce sont les instruments et mesures mis en œuvre au niveau national qui comptent.

Le professeur Michael Grubb est directeur du programme politique énergétique et climatique au Centre pour la recherche sur l'atténuation du changement climatique à l'université de Cambridge. Il est également conseiller senior auprès du régulateur britannique des marchés du gaz et de l'électricité Ofgem.

Propos recueillis par Julian Schorpp / Contexte

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