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Microcrédit et Environnement : quel avenir ?

Du 18 au 25 octobre se tiendra la semaine de l'épargne solidaire. Si les acteurs français de la microfinance semblent aujourd'hui optimistes, la question reste d'actualité : la tempête financière va-t-elle nuire à l'essor du microcrédit ? Analyse.

Gouvernance  |    |  M. Duchesne
   
Microcrédit et Environnement : quel avenir ?
© W. Gajda
   
La financiarisation de la microfinance peut-elle également faire courir des risques systémiques insupportables aux populations en développement ? s'interrogeait Arnaud Poissonnier, le fondateur du tout nouveau site Internet babyloan.orh dédié au microcrédit solidaire, lors d'une rencontre entre professionnels organisée mercredi 15 octobre dernier à la Maison de la Chimie à Paris.
Pour le célèbre économiste Christian de Boissieu, Professeur et consultant de la Banque Mondiale et de la Commission Européenne, la crise des subprimes n'est pas terminée : La tempête va durer encore au moins un an je pense, en étant optimiste. Des banques vont annoncer des dépréciations d'actifs et les turbulences vont continuer, y compris dans les filières de banques françaises car nos marchés sont contaminés par les marchés émergents (…) Pour les crédits, les banques vont être encore plus sélectives estime cet expert. Pour lui, l'Etat joue actuellement son rôle : les banques ont besoin de liquidités ces temps-ci mais pas seulement elles. Par exemple, les marges de manoeuvre insufflées actuellement dans OSEO, pour continuer à faciliter la création de PME, vont dans le bon sens…

La place du microcrédit dans le monde

Qu'importe les mauvais oiseaux d'augure, les professionnels du secteur essaient de rester optimistes. Pour Jean-Luc Perron, le Délégué Général de la Grammen Credit Agricole Microfinance Foundation, une structure dont le budget avoisine 50 millions d'euros, la crise aura du bon : ceux qui surfent sur le microcrédit à des fins uniquement commerciales ne résisteront pas et disparaîtront car la réussite de ces projets repose sur la confiance. Le microcrédit, combien de légions ? Aujourd'hui à travers le monde, près de 30 milliards d'euros par an y sont déjà investis qui bénéficient à environ 150 millions de personnes (30.000 en France). Ces sommes sont encore dérisoires : à titre de comparaison, Jean-Luc Perron rappelle que l'aide au développement, versée chaque année par les pays en riches, représente à elle seule 300 milliards, (…), les occidentaux dépensent annuellement 300 autres milliards pour renvoyer leurs clandestins à la frontière et c'est sans parler du plan Paulson de 700 milliards de dollars !. Selon de nombreux participants, le microcrédit a donc un bel l'avenir devant lui car il ne manque pas d'atouts. C'est un placement à la fois rémunérateur, citoyen et peu risqué : plus de 95% des prêts octroyés, souvent à des femmes, sont remboursés en temps voulu !

L'efficacité du microcrédit

Les microcrédits sont-ils utiles et efficaces pour faire reculer la pauvreté ? Isabelle Guerin, économiste et chercheur à l'Institut de Recherche pour le Développement et à l'Institut Français de Pondichéry en Inde, est très perplexe : ceux qui disent vouloir transformer les pauvres en micro-entrepreneurs véhiculent un mythe, c'est un discours idéaliste ! Pour cette spécialiste des questions d'exclusion bancaire et financière, les microcrédits de 150 ou 200 euros contribuent seulement à atténuer la vulnérabilité, à financer les dépenses de santé et ils réduisent l'écart entre ressources et dépenses. Pugnace, elle ajoute qu'au Darfour, en Inde ou au Mexique ce sont des crédits sociaux, plus rarement des crédits productifs ! Parfois même, lorsqu'un emprunteur achète une vache par exemple mais qu'il ne sait pas la rentabiliser, celui-ci s'endette… Réaction immédiate de Frédéric Roussel, le co-fondateur en 1993 de l'Agence d'Aide à la Coopération Technique et au Développement (Acted) : c'est bien de se faire l'avocat du diable mais, même si le taux de réussite varie de 3 à 60% selon les régions et s'il faut aussi compter sur d'autres dispositifs et davantage d'accompagnement, le microcrédit a du bon (…) En cas de problème pour rembourser, mieux vaut que ce soit le banquier qui vous casse les pieds plutôt qu'un usurier local qui vous casse la jambe !

Quelle place accorde-t-on au microcrédit en France ?

En France aussi le microcrédit prend aussi son essor. L'Association pour le Droit à l'Initiative Economique (ADIE), qui s'adresse majoritairement aux demandeurs d'emploi, aux RMIstes, aux salariés précaires (4%) et aux travailleurs indépendants (10%) a tout juste vingt ans et dispose aujourd'hui de 380 permanences tenues par un réseau de 1.300 bénévoles. Sa croissance est soutenue : 10.000 prêts octroyés en 2007, soit + 30% par rapport à 2006. Les résultats sont satisfaisants : 65% des entreprises créées, grâce à des crédits de moins de 25.000 euros à des entreprises de moins de neuf salariés, sont toujours en activité après deux ans d'activité. Le taux de remboursement ? Axel Cavaleri, le Secrétaire Général de l'ADIE, peut bien pavoiser car le taux de remboursement est de 94%, il y a peu de risques de ce côté-là pour nous. En demandant davantage d'aide à l'État pour nos activités d'accompagnement, et moyennant diverses mesures, nous devrions être à l'équilibre en 2011.

Quid du microcrédit environnemental ?

Il y a un bémol. La part des microcrédits accordés en France à des projets environnementaux est encore très marginale. Nulle ?
La direction de Planet Finance, une institution similaire lancée il y a dix ans, aujourd'hui présidée par Jacques Attali, peine à fournir des exemples en la matière…Si la direction déclare vouloir inciter les jeunes chefs d'entreprises à investir dans le recyclage des huiles de fritures de la restauration, elle n'a pourtant pas d'exemple à fournir…Au bout du compte, une seule entreprise, effectivement née grâce à l'intermédiaire de Planet Finance, semble bien avoir vu le jour dernièrement avec ces critères verts : PrintéA. Lancée à Aulnay-sous-Bois (93) par Maroine Mergheni en 2004, alors qu'il était âgé de seulement 23 ans, cette société recycle et vend aujourd'hui des cartouches d'encre pour imprimantes. Grâce au soutien de Planet Finance, surtout technique et administratif, pour réaliser les études de marché, le business plan, le jeune chef d'entreprise déclare avoir pu décrocher 2 prêts EDEN (9.000€ x 2) et un prêt d'honneur de la mairie (9.000 €) lui permettant, avec un apport personnel de 5.000 €, d'investir au total 27.000 € dans son projet. Bilan ? En presque deux ans, Maroine Mergheni estime avoir gagné son pari puisque le capital de la société avoisine aujourd'hui 160.000 euros, preuve si besoin était que l'environnement peu aussi être un secteur clef du microcrédit.
Du côté de l'ADIE, les exemples ne sont pas nombreux non plus. On note la société Tatoum, à qui un prêt de 30.000 francs avait été accordé en 1992, et qui existe toujours. Aujourd'hui, selon son PDG Jean-François Hammerle qui commercialise des produits biologiques, la société gagne 15 à 20.000€ par mois. Un dernier exemple ? L'ADIE a également épaulé la création de la ferme pédagogique et biologique d'Anne Chauveau, en Charente à Esse. Mais la liste semble s'arrêter là.
Question : Pourquoi l'ADEME ne collabore-t-elle pas avec ces deux grandes institutions de la microfinance pour aiguiller les chômeurs et les RMIstes vers des projets d'entreprises vertes ? Réponse d'un collaborateur de l'Agence : certes, il y a peut-être là un gisement d'emplois mais l'ADEME ne peut pas être partout… Dommage.

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