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Agrocarburants : le mirage du jatropha

L'épuisement annoncé des énergies fossiles, en particulier du pétrole, mène à une recherche permanente de produits de substitution. Zoom sur le jatropha curcas, présenté par certains comme le carburant vert du futur...

Energie  |    |  S. Fabrégat
   
Agrocarburants : le mirage du jatropha
   
Plante sauvage, poussant dans les zones les plus arides, aux rendements élevés à l'hectare et produisant une huile affichant les mêmes propriétés que le diesel… Les vertus du jatropha curcas font que cette plante est régulièrement présentée comme le carburant vert de demain. Pourtant, de nombreuses expériences menées à grande échelle ont démontré que la culture de cette plante « miraculeuse » n'était pas si facile que ça. Si le jatropha curcas peut présenter une source d'énergie alternative à l'échelle locale, les nombreuses recherches visant son industrialisation ont obtenus des résultats modestes aujourd'hui. Explications avec Gilles Vaitilingom, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

De l'état sauvage à la culture intensive

Poussant à l'état sauvage à Madagascar, en Egypte, en Amérique latine, en Inde et dans plusieurs pays du Sahel, le jatropha curcas est traditionnellement utilisé comme haie vive pour protéger cultures et habitations des animaux (ses graines sont toxiques pour les humains et les animaux) ou sous forme d'huile pour la cuisson, l'éclairage ou la production de savon. Chauffée au-delà de 110°C, cette huile affiche les mêmes propriétés que le diesel. Ce qui a suscité, dès les années 80, un fort engouement pour cette plante très résistante à la sécheresse.
L'Inde et le Nicaragua, dès les années 80 - 90, ont mené des expériences pour développer une culture à grande échelle de cette plante. Les résultats s'étant montrés peu concluants, de nombreux projets ont échoué. Pourtant, aujourd'hui, avec la hausse récente du prix de pétrole et l'annonce de l'épuisement de cette ressource fossile, le jatropha curcas est revenu sur le devant de la scène, suscitant l'intérêt de nombreux groupes agro-industriels.
Il y a 3 - 4 ans, dans la recherche de nouvelles sources de carburants, le jatropha curcas est sorti des oubliettes. Il y a certes un certain intérêt dans cette plante, mais pas là où on le croit, analyse Gilles Vaitilingom. Si cette plante est très répandue dans le monde tropical, car elle pousse bien et est capable de résister à de longues sécheresses, elle est cultivée à petite échelle, pour des haies… A partir du moment où l'on veut cultiver cette plante en verger, l'entretien nécessaire à la plupart des cultures s'impose aussi pour le jatropha : arrosage, engrais, protection contre les insectes ravageurs…
Les coûts engendrés par la culture de masse du jatropha curcas n'ont pas été pris en compte au départ de nombreux projets, tant les propriétés « miraculeuses » de cette plante étaient vantées. Coûts d'entretiens élevés, rendements moins élevés ont été souvent constatés lors des recherches menées. Autre danger : le jatropha n'est pas comestible. L'agriculteur qui se lance dans cette culture doit donc être sûr de trouver un débouché à sa production. Dans les projets développés en Inde ou au Nicaragua dans les années 90, les agriculteurs, au bout de quelques années, ont fini par abandonner leurs cultures car elles ne leur procuraient pas les revenus promis. Les plus pauvres de ces paysans n'avaient même plus l'argent pour les faire arracher. Le risque est de créer une dépendance de l'agriculteur envers l'acheteur, entraînant des prix d'achat relativement bas.
Le jatropha serait donc un mirage ?

Une alternative énergétique à l'échelle locale

Les projets relancés ces dernières années autour du jatropha ont mené à ces mêmes conclusions. Pourtant, pour Gilles Vaitilingom, cette plante a un intérêt aujourd'hui, pour la production de carburants à usages locaux. A condition que la plante soit cultivée dans des zones arides, où aucune autre culture est possible, ou que la plante soit cultivée à petite échelle aux côtés d'autres cultures, pour satisfaire les besoins des agriculteurs en carburant ou pour l'électrification d'un village. Dans ces conditions là, la culture du jatropha est bénéfique, présentant un double intérêt : une production de carburant locale et la lutte contre l'érosion.
Plus question de culture à grande échelle ? Il y a une petite fenêtre qui reste ouverte. De nombreux projets de recherches ont été lancés il y a quelques années avec le retour de l'engouement pour cette plante. Ils pourraient permettre de parvenir à une sélection d'espèce plus résistante, fournissant un meilleur rendement et dont les produits secondaires (tourteaux…) seraient comestibles pour les animaux.
D'autres plantes suscitent également l'intérêt aujourd'hui : le pangomia, le balanite, le babassu ou encore le buriti. L'huile produite à partir de ces plantes étant comestible, leur culture apparaît moins risquée pour l'agriculteur qui a ainsi différents débouchés.
Mais comme c'est le cas aujourd'hui pour la production à grande échelle d'huile de palme, une culture intensive de ces plantes pourrait entrer en concurrence avec le maintien des prairies, des forêts primaires ou même de cultures vivrières. Ces nouvelles plantes gagnent de l'intérêt, mais leur potentiel doit être exploité dans des zones ou rien d'autre ne pousse.
Comme la plupart des agrocarburants, ces plantes ont intérêt à être développées à échelle locale, pour un usage local. Avec une éventuelle importation et industrialisation, ces productions perdent leur raison d'être. Il n'y a donc pas de miracle qui tienne.

Réactions10 réactions à cet article

Tout ce qui brille n'est pas de l'or.

Beaucoup d'expériences sont tentées, mais très peu réussissent. À partir de là, pourquoi ne pas exploiter au maximum les énergies renouvelables qui sont à notre disposition et facile d'utilisation.

lafden | 23 avril 2009 à 02h31 Signaler un contenu inapproprié
économie locale

Dans la course au fric, les entrepreneurs privilégient toujours les vastes étendues au nom de la sacro sainte "économie d'échelle".
On centralise tout, cela implique des mouvements de masse (du transport) et les infra-structures qui vont avec.
Alors qu'on peut très facilement faire vivre un canton en autarcie pour ce qui est de la production du "nécessaire et suffisant". Mais trop de gens estiment qu'un pseudo-confort est vital. Le "jatropha" n'est qu'un exemple parmis d'autres.
Quid de l'électricité ?
Il y a de nombreux moyens de faire de l'électricité en local (panneaux solaire, éolien...) il n'y a que pour les très gros consommateurs industriels qui ont besoin d'une forte dose d'électricité.

Babour | 23 avril 2009 à 11h32 Signaler un contenu inapproprié
Re:Tout ce qui brille n'est pas de l'or.

Mais si mais si, c'est bien de l'or ! Mais soyons raisonnables : en petite quantité

Personnellement, je trouve cet article très optimiste : le jatropha est très intéressant au niveau local, pour produire son propre carburant et un peu d'électricité via un groupe électrogène, pour lutter contre l'érosion des sols là où rien d'autre ne pousse. C'est parfait pour un usage "familial" ou pour un village.

Par contre il est vain d'en faire une culture industrielle, et heureusement !

Et ce n'est pas une solution miracle, encore une fois ! D'ailleurs il n'y en a pas ! Cessons de croire à ces illusions. La solution pour l'Homme, c'est de savoir combiner tous les atouts des éléments qui nous entourent : un habitat adapté au climat, une forte réduction de nos besoins et en complément au choix : du bois, un peu de photovoltaïque, une petite éolienne, un peu de jatropha suivant les cas pour l'énergie... Des cultures alimentaires pour les besoins locaux, et pas de mono-cultures de riz, de blé ou de coton pour exporter sur des marchés mondiaux où seuls subsistent ceux dont les revenus "agricoles" consistent en de fortes subventions étatiques ou para-étatiques (PAC), etc.

Nous ne sommes pas des robots : il ne s'agit pas de trouver une solution miracle à tout et de ne plus rien faire, mais de cultiver cet équilibre et cette harmonie.
N'est-ce pas là notre place, notre rôle, cette "intelligence" qui fait notre humanité ?

Jerem | 24 avril 2009 à 13h13 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Tout ce qui brille n'est pas de l'or.

cELA FAIT DU BIEN DE VOIR DES MESSAGES COMME CELUI LA

jean-marie | 29 avril 2009 à 16h23 Signaler un contenu inapproprié
jatropha

eh oui : pas de miracle qui tienne
surtout que pour obtenir un production d'huile economiquement interessante sur le plan industriel il faut 1100 mm d'eau

gme3209974 | 06 avril 2010 à 11h44 Signaler un contenu inapproprié
le bilan

combien d'energie dépensée piour quelle quantiité produite ?quel cout de production de ces huiles miracles

PAPY FIRMIN | 27 juillet 2010 à 12h03 Signaler un contenu inapproprié

comment et où trouver cette graine ?

pryze | 09 mars 2011 à 21h07 Signaler un contenu inapproprié

bonjour je souhaite savoir si le JATROPHA est possible a cultiver sur
pays comme Maroc

merci de votre reponse et avoir une doc avec photos

ANDALOUS | 27 avril 2011 à 11h12 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour,
Je travaille à Madagascar dans le sud ouest ou des Australiens ont fait croire aux Malgaches quele jatropha serait la culture miracle ," l'Or Vert", cette entreprise GEM (Green Energy Madagascar) à fait travaillé environ 1000 hectares avec des plantationstous les 3 mètres, les saignées recevant des graines de jatropha.
Les terrains ont été défoncés, les gens ont perdus une voir deux années et les terrains sont détruits et les pauvres malgaches sont encore plus pauvres, il n'y a jamais eut d'usine de pression, car le traitement de cette graine est pointu (Filtration 5 microns).
Il ya actuèlement un Vazaha qui avec la société Tozi 'Italienne poursuit ce mensonge dans la région de Ranoira c'est un scandale cette culture au dépend des cultures vivrières et en faisant croire aux populations que l'Or Vert va permettre au pays de se développer alors qu'il n'y a même pas une usine de pression en projet de construction.
Les Australiens eux veulent bien cultiver ce jatropha en afrique et à Madagascar mais surtout pas en Anstralie.
Bonne lecture.

mamytulear | 03 juin 2011 à 20h42 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour.
je vous remercie de savoir si le jatropha peut se cultiver au Cameroun surtout dans les régions arides!

hans | 14 octobre 2011 à 21h05 Signaler un contenu inapproprié

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