Le miscanthus, une graminée originaire d'Asie, est une plante pleine de promesses, non seulement en tant que combustible mais aussi comme biomatériau pour des applications industrielles. C'est en tous cas ce qu'ont voulu démontrer les différents partenaires de la Filière miscanthus Ile-de-France, coordonnée par l'Association Biomis G3, lors d'une rencontre qui s'est tenue le 17 juin dernier au siège de Ciments Calcia à Guerville (Yvelines).
Cette filière, soutenue par le programme de recherche Investissements d'avenir "Biomasse pour le futur", réunit depuis près de cinq ans divers partenaires : collectivités territoriales (agglomérations Deux-Rives-de-Seine, Marne et Gondoire, départements de Seine-et-Marne et des Yvelines), laboratoires de recherche à travers le projet "Biomass for the Future" (Inra, Mines ParisTech…), industriels (Ciments Calcia, Alkern, Phorestore, PSA, Faurecia, Addiplast) et des coopératives agricoles (Axéréal, Sévépi, Valfrance…).
Premières applications dans l'automobile et la construction
La Filière miscanthus a annoncé en 2013 de premiers résultats scientifiques qui doivent permettre d'ouvrir la voie à plusieurs possibilités de valorisation de la plante dans des secteurs aussi variés que la cosmétique, la mécanique, l'aéronautique, la chimie, la plasturgie, le packaging ou encore l'industrie agroalimentaire.
Deux possibles applications industrielles apparaissent toutefois plus abouties. PSA, Faurecia et Addiplast sont parvenus, en association avec des scientifiques, à concevoir de nouveaux composites polymères intégrant le miscanthus. Leur avantage ? Le gain de poids. "Ce cumul de gains engendré sur certaines pièces peut aboutir à une réduction de 15% du poids de la voiture (à peu près 200 kg), fait valoir Louis David, Expert matériaux et procédés du groupe PSA, ce qui se traduit par un allègement de la consommation énergétique et par là-même, de la pollution". Ces matériaux sont en outre susceptibles d'intéresser les nombreux autres secteurs industriels utilisant des matières plastiques.
La deuxième application concerne le secteur du bâtiment. Ciments Calcia, Alkern et Armines ont mis au point un bloc béton allégé, autoporteur, isolant thermique et acoustique, qui, selon ses promoteurs, s'inscrit parfaitement dans les critères de construction BBC. Sa résistance thermique de 0,7 contre 0,2 pour des blocs traditionnels, attestant ainsi de sa forte capacité isolante, est mise en avant.
Des engagements contractuels de longue durée nécessaires
Les partenaires soulignent toutefois la nécessité d'engagements contractuels de longue durée entre les différents acteurs de la filière afin d'assurer sa pérennité. L'élaboration de "ces matériaux et végétaux du futur soulève une attente forte au sein du monde agricole", indique Jean-Marc Dupré de la coopérative agricole Axéréal. La question d'une possible concurrence avec l'agriculture alimentaire se pose toutefois, même si Biomis G3 affirme le contraire du fait que la culture du miscanthus s'adapte facilement aux terres polluées ou délaissées.
Les industriels, de leur côté, attendent des agriculteurs la garantie d'une production constante et la sécurité des approvisionnements. "A condition de sécuriser l'approvisionnement, les groupes industriels trouvent un réel intérêt à travailler avec des circuits locaux de valorisation", précisent David Guglielmetti et Eric Stievenard, respectivement directeur marketing de Ciments Calcia et de Alkern, ajoutant ainsi l'argument du faible bilan carbone des circuits courts dans la balance.
"Le soutien des élus locaux et des pouvoirs publics en matière foncière et de rentabilité des agriculteurs est une condition du renforcement des filières végétales, comme la présence locale d'industriels-utilisateurs", résume Philippe Tautyou, président de la communauté d'agglomération Deux-Rives-de-Seine. Les différents partenaires soulignent également la nécessaire poursuite de la recherche scientifique afin d'améliorer l'espèce en fonction des différents besoins industriels et agricoles.
L'objectif de la filière ? Produire des matériaux pour l'industrie dès 2015.