Sur le plan économique, l'Alliance se base entre autres sur un rapport du World Watch Institute datant de 1991 selon lequel le traitement d'un million de tonnes de déchets par la ville de New-York impliquerait la création de 40 à 60 emplois à travers une décharge, 100 à 290 emplois pour l'incinération, 200 à 300 postes pour le compostage et 400 à 590 emplois pour le recyclage.
Plus globalement, les associations rejettent la technologie de l'incinération et ses impacts : dispersions des produits, destruction de matière qui pourrait encore être utilisée alors que les ressources s'amenuisent, efficacité énergétique faible, maintien des décharges pour l'enfouissement des REFIOM et des mâchefers, encouragement à la production de déchet pour une meilleure rentabilité…
Pour compléter, les associations rappellent que la France a le taux de valorisation matière le plus bas d'Europe (19%) et qu'elle réussit l'exploit d'avoir à la fois un taux élevé d'incinération (43%) et de mise en décharge (38%). D'après Eurostat, dans l'UE en 2003, en moyenne 33,9% des déchets municipaux ont été recyclés ou compostés, 17,3% ont été incinérés et 48,8% ont été mis en décharge. Certains pays comme les nouveaux états membres mais aussi la Grèce ou l'Italie privilégient la mise en décharge. Le taux de valorisation est compris entre 10 et 25%, et l'incinération est marginale. Dans les pays scandinaves à l'inverse, les décharges ont quasiment disparu. Le recours à l'incinération est parfois considérable comme au Danemark (63%) mais la valorisation est élevée (29%). En Belgique, la valorisation peut atteindre 70% comme en Flandre où aucun nouvel UIOM n'a été construit depuis 1994. L'alliance pour la planète milite donc pour une stabilisation de la production de déchets et le développement massif de la collecte sélective pour permettre de valoriser 80% des déchets ménagers par méthanisation, compostage, recyclage et réemploi. Concrètement l'Alliance propose la taxation des déchets proportionnellement au poids collecté, l'introduction de règles d'éco-conception des produits et équipements, l'imputation aux producteurs et distributeurs de la responsabilité totale du coût de retraitement des emballages… Elle estime que la réduction de la quantité d'ordures ménagères résiduelles ne justifiera plus le besoin de construire de nouveaux incinérateurs et permettra si possible de tous les fermer.
La France possède à l'heure actuelle plus de 130 incinérateurs qui traitent 43% du tonnage total de déchets ménagers. S'il est pour le moment utopique d'envisager leur suppression, rien ne semble être envisagé pour en limiter l'usage : plus d'une dizaine de projets de construction de nouveaux incinérateurs sont en cours dont celui de Fos-sur-mer qui rencontre une très vive opposition depuis l'annonce de sa création. Afin de donner les moyens juridiques aux associations locales de s'opposer à la construction d'un incinérateur, le WWF a d'ailleurs édité un guide juridique et contentieux avec le concours du Centre National d'Information Indépendante sur les déchets (CNIID). Même s'il ne dispense pas de l'aide d'un avocat, ce guide permet de mieux comprendre les procédures et les moyens de s'y opposer. Une initiative que les industriels du traitement des déchets risquent de ne pas apprécier.
Ces procédures judiciaires peuvent être longues, complexes et parfois peu concluantes à l'image de la situation de l'incinérateur de Lunel dans l'Hérault. Alors que le tribunal administratif de Montpellier a annulé l'autorisation d'exploitation de l'usine d'incinération ce qui devait engendrer la fermeture de l'usine, l'UIOM tourne toujours. L'étude d'impacts de l'incinérateur utilisée pour informer la préfecture et le public a été jugée insuffisante par le tribunal. Elle ne prenait pas suffisamment en compte les conditions de traitement des 30.000 à 36.000 tonnes de mâchefers générées annuellement. Confronté à une pénurie d'installation de traitement dans le département, le préfet n'a pas jugé possible la fermeture de l'installation.
Opérationnel depuis 1999, l'incinérateur de Lunel traite annuellement 120.000 tonnes de déchets ménagers et de déchets industriels banals provenant de 90 communes du nord-est montpelliérain. Début 2004 et en octobre 2005, l'usine avait déjà dû être fermée pendant quinze jours en raison d'un excès de rejets toxiques dans l'air notamment des dioxines. À cette époque, les déchets avaient été envoyés dans des installations hors du département.