Différentes actions ont donc été entreprises : en juin 2006, une communication sur le plan interministériel 2006-2009 de réduction des risques liés aux pesticides a été présenté en conseil des ministres. S'inscrivant dans le cadre du plan national santé environnement de 2004 ainsi que dans le volet agriculture de la stratégie française pour la biodiversité de novembre 2005, l'objectif de ce plan consiste à obtenir une réduction de 50 % des quantités vendues de substances actives les plus dangereuses. Diverses actions composent ce plan comme l'amélioration des procédures d'évaluation des produits et de la qualité des pulvérisateurs grâce à un contrôle périodique obligatoire et le renforcement de la gestion des risques liés à la distribution et à l'utilisation des produits phytosanitaires en assurant notamment une traçabilité des ventes. Le plan préconise également d'améliorer la connaissance et la transparence en matière d'impact sanitaire et environnemental et d'évaluer les progrès accomplis. De manière à réaliser ces deux objectifs, un observatoire des résidus de pesticides (ORP) rassemble et valorise les informations sur la présence des pesticides dans l'environnement afin de caractériser l'exposition de la population et des écosystèmes et d'améliorer l'information du public, notamment par la mise en place d'un site Internet.
La MSA, régime de protection sociale du monde agricole a de son côté lancé, depuis février 2004, un numéro vert associé au dispositif Phyt'attitude (0 800 887 887) qui permet de mieux connaître les risques liés à l'utilisation professionnelle des pesticides sur la santé de l'homme. Il offre en effet aux utilisateurs de produits phytosanitaires le moyen de signaler leurs symptômes (maux de tête, vomissements, irritations cutanées, gênes respiratoires), gratuitement et de manière anonyme. Objectif affiché de la MSA : influer directement sur les instances nationales afin de prendre les mesures qui s'imposent pour limiter la dangerosité des produits.
Dans la continuité, elle a présenté le 30 mars dernier, les résultats transmis par le biais des déclarations d'accidents du travail, des données transmises par les professionnels de santé et les observations des conseillers MSA en prévention du dispositif. Le bilan Phyt'Attitude janvier 2004 — juin 2005 est caractérisé par une augmentation des signalements (319 au total), en grande partie due au lancement du numéro vert. Il met la lumière sur les substances les plus préoccupantes, les circonstances d'intoxications courantes ou non et sur les différentes pathologies recensées. Les manifestations cutanées représentent 24 % des signalements, les troubles hépato-digestifs 20 % et les troubles neurologiques et neuro-musculaires 19 %. Près de la moitié des signalements ont nécessité une intervention médicale et 22 % une hospitalisation. La majorité des signalements a concerné les insecticides (35 %), les fongicides (27 %) et les herbicides (27 %).
Les céréales sont les cultures où les signalements d'accidents sont les plus nombreux (33 %), soit une hausse de 17 % en comparaison avec le bilan 2002-2003. La MSA relève que 7 % des intoxications sont passives, dont 80 % dues à des interventions sur culture après traitement et 20 % dues à des interventions à proximité d'un traitement en cours. Fort de ces nouveaux résultats, l'objectif pour tous est de développer des mesures de prévention mieux adaptées à l'ensemble du monde agricole, a indiqué la MSA. Elle engage de ce fait l'ensemble des acteurs à prendre conscience de la dangerosité des produits et à prendre leurs responsabilités dans la lutte engagée pour en prévenir les effets sur la santé. Les agriculteurs avec leurs représentants et organisations professionnelles doivent exiger des fabricants et des pouvoirs publics qu'ils proposent des produits et des techniques de substitution afin de ne plus utiliser de produits toxiques, estime la caisse nationale.
La MSA participe également à plusieurs études sur des pathologies sur le long terme. Selon une précédente étude (TERRE) menée en 1998 et 1999, le risque d'être atteint par la maladie de Parkinson est multiplié par 1,9 en milieu agricole et par 1,8 pour les personnes longuement exposées aux pesticides. C'est pourquoi aux côtés de l'Inserm et de l'InVS, elle a souhaité compléter cette enquête en lançant en février dernier l'étude PARTAGE (Parkinson, Travail, Agricole, Environnement) portant sur 420 cas et 840 témoins. Quatre départements sont concernés : la Charente-Maritime, la Gironde, la Haute-Vienne, et la Mayenne. Objectifs : estimer notamment la fréquence de la maladie de Parkinson en milieu agricole et la comparer aux résultats des non agricoles. Les résultats seront disponibles dans le courant 2008.
Enfin, dans le cadre de l'étude Agrican, lancée fin 2005 et visant à préciser le lien entre cancers et activités agricoles, la MSA a envoyé 570.000 questionnaires à ses affiliés dans 12 départements Haut-Rhin, Bas-Rhin, Côte d'Or, Doubs, Isère, Tarn, Gironde, Vendée, Loire-Atlantique, Manche, Calvados et Somme. Le taux de retour, aujourd'hui de 20 % (120.000 personnes), devrait atteindre les 30 % après relance, soit plus de 150.000 réponses. Les premiers résultats, qui concerneront les cancers les plus fréquents (sein, prostate) et les professions agricoles dont la fréquence d'exposition aux risques est facilement identifiable, seront disponibles en 2008-2009. Il faudra attendre 2013-2015 pour les autres cancers (cerveau, hémopathies) et pour les professions agricoles dont la fréquence d'exposition n'est pas facilement identifiable.