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Actu-Environnement

“Les travailleurs sont les premières victimes des dangers qui menacent l'environnement”

En amont du premier tour de l'élection présidentielle, Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière précise pour Actu-Environnement ses propositions en matière de mix énergétique, d'agriculture ou encore de santé environnementale.

Interview  |  Gouvernance  |    |  L. Radisson
   
“Les travailleurs sont les premières victimes des dangers qui menacent l'environnement”
Nathalie Arthaud
Candidate à la Présidentielle 2017 pour Lutte ouvrière
   

Actu-Environnement.com : Comment vous inscrivez-vous par rapport à la transition énergétique lancée par le précédent quinquennat ?

Nathalie Arthaud : Il y avait de tout dans cette loi dite de transition énergétique : réduction de la part du nucléaire, subventions pour les véhicules électriques, pour les travaux d'isolation des logements, interdiction des sacs en plastique… Outre l'interdiction des sacs plastiques, ce qui a été réalisé consiste surtout en des subventions publiques aux trusts de l'automobile et au secteur du BTP : des centaines de millions d'euros leur ont été consacrés, des sommes qui sont allées grossir la masse de leurs profits. Quant à la nature de l'électricité, nucléaire ou renouvelable, elle va surtout servir à justifier l'augmentation des tarifs d'EDF dont il est dit qu'ils vont flamber dans les prochaines années.

La "transition énergétique" conçue par les gouvernements de Hollande, comme celles promises par de nombreux candidats à l'élection présidentielle, est en fait un vaste plan de subventions destinées aux entreprises privées, un plan qui n'a pas grand chose à voir avec l'écologie.

AE : La santé est une préoccupation majeure des Français. Que prévoyez-vous en matière de santé environnementale ?

NA : Le propre du capitalisme est que tout se fait en fonction du profit que retirent les entreprises de leurs activités. Rien n'est organisé, ni concerté, ni anticipé, ni planifié à l'échelle de la société. C'est le règne de la concurrence et de l'intérêt particulier au détriment de l'intérêt général.

Les problèmes de santé environnementale (amiante, OGM, pollution des véhicules diesel…) illustrent l'urgence qu'il y a à enlever les leviers de commande de l'économie aux groupes privés. L'urgence qu'il y a à supprimer le secret industriel, pour permettre à chaque salarié de rendre publics les malversations ou les risques pour la santé publique ou l'environnement dont il a connaissance, sans risquer d'être licencié pour divulgation de secrets professionnels. L'urgence qu'il y a à organiser l'économie d'une façon rationnelle, planifiée, pour répondre aux besoins du plus grand nombre tout en préservant l'environnement et la santé de tous.

AE : Comment envisagez-vous l'évolution du modèle agricole français ?

NA : Je ne crois pas à la spécificité d'un modèle agricole "français". Je pense que, comme toutes les autres activités de la société, l'agriculture est complètement intégrée dans l'économie capitaliste. L'organisation de sa production, le cours des prix, tout est dicté par la loi du marché, un marché qui n'est plus national mais mondial. Les grands groupes de l'industrie agro-alimentaire, les chaînes de distribution et les banques imposent leur loi à la grande masse des producteurs.

Une grande partie des agriculteurs sont ainsi devenus de simples façonniers qui, souvent par contrats avec de grands groupes, se voient attribuer des semences ou des engrais pour les uns, des antibiotiques ou des aliments préparés pour les autres, et qui, sous le contrôle direct de leurs acheteurs, ont pour seule mission de livrer leur production à la qualité requise par leur donneur d'ordres.

Dans ce système, les plus gros, véritables capitalistes du monde agricole, imposent leur loi aux petits producteurs de plus en plus nombreux à être étranglés et acculés à la faillite.

Résultat le plus scandaleux de cette logique du profit, la production de biens alimentaires est de plus en plus soumise à la spéculation des marchés financiers : des milliers de paysans peuvent se retrouver brutalement ruinés alors que dans le même temps des populations entières sont condamnées à la sous-alimentation chronique, quand ce n'est pas à la famine.

L'expropriation des grands groupes capitalistes et des banques par les travailleurs sera un progrès pour la majorité de la population et pour la grande masse des petits paysans eux-mêmes. A ceux-ci, elle offrira la possibilité de vivre dignement dans une société débarrassée de l'exploitation en œuvrant par leur travail au bien-être de tous ses membres.

AE : L'arrivée du phénomène de ZAD complique l'aménagement du territoire. Comment concilier développement économique local et respect des milieux ?

NA : Il en va de l'environnement comme du chômage : tout est fait en fonction des intérêts des grands groupes capitalistes qui détiennent les manettes de l'économie. Ce sont leurs décisions d'investissement, leurs intérêts qui structurent l'organisation de la production, de l'énergie, des transports, du BTP comme, bien souvent, le développement économique local, comme on a pu le voir à Notre-Dame-des-Landes avec le trust du BTP Vinci.

Tant que l'on accepte cette mainmise sur l'économie, on peut discourir sur le respect des milieux, mais on parle pour ne rien dire. Les Etats se refusent d'imposer des mesures contraignantes aux industriels. Pour que les capitalistes acceptent de se préoccuper de l'écologie, il faut que cela leur rapporte !

Pour concilier développement économique et respect des milieux, il faut que l'économie satisfasse non le profit des actionnaires mais les besoins des populations, ce qui passe par un contrôle réel des travailleurs sur les entreprises et la levée du secret commercial, industriel et bancaire.

AE : De quelle manière entendez-vous mettre en œuvre une politique environnementale au sein de votre gouvernement ? Quel budget prévoyez-vous pour vos mesures et comment les financez-vous ?

NA : Je ne serai pas élue Présidente de la République. Et j'affirme que le prochain élu à la présidence de la République sera le nouveau général en chef de la guerre sociale que mènent les possédants au monde du travail.

Je me présente pour faire entendre le camp des travailleurs, de ceux qui n'exploitent personne et font tout tourner dans la société. Je ne me présente pas en disant : "Votez pour moi, je changerai les choses". Je dis : "En votant pour moi, faites entendre les exigences du monde du travail, affirmez que nous ne nous laisserons pas faire, quel que soit l'élu".

Ceci étant dit, en tant que communiste, je suis particulièrement préoccupée par l'avenir de l'humanité et de la planète. S'il est légitime de s'inquiéter de ce qui se passe aujourd'hui en matière d'environnement et des conséquences que cela peut avoir sur la santé de tout un chacun et sur la biodiversité, les préoccupations politiciennes des "écologistes" professionnels sont bien révélatrices de leur indifférence vis-à-vis des travailleurs, qui sont pourtant toujours les victimes en première ligne de ces dangers.

Si la pollution de l'air et de l'eau, les produits et sous-produits dangereux de l'industrie, utilisés sans contrôle, sont des menaces réelles, c'est bien la conséquence de l'irresponsabilité congénitale du capitalisme qui n'a que la course au profit comme moteur et comme morale, quitte à mettre l'avenir de l'humanité en danger.

Je ne vais donc pas faire semblant de croire qu'il suffirait de prôner telle ou telle mesure isolée pour résoudre ces problèmes. C'est le fonctionnement global de l'économie capitaliste que je condamne et son remplacement par une économie débarrassée du profit et du marché que je prône.

Réactions1 réaction à cet article

Chapeau...

dmg | 21 avril 2017 à 13h08 Signaler un contenu inapproprié

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