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Bâtiments tertiaires publics : hiérarchiser les actions de rénovation énergétique

Nicolas Regnier, dirigeant de Green Soluce, revient sur la problématique à laquelle sont confrontées les collectivités locales pour réduire la consommation énergétique de leurs bâtiments tertiaires : attention aux idées préconçues !

Publié le 07/11/2011

Le bâtiment, avec environ 30% des émissions de Gaz à Effet de Serre, figure parmi les plus gros émetteurs du territoire français. C'est le seul secteur n'ayant pas vu ses émissions diminuer depuis 20 ans. La RT 2012, le Plan Bâtiment Grenelle, les DPE : ces récentes mesures prises en la matière confirment la prise de conscience et la volonté d'agir au niveau national.

L'entrée en vigueur de la RT 2012 marque une amélioration considérable de la performance des bâtiments neufs par rapport aux précédentes règlementations thermiques. Mais du fait de la faiblesse du taux de renouvellement des bâtiments (de l'ordre de 1% par an), le patrimoine progresse lentement.En effet la majoré des surfaces bâties est constituée de bâtiments anciens, dont la démolition puis la reconstruction aux normes de la RT 2012 ne sont pas à l'ordre du jour. La lutte contre le réchauffement climatique implique donc des actions sur ce patrimoine existant.

Les collectivités : un acteur majeur

Les maisons individuelles et habitats collectifs représentent les deux tiers des surfaces bâties. Le tiers restant est occupé par des bâtiments dits « tertiaires » (dont l'usage est autre que l'habitation : groupes scolaires et sportifs, piscines, locaux administratifs et culturels, bureaux, entrepôts, établissements de santé…).Ces bâtiments, qui représentent un peu plus de 850 millions de m², appartiennent pour près de 45% au secteur public.

Or, la majorité des bâtiments tertiaires publics ont été construits dans les années 1970, à une époque où la pression démographique imposait de construire rapidement et massivement, alors qu'aucune règlementation thermique n'existait. En effet, le coût des énergies fossiles étant à cette période très bon marché comparativement aux autres énergies, il n'y avait aucune raison de chercher à diminuer la facture énergétique en concevant des bâtiments plus performants.Ainsi, il n'est pas rare de se retrouver confronté à des bâtiments entièrement en béton, sans aucune isolation, avec des menuiseries extérieures en simple vitrage, et que l'on peut qualifier de véritables « épaves thermiques » !

Outre le rôle d'exemplarité voulu dans le Grenelle, les collectivités ont donc, de par l'importance de leur patrimoine, un rôle important à jouer dans la rénovation énergétique du parc immobilier français. Ces investissements génèreront à court et moyen terme des économies conséquentes, d'autant plus appréciables dans un contexte budgétaire difficile.

Bâtiments publics : une rénovation énergétique incontournable

Les équipements techniques se dégradant, les bâtiments tertiaires dont l'entretien n'a pas toujours été optimal, deviennent de plus en plus énergivores. Par exemple, la durée de vie d'une chaudière est en moyenne de l'ordre de 30 ans lorsque celle-ci est bien entretenue. Or il est fréquent de retrouver dans des bâtiments datant de 1970 des chaufferies d'origine ! A minima, des travaux de remplacement s'imposent donc. Dans une période où le prix des énergies fossiles est à la hausse, cela devient une nécessité pour les collectivités locales d'agir afin de ne pas voir leur facture énergétique exploser dans les prochaines années.

Le contexte règlementaire pousse également les collectivités en ce sens. Le Grenelle de l'environnement leur fixe un objectif de réduction de 38% des consommations énergétique du parc immobilier d'ici 2020. Sans parler du futur décret en préparation par le Plan Bâtiment Grenelle, qui imposera une obligation de travaux pour atteindre un niveau minimum de consommation sur les bâtiments tertiaires. Enfin, la dépréciation de la valeur des bâtiments les plus énergivores sera également un élément à intégrer pour les collectivités qui réfléchissent à lancer un programme de rénovation énergétique.

Un bâtiment, une solution !

Du point de vue purement technique, l'idéal pour traiter une épave thermique serait la démolition. Mais ce moyen est inapplicable à l'ensemble du parc d'une collectivité, ne serait-ce que pour des raisons financières. Dès lors, la seule alternative est d'effectuer  des travaux ciblés et adaptés. Chaque bâtiment possède une histoire et des modes constructifs qui lui sont propres. De même, son évolution dans le temps aboutit souvent à un empilement de différents travaux désordonnés qui rendent le bâtiment final extrêmement complexe à interpréter car totalement hétéroclite, et donc d'autant plus difficile à rénover.

Les collectivités doivent donc mettre en place une méthodologie efficace d'analyse de leur parc, afin de hiérarchiser les actions à engager, tout en respectant leur enveloppe budgétaire. Le raisonnement en « entonnoir » est une piste intéressante. Il consiste en une première analyse du parc dans son ensemble, et ce dans le but de repérer à la fois les bâtiments les plus énergivores, mais également les actions simples d'économies d'énergie susceptibles d'être mutualisées et/ou dupliquées sur différents sites. Ensuite, une analyse plus poussée permettra de traiter au cas par cas les bâtiments extrêmement consommateurs.

Ces différentes études auront également pour but de déterminer les priorités de la collectivité, en fonction notamment de sa stratégie immobilière, de la volonté politique de ses élus, des besoins futurs de ses administrés, du niveau de confort à apporter aux utilisateurs des bâtiments etc. Bien menées, elles contribueront à l'établissement d'un plan pluriannuel d'investissement par la collectivité, lequel permettra, à défaut de l'atteindre, de tendre vers l'objectif fixé par le Grenelle de l'Environnement, tout en réduisant la facture énergétique globale des bâtiments.

Attention aux idées préconçues

Préalablement à tout engagement, il est préconisé au maître d'ouvrage de prendre du recul. Par exemple, et contrairement à certaines idées reçues, dans le cas d'un bâtiment ayant une surface vitrée proportionnellement faible, le changement des fenêtres par des modèles très performants n'est peut-être pas le plus pertinent. En effet, en modélisant ce type de bâtiment, on se rend compte que les déperditions thermiques provoquées par les fenêtres ne représentent que 5 à 10% du total des pertes. Par conséquent, l'impact sur les consommations de la mise en place d'un triple-vitrage, aussi coûteux et performant soit-il, ne sera que très faible ; et le retour sur investissement pourrait aller jusqu'à 80 ans.

De même, il est couramment admis qu'une ventilation double-flux en remplacement d'une ventilation simple-flux est la solution la plus efficace. Certes, elle permet des gains sur la facture de chauffage, cependant, la consommation électrique de cet équipement sera doublée, puisqu'une double-flux nécessite 2 fois plus de moteurs (non seulement pour extraire l'air, mais également pour le souffler). Le gain sur la consommation globale (chauffage + électricité) n'est donc pas forcément positif ! Tout dépend de la configuration du bâtiment, de ses équipements et surtout de son mode de fonctionnement.

De nombreux exemples de ce type pourraient être cités. C'est pourquoi les maîtres d'ouvrage doivent s'affranchir des discours « marketing » des fabricants. Pour ce faire, une étude préalable en interne, ou à défaut l'accompagnement par des prestataires externes agissant en toute neutralité, garantit aux maîtres d'ouvrage la défense de leurs intérêts.

La recherche de financements : un difficile parcours

Certificats d'économie d'énergie, fonds de l'Union Européenne, Contrats de Performance Energétique, éco-prêts… : les sources de financement existent mais sont souvent complexes à mettre en œuvre et surtout, évoluent constamment. Seule une veille continue permet d'être à la pointe de l'information sur ces domaines, ce qui demande d'y consacrer du temps et des ressources. Exercer cette activité est une tâche complémentaire pour les services techniques, déjà très sollicités, alors que cela peut éventuellement faire partie des missions d'un prestataire externe.

En misant sur ces différents mécanismes et mesures de soutien, la collectivité optimise ses investissements de rénovation énergétique dans le respect de sa politique budgétaire, et pour la plus grande satisfaction de ses administrés.

Nicolas REGNIER dirige la société GREEN SOLUCE, spécialisée dans l'accompagnement des collectivités locales et des entreprises pour la rénovation énergétique de leurs bâtiments tertiaires.

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