Dirty Laundry (1) , version 2. Greenpeace dénonce, dans ce nouveau rapport paru récemment, la présence d'éthoxylates de nonylphénol (NPE) dans des habits de quatorze grandes marques. Les analyses portent sur 78 échantillons d'articles neufs achetés dans 18 pays, notamment européens. Pourtant, l'utilisation de nonylphénol est interdite dans l'industrie textile européenne depuis 2003. Cinquante-deux présentaient des traces d'éthoxylates de nonylphénol. Or, plusieurs études scientifiques ont démontré que cette substance chimique pouvait avoir un effet nocif sur l'environnement ainsi qu'à contact répété, sur l'homme et les animaux.
Les dérivés ethoxylés du nonylphénols (NPE), en se dégradant, libèrent du nonylphénol. Théoriquement biodégradables, les nonylphénols sont toxiques, bioaccumulables et relativement persistants. Ils ne se dégradent qu'après plusieurs semaines selon la température, l'acidité, la luminosité et le milieu dans lequel ils se trouvent.
Parce qu'ils ont un effet de perturbateur endocrinien et qu'ils sont considérés comme dangereux, les nonylphénols et éthoxylates de nonylphénol font l'objet de recommandations quant à leur mises sur le marché et leurs utilisations. On les trouve dans des produits d'entretien, d'emballage ou encore dans les pesticides, et ils contaminent la chaîne alimentaire,. D'après un article du CBG Network (2) (Coordination contre les méfaits de Bayer), le centre de recherche de Jülich, en Allemagne, a trouvé des restes de nonylphénol dans une large gamme de produits alimentaires : pommes, tomates, chocolat, charcuterie, et même dans le lait maternel.
Les effets cancérigènes du produit chimique ne sont en revanche pas clairement établis par les différentes études (3) . D'ailleurs, la conclusion du rapport de Greenpeace se veut rassurante puisque l'ONG précise que "rien ne permet de penser que les niveaux de NPE mesurés (entre 1 et 27.000 mg/kg) présentent un risque direct pour les personnes qui portent ces vêtements". Un simple lavage à l'eau permettrait d'éliminer la quasi-totalité des molécules… qui se retrouvent alors dans notre eau, et rapidement dans notre assiette.
Le 13 juillet dernier, Greenpeace publiait Dirty Laundry 1 (4) : un premier rapport sur la pollution des fleuves par deux usines chinoises partenaires de la plupart des grandes marques incriminées. L'étude montre que les eaux chinoises sont les plus polluées au monde, avec 70% de ses rivières, lacs et réservoirs affectés par tous types de polluants. Environ 20% des polluants trouvés proviendraient des rejets industriels chinois. Il s'agit en majorité d'alkylphénols et de perfluorocarbures (PFC).
Après publication de ce rapport, deux marques s'étaient alors engagées à éliminer de leurs processus de fabrications toute substance chimique toxique d'ici à 2020.