Par une décision datée du 24 janvier (1) , l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a mis en demeure EDF de restaurer l'étanchéité de la capacité de rétention des réservoirs d'entreposage des effluents radioactifs de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne). Une présence anormale de tritium avait été constatée le 13 janvier dans la nappe phréatique située sous la centrale.
Rejet non maîtrisé dans l'environnement
Suite à un prélèvement effectué dans les eaux souterraines de la centrale le 4 janvier, les résultats d'analyses reçus le 13 janvier ont révélé une activité volumique en tritium de 540 Bq/l, contre un niveau habituel inférieur à 8 Bq/l.
De quoi inquiéter l'ASN qui a diligenté une inspection le 17 janvier. Verdict (2) : le revêtement de la capacité de rétention des réservoirs d'effluents "était dégradé en de nombreux endroits et n'assurait plus sa fonction d'étanchéité". Il présentait des défauts "de type fissure, faiënçage, écaillement et cloquage".
Du fait d'une fuite sur un circuit relié à un réservoir contenant des effluents radioactifs, "de l'eau contenant du tritium s'est accumulée dans cette capacité de rétention non étanche, ce qui a conduit à un rejet non maîtrisé de tritium dans l'environnement", explique l'ASN.
Restaurer l'étanchéité de la capacité de rétention sous 10 jours
Suite à ces constats, l'ASN met en demeure EDF de restaurer l'étanchéité de la capacité de rétention défectueuse sous 10 jours, soit avant le 3 février, et de procéder à la réparation pérenne de cet ouvrage avant le 31 août 2012. L'Autorité indique qu'elle contrôlera la bonne exécution de cette décision de mise en demeure.
EDF, de son côté, a indiqué que "des travaux pour stopper tout écoulement" ont été lancés, avant de commencer les travaux de réparation proprement dits. L'ASN confirme que " des pompages visant à assurer l'absence d'eau dans cette capacité de rétention et la réparation de la fuite du circuit KER sont en cours". Par ailleurs, "des analyses quotidiennes sont menées au niveau des piézomètres situés à proximité de cette rétention", indique l'Autorité.
Attention insuffisante à l'égard des risques de contamination
Cet événement "n'a pas eu d'impact significatif sur l'environnement et la population riveraine", rassure l'ASN, dont le constat est loin d'être partagé par les élus locaux EELV (3) du Conseil régional de Poitou-Charentes. Selon ces derniers, "la nappe phréatique étant située sous la centrale, à proximité de la Vienne, il est fort improbable que, comme le prétend EDF, l'environnement soit indemne ! Nous sommes particulièrement inquiets pour la qualité des eaux de la Vienne qui alimentent la ville de Châtellerault en eau potable".
Quoi qu'il en soit, "en raison de la défaillance de plusieurs barrières (circuits, capacités de rétentions) destinées à protéger l'environnement de la radioactivité", l'incident a été classé au niveau 1 de l'échelle des événements nucléaires INES, qui compte sept niveaux.
Mais surtout, comme le souligne le gendarme du nucléaire, il révèle chez l'exploitant de la centrale "une attention insuffisante à l'égard des risques de contamination par le tritium, notamment s'agissant de l'état de la capacité de rétention et des programme de surveillance du génie civil".