Si 90 % des déchets radioactifs perdent au moins la moitié de leur radioactivité tous les 30 ans, ceux-ci ne concentrent que 0,1 % de la radioactivité. Le gros du problème provient des 10 % restants, les déchets à vie longue (plusieurs milliers d'années), qui concentrent 99,9 % de la radioactivité. Ceux-ci proviennent du combustible nucléaire usé mais aussi des déchets métalliques.
En France, au 31 décembre 2004, les déchets nucléaires, toute provenance confondue, représentaient 1.033.000 m3 environ (volume équivalent conditionné), dont 69 %, soit un volume de 711.700 m3 environ, étaient stockés définitivement. 90% de la radioactivité liée aux déchets français est localisée sur les deux sites de la Hague (AREVA) et Marcoule (CEA), principaux producteurs de déchets radioactifs de haute activité et de moyenne activité à vie longue, selon l'agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA).
La question de la gestion à long terme des déchets radioactifs à vie longue a été posée en 1991 lors d'un débat initié par la loi Bataille. Quinze en plus tard, les recherches et réflexions auraient dues aboutir au vote d'une loi fixant les termes d'une stratégie globale de gestion des déchets issus du nucléaire.
À défaut de réponse scientifique claire, la loi du 28 juin 2006 a prolongé les travaux de recherches et mis en place par un plan national de gestion des matières et déchets radioactifs. Le texte tend vers une gestion durable des déchets et prévoit la création de deux nouveaux centres de stockage d'ici 2019 et 2025. L'ANDRA, chargée de la gestion des déchets radioactifs français, a mis en place des procédures de contrôle et de sûreté intervenant pendant toute la chaîne de gestion du déchet, du confinement au stockage.
Limiter la production de déchet
Mais le meilleur déchet reste celui que l'on ne produit pas… Si le slogan vaut pour les déchets ménagers, il s'applique également aux déchets radioactifs. En travaillant sur les procédés et l'organisation, il est possible de réduire considérablement la quantité de déchets produits. EDF, par exemple, est parvenu à diviser par 3 entre 1985 et 2006, le volume de ses déchets nucléaires, à production électrique équivalente. Rappelons toutefois qu'il s'agit bien de volume et non pas de quantité ! En utilisant des presses de compactage plus performantes, le groupe a en effet réduit le volume de ses déchets. Mais pas seulement… En améliorant l'efficacité énergétique du combustible, l'entreprise a réduit de 25 % la quantité de combustible utilisée chaque année. Un travail en amont a été également réalisé : les produits entrant à zone contrôlée sont désormais réduits aux seuls produits nécessaires (outils mais pas emballages…), afin de réduire la quantité à la source. Enfin, le tri des déchets a été amélioré afin de favoriser la réutilisation et le recyclage des déchets. Certains déchets vont aussi être fondus ou incinérés au lieu d'être stockés. Le reste des déchets produits va être conditionné, isolé selon des normes strictes avant d'être entreposés dans des centres de stockage.
Poursuivre la recherche
Pour autant, la question des déchets radioactifs n'est pas réglée. Alors que l'industrie nucléaire poursuit son développement, de nombreuses personnes s'émeuvent du cadeau empoisonné laissé aux générations futures et s'opposent à l'installation de centres de stockage dans leur région. Les travaux de recherche s'intensifient afin de trouver des solutions de stockage et d'élimination toujours plus sûres. L'école des mines de Nantes vient par exemple d'annoncer la création d'une chaire consacrée à la gestion des déchets nucléaires, en partenariat avec les principaux acteurs de la filière (ANDRA, EDF, AREVA).
Les déchets nucléaires ont un cycle de vie extrêmement long - au-delà de plusieurs milliers d'années - nécessitant des opérations de traitement, d'entreposage puis de stockage d'une totale sûreté. L'existence de méthodes à la fois satisfaisantes sur le plan scientifique et socialement acceptables est l'un des défis majeurs que doit relever tout pays qui possède ou veut posséder une filière électronucléaire, explique l'école dans un communiqué.
La chaire industrielle poursuit un double objectif : élargir l'offre de formation de l'école des mines de Nantes dans le domaine des déchets nucléaires mais aussi intensifier les efforts de recherche sur la physique et la chimie nucléaire au travers de son laboratoire Subatech.