Ségolène Royal (PS) et Nicolas Sarkozy (UMP) ont tous deux fait une erreur sur la part du nucléaire dans la consommation d'électricité en France. Nous avons la moitié (50%) de notre électricité qui est d'origine nucléaire, a déclaré Nicolas Sarkozy en répondant à la question de Ségolène Royal qui a alors répondu : non, 17% seulement. En réalité, le chiffre est de l'ordre de 80%. 80% des kWh produits par les centrales électriques françaises sont issus de centrales nucléaires, indique Jean-Marc Jancovici, expert climatique indépendant, qui a souhaité faire un point sur le sujet. Si le chiffre de 17% avancé par Ségolène Royal correspond à la part du nucléaire dans toute l'énergie consommée en France (énergie finale), le chiffre de 50% présenté par Nicolas Sarkozy ne correspond à rien de particulier sur ce domaine.
Autre polémique : l'EPR, technologie de réacteur à eau pressurisée, dont le décret autorisant sa construction a été publié au JO le 11 avril dernier, est un réacteur de 3eme génération et non de 4eme génération comme Nicolas Sarkozy l'a prétendu! Les réacteurs de 4eme génération font en effet appel à une technologie différente. Six projets distincts sont regroupés sous ce nom. Trois de ces projets font appel à la surgénération, soit par la filière uranium-plutonium, soit par la filière thorium-uranium, tandis que trois autres ne sont pas surgénérateurs mais emploient de nouvelles techniques (refroidissement à l'hélium, à l'eau supercritique sous très haute pression, cogénération d'hydrogène...).
Même si elle estime que la France ne pourra pas se passer du nucléaire, Ségolène Royal souhaite accroître la part des EnR et que se tienne un nouveau débat sur le projet, notamment pour réfléchir à l'opportunité de passer directement à la quatrième génération de réacteurs. Nicolas Sarkozy a fait valoir quant à lui, que les autres alternatives ne pourront pas remplacer le nucléaire et se déclare donc favorable au projet.
Enfin, concernant les réserves accessibles d'uranium 235, les deux candidats ont annoncé des chiffres très différents. D'une trentaine d'années estimées par Ségolène Royal, on atteint 250 ans selon Nicolas Sarkozy. Si les deux chiffres sont justifiés et issus de la même étude de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), ils sont le résultat de la prise en compte de paramètres différents.
En effet, selon l'AIEA et la World Nuclear Association (WNA)* les réserves d'uranium sont estimées à plus de 2 millions de tonnes pour un coût de production inférieur à 40$ par kg d'uranium, correspondant à 30 ans de fonctionnement des réacteurs actuels. C'est le chiffre avancé par Ségolène Royal. Toutefois, si l'on considère un coût de production jusqu'à 80$ par kg, le montant des réserves peut être doublé, soit plus de 60 ans de consommation du parc actuel.
S'il est par ailleurs difficile d'évaluer les ressources ultimes en uranium, la prospection ne faisant pas aujourd'hui l'objet d'un effort important en raison des stocks disponibles, l'addition de toutes les ressources minières répertoriées aujourd'hui dépasse un total de 17 millions de tonnes soit environ 300 ans de consommation actuelle à des conditions d'accès toutefois très différentes. C'est sur cette donnée que semble s'être basé Nicolas Sarkozy.
* Source :OCDE - AEN = Agence pour l'Energie Nucléaire de l'OCDE