Mardi 21 juin 2011, les ministres de l'environnement européens réunis dans le cadre d'un Conseil environnement ont débattu de la feuille de route 2050 pour une économie européenne bas carbone présentée par la Commission européenne le 8 mars 2011.
Validation par 26 des 27 Etats membres
Le compte-rendu final de la présidence hongroise du Conseil indique que les conclusions relatives à la feuille de route ont été acceptées par 26 Etats membres, sans citer le pays qui s'est opposé à l'adoption des conclusions.
Ces conclusions (1) reprennent l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95 % en 2050 par rapport à 1990, initialement validé par le Conseil en octobre 2009, et reconnaît l'importance de mettre en œuvre une économie bas carbone favorisant le développement durable et l'innovation, améliorant la sécurité énergétique, créatrice d'emplois et accroissant la compétitivité.
Par ailleurs, le Conseil "reconnaît" que les objectifs de réduction fixés dans le document de la Commission, à s'avoir -40% par rapport à 1990 en 2030, -60% en 2040 et -80% en 2050, constituent "la base du travail à venir" afin de mettre en œuvre la stratégie bas carbone de l'Union européenne.
L'objectif 2020, source de clivage
Le Conseil "prend note" qu'une réduction de 25% pour 2020 est "en accord avec le cheminement vers les objectifs climatiques de long terme."
En mars, la présentation du document de la Commission faisait apparaître des modifications sensibles par rapport au projet qui avait "fuité" mi-février, illustrant ainsi les rapports de force au sein de la Commission européenne entre les responsables en charge du climat et ceux de l'énergie voire de l'agriculture. En l'occurrence, le projet stipulait que l'atteinte de l'objectif 2050 "nécessite une réduction de 25% des émissions domestiques d'ici 2020", alors que le texte final précise simplement que si l'UE poursuit ces politiques actuelles (20% d'énergie renouvelables et 20% d'efficacité énergétique d'ici 2020) elle pourra dépasser l'objectif de -20% de GES en 2020 et atteindre une réduction de -25%.
Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour connaitre le nom du pays qui s'est opposé aux conclusions du Conseil : à l'issue de la rencontre, la Pologne a indiqué être fermement opposée à tout engagement au-delà de la réduction de 20% approuvée en 2008, rapporte l'AFP.
Aucune avancée attendue avant 2012
Cette prise de position intervient alors que Varsovie prendra la présidence de l'Union au 1er juillet 2011 et présidera à ce titre la délégation européenne qui se rendra à Durban (Afrique du Sud) pour la prochaine conférence des parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
L'opposition du gouvernement polonais, risque de fait de geler toute discussion autour de la réévaluation de l'objectif européen pour 2020. "Tout est gelé. Ce refus signifie qu'aucune action ne pourra être adoptée pendant six mois", a commenté un diplomate européen.
De l'aveu même de Connie Hedegaard, la commissaire européenne en charge du Climat, les discussions sur la feuille de route communautaire pour 2050 reprendront au premier semestre 2012 lorsque le Danemark assurera la présidence de l'Union. Elle a par ailleurs qualifié de "décevante" cette prise de position et a souligné que "la grande majorité des Etats de l'UE ont accepté la feuille de route."
Reste que même isolée, la Pologne, grande productrice de charbon, est déterminée comme le souligne la mise en scène de l'annonce du gouvernement polonais. En effet, l'AFP explique que la plupart des ministres de l'environnement avaient déjà quitté Luxembourg lorsque le Premier ministre polonais en personne a signifié son opposition à la révision des objectifs européens.