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Importations de panneaux solaires chinois : l'UE ouvre une enquête antidumping

Suite à la plainte d'équipementiers solaires européens, Bruxelles a lancé une enquête sur les pratiques commerciales des fabricants chinois de panneaux. Après les USA, l'UE pourrait prendre des mesures de rétorsion d'ici décembre 2013.

Energie  |    |  R. Boughriet

La Commission européenne a ouvert ce jeudi 6 septembre une enquête antidumping sur les importations de panneaux solaires et leurs composants essentiels (les piles et wafers solaires) originaires de Chine, a-t-elle annoncé dans un communiqué. Cette décision a été prise à la suite d'une plainte déposée le 25 juillet dernier par le groupement d'entreprises européennes solaires EU ProSun, faisant valoir que "les panneaux solaires et leurs composants essentiels originaires de Chine entraient sur le marché européen à un prix inférieur à la valeur du marché", explique la Commission.

EU ProSun reproche aux sociétés chinoises "de vendre des panneaux solaires en Europe bien en dessous de production, avec une marge de dumping de 60% à 80%". La Chine "s'est ainsi octroyée plus de 80% du marché européen", rappelle Milan Nitzschke, président d'EU ProSun qui "s'est félicité" de l'ouverture de l'enquête. "Cela implique", selon lui, "que les entreprises chinoises du secteur solaire font d'énormes pertes, mais pour autant, elles ne font pas faillite car leurs pertes sont compensées par l'Etat chinois. Une vingtaine de fabricants majeurs européens a de ce fait déjà été contrainte de cesser son activité rien qu'en 2012. Si la Chine détruit ainsi l'industrie solaire européenne, où les coûts du travail représentent pourtant moins de 10% du coût de la production, alors ce sont tous les secteurs manufacturiers de pointe et leurs emplois qui sont aujourd'hui menacés", estime-t-il.

"La plus importante plainte antidumping"

En 2011, la Chine a exporté des panneaux solaires et leurs composants essentiels d'une valeur de 21 milliards d'euros vers l'UE, souligne la Commission. "Sur le plan de la valeur des importations en cause, il s'agit de la plus importante plainte antidumping que la Commission européenne a reçue à ce jour", a indiqué Bruxelles. Le plaignant "a apporté suffisamment d'éléments montrant que les prix feraient l'objet, sur le marché de l'UE, d'un dumping de la part des producteurs-exportateurs, que l'industrie de l'Union subirait un préjudice et qu'il existerait un lien de causalité entre les importations faisant l'objet d'un dumping et le préjudice subi par l'industrie de l'Union". Par conséquent, la Commission a jugé ''qu'il existait des éléments de preuve suffisants à première vue pour justifier l'ouverture d'une enquête'', a-t-elle expliqué.

Bruxelles va désormais faire parvenir un questionnaire aux parties concernées (fabricants chinois, fabricants européens et associations du secteur) pour faire un état des lieux et constater d'éventuelles mesures de dumping. Sur la base des informations recueillies, la Commission établira s'il y a eu dumping et si le préjudice prétendument subi a été causé par les importations faisant l'objet d'un dumping. "Il s'agira également d'analyser d'autres facteurs éventuellement susceptibles d'avoir contribué au préjudice subi", indique-t-elle.

La Commission publiera ses conclusions provisoires de l'enquête dans neuf mois soit juin 2013. Une décision définitive pourrait être prise d'ici le 5 décembre 2013. En cas de dumping constaté, la Commission pourrait alors imposer des mesures restrictives pour une durée de cinq ans aux fabricants chinois.

Le plaignant EU ProSun a de nouveau demandé à la Commission Européenne "d'imposer des taxes anti-dumping, afin de restaurer une concurrence et des règles du jeu équitables avec la Chine, le plus rapidement possible". Et ce, à l'instar des Etats-Unis qui ont instauré en mai de fortes taxes sur les importations de produits solaires chinois.

Fin du libre-échange ?

De son côté, le ministère chinois du Commerce a déclaré "regretter vivement" l'ouverture de l'enquête antidumping par la Commission européenne ''en dépit d'appels répétés de la Chine pour résoudre le différend sur les produits photovoltaïques par la consultation et la coopération'', selon l'AFP.

La société spécialisée dans le solaire Canadian Solar, dont les sites de production sont basés au Canada et en Chine, a pour sa part estimé que la plainte pour dumping déposée par les fabricants européens "ne repose sur aucune justification. Canadian Solar coopérera sans réserve avec la Commission européenne pour démontrer que l'instauration de droits de douanes punitifs est dénuée de tout fondement", a annoncé le groupe qui invite Bruxelles "à soutenir le libre-échange". "La majorité des industriels de la filière sortiraient perdants d'une initiative menée par quelques représentants du secteur au bénéfice de leurs seuls intérêts individuels", a prévenu Gregory E. Spanoudakis, président des activités européennes de Canadian Solar, alors qu'environ 65 % de tous les panneaux solaires sont fabriqués en Chine, le premier producteur mondial. Les fabricants chinois soulignent avoir importé de leur côté d'Europe pour 7,5 milliards de dollars d'équipements photovoltaïques et de matières premières l'an dernier.

Réactions12 réactions à cet article

Quand on veut protéger son industrie intérieure, il suffit de subventionner ses améliorations durables et ses comportements responsables grâce à la taxation des produits des concurrents étrangers qui exportent chez nous pour bien moins cher à cause d'une importante différence de valeur de la monnaie, de coût du travail et de la vie locale. Ce n'est peut-être pas ce que veullent l'OMC-FMI-banque mondiale, les multinationales et les grosses banques d'investissement et de trading mais je ne voit vraiment pas ce qu'il y a de choquant là-dedans. Qu'est-ce qui est le plus important : de ne pas froisser la "main invisible du marché" ou de protéger son économie dans un développement durable et responsable ? Cette question vaut pour tout ce qui est exportable mais comme d'habitude, les pompiers de l'économie attendent que ça brûle bien avant de faire quelque chose de concret. L'import-export est très important pour toute société afin de s'enrichir culturellement, se développer intellectuellement, vivre mieux, etc. et ne pas s'enclaver mais cet import-export doit être raisonné, cohérent et réellement utile au regard de l'intérêt général (chez soit comme à l'étranger : la question sera peut-être bientôt surtout : comment la Chine va-t'elle gérer le rééquilibrage ? ... s'il a lieu, ce qui est fort probable (mais dans quelle mesure ?) --> peut-être grâce à un marché intérieur et proche-asiatique + spécialisation technologique dans certains domaines pour export international).

Lionel | 07 septembre 2012 à 11h35 Signaler un contenu inapproprié

Il n'y a, hélas, pas que les panneaux solaire qui sont subventionnés !
C'est toute la production chinoise par le fait que la monnaie est sous-évaluée.

ANKOU | 08 septembre 2012 à 08h05 Signaler un contenu inapproprié

Il n'y a pas que des chinois qui fabriquent en chine, il y a de bons français (des toulousains ) à Zhejiang qui ont une très belle part du marché qui ont même leur cabinet financier au Luxembourg .il ne faut pas toujours attendre que tout tombe tout cuit et que le gouvernement vous vienne en aide toute les trois minutes .Demandez donc ou EDF énergie achète ses panneaux ?

la hyre | 09 septembre 2012 à 17h32 Signaler un contenu inapproprié

@Ankou, chaque pays ou union monétaire peut faire un peu ce qu'il veut avec sa monnaie en contrôlant la taille de la masse monétaire en circulation (dévaluation par la planche à billet ou non). Mais on ne peut se contenter de trouver ça dommage, il est trés possible pour l'Europe, et @lahyre, le gouvernement de réglementer sur un secteur d'activité en particulier, ou tous en général ... en subventionnant par ci en taxant par là, on peut fortement influencer le marché et le laisser se modifier tout seul en fonction de la contrainte raisonnable ou de la subvention (sous condition) qu'on lui aura proposé.

Lionel | 10 septembre 2012 à 13h54 Signaler un contenu inapproprié

Je pensais que mon commentaire était assez clair en se sens, comme quoi, trop de précisions ne nuis pas, en voici un bel exemple de par votre commentaire !
Je n'attends RIEN du gouvernement (que ce soit celui-ci ou le précédent) ! Je subis et essaie de passer entre les taxes !

ANKOU | 11 septembre 2012 à 10h23 Signaler un contenu inapproprié

L'individualisme peut apporter une grande forme de liberté mais limite beaucoup la mise en commun (qui est le fondement de toutes communauté) et l'individualiste est inexorablement sensé recevoir beaucoup moins voire rien de la communauté/société dans la quelle il vit. Je trouve ça un peu triste mais ça peut très bien se défendre : les ermites étaient plus nombreux dans les siècles passés... mais quel rapport avec le thème se l'article ?

Lionel | 11 septembre 2012 à 11h50 Signaler un contenu inapproprié

Exemple-même du communisme où il n'y a de patron que l'Etat !! Attention: le socialisme en est le fils !! Tout appartient à l'Etat et celui-ci vend à perte mais fait payer ses déficits par le peuple... comme François M. depuis mai 1981 puis François H. depuis mai 2012... Triste sort qui attend les français...

Max84300 | 11 septembre 2012 à 16h04 Signaler un contenu inapproprié

@Max84300 : De quoi tu parles ??? Réglementer un marché n'a rien à voir avec nationaliser de force 100% d'un marché ; ou alors ta remarque n'a rien à voir ? Quel est son but ? Que proposes-tu ? Qu'essais-tu de dire ?...

Lionel | 11 septembre 2012 à 16h23 Signaler un contenu inapproprié

@ Lionel: ""Cela implique", selon lui, "que les entreprises chinoises du secteur solaire font d'énormes pertes, mais pour autant, elles ne font pas faillite car leurs pertes sont compensées par l'Etat chinois. " Je pense qu'hélas cette phrase est bien explicite ...En France, la vente à perte est interdite car non compensable par des impôts nationaux (sauf entreprises où l'Etat est actionnaire!)

Max84300 | 11 septembre 2012 à 16h39 Signaler un contenu inapproprié

En effet c'est plus explicite merci à toi. Personnellement, je penses qu'une fois la maîtrise technique acquise et les process bien réglés, c'est surtout le coût du travail qui crée cette différence de prix mais elle est peut-être renforcée de manière importante par le soutien (malgré un résultat négatif) des entreprises chinoises par le gouvernement chinois (économiquement, il serait plus pertinent que celui-ci se positionne en gros actionnaire afin d’investir puissamment et optimiser au maximum l'économie d'échelle tout en ayant le retour sur investissement plutôt que comme subventionneur en ayant comme retour sur investissement que l'augmentation d'impôts versés sur le CA ou le résultat). Quoi qu'il en soit en Chine ou ailleurs dans le monde, le contrôle partiel (l'influence économique réglementée) que pourrait effectuer l'Europe à ses frontières solutionnerait de facto le problème mais risquerait même de trop impacter les villes fabriquant du solaire PV en Chine (donc problème diplomatique).

Lionel | 12 septembre 2012 à 10h40 Signaler un contenu inapproprié

Il existe en France plusieurs sites contenant les terres rares qui entrent dans la composition des panneaux solaires et appareils informatiques.Pour créer et exploiter ces mines il faut un délais de 5 ans.Alors il est temps de s'y mettre .Le choix est simple : Soit nous continuons à dépendre des chinois,avec les conséquences que nous connaissons,soit nous fabriquons nos panneaux,même avec un coup supérieur,qui pourrait être diminué par des aides ou subventions d’État , comme font les chinois,les américains ,les russes etc...
Voulons nous notre indépendance énergétique dans le renouvelable ou des chômeurs ? Y a t-il une volonté de ne pas faire?

brusto | 12 septembre 2012 à 23h58 Signaler un contenu inapproprié

@Brusto : bien d'accord et ça vaut pour la plupart des composants et appareils électroniques (d'autant plus que les impacts environnementaux seront probablement moindre pour l'exploitation minière en France car mieux encadré réglementairement) mais je pense que le manque de volonté vient surtout de la frilosité d'investissement de l'état et du manque de volonté de réellement changer la donne du positionnement économique actuel des entreprises puissantes dans l'électronique actuellement (qui, comme d'autres grands secteurs d'activités ont adopté de plus en plus depuis le début des années 2000 le positionnement suivant : [on est des super designer et marqueteurs hyper rentables et bien côtés en bourse car on tiens tous les brevets mais on achète tout pas cher à des sous-traitants qu'on contrôle strictement à l'étranger]) : Le "do it yourself" (à l'échelle d'un particulier qui répare lui-même sa machine à laver qui n'a duré que 3 ans comme à l'échelle de l'état qui investie massivement pour l'industrie de fabrication et mise en place de matos pour énergies renouvelables et électronique sur son sol, pour lui-même, même si ce n'est pas compétitif à l'étranger) n'est ni leur intérêt, ni leur stratégie. Voila pourquoi à mon avis.

Lionel | 13 septembre 2012 à 10h57 Signaler un contenu inapproprié

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