C'est dans ce contexte que le programme de recherche sur la qualité de l'air local Primequal intégré au programme de recherche sur les transports (PREDIT) s'est penché sur les moyens de réduire la pollution à l'ozone en France à l'horizon 2010. En se basant sur des données environnementales de plusieurs années et notamment 2003, année particulièrement marquée par la pollution à l'ozone du fait de la canicule, les scientifiques* ont mis au point des modèles climatiques. Plusieurs scénarios de réduction d'émissions des précurseurs de l'ozone plus ou moins ambitieux ont été testés sur ces modèles et appliqués à la région PACA afin d'en prévoir les conséquences sur les pics de pollution à l'ozone. Il s'avère que si aucune disposition particulière n'est prise, autrement dit si l'on continue sur la tendance actuelle, il faut s'attendre à une hausse des émissions totales entre 2003 et 2010 de 14% pour les NOx et d'environ 10% pour les COV. Les concentrations d'ozone augmenteront en parallèle.
En revanche, le scénario correspondant à la mise en œuvre des réglementations prévues à l'heure actuelle au niveau national induit des diminutions d'émissions grâce à la mise en oeuvre des directives relatives aux émissions des échappements des véhicules, aux nouvelles technologies « moteur propres » et à la prise en compte des textes réglementaires sur l'utilisation des solvants. Les concentrations en ozone présenteraient une baisse significative et le nombre de fois où le seuil d'alerte est atteint pourrait être divisé par deux.
Le scénario correspondant au respect des objectifs de réduction de la directive européenne NEC est encore plus efficace et aboutit à des réductions d'émissions conséquentes pour tous les composés. L'impact sur les pics d'ozone est d'autant plus marqué.
Si on y ajoute des mesures locales à travers les plans de protection de l'atmosphère, la simulation aboutit à une réduction encore plus drastique des émissions. Certains plans prévoient en effet une réduction de 40% des émissions de NOx et COV entre 2001 et 2010 pour une liste d'industries ciblées, réduction beaucoup plus sévère qu'à l'échelle nationale. Selon les simulations effectuées, la réduction simultanée des deux polluants induit les plus fortes diminutions du nombre de pics d'ozone ce qui démontre la nécessité de mener des actions sur les deux polluants précurseurs à la fois.
L'impact de différentes mesures restrictives a d'ailleurs été testé. Il apparaît nécessaire d'agir en synergie sur le trafic et les grandes sources industrielles. C'est en effet la combinaison des deux scénarios qui permet de diminuer le plus efficacement les dépassements, en divisant de moitié la fréquence de dépassement du seuil d'alerte. Cependant, les mesures en vigueur sur le trafic routier comme la réduction de la vitesse de 10km/h ne présentent aucun impact significatif sur les émissions (-2% seulement), et a fortiori sur les concentrations d'ozone. La circulation alternée peut avoir des impacts positifs sur l'ozone si elle est appliquée à grande échelle. Le scénario de restriction des activités industrielles montre, quant à lui, un effet plus important. Au regard de ces résultats, les scientifiques sont convaincus qu'il est indispensable de durcir la réglementation actuelle mais également d'abaisser les seuils de déclenchement pour obtenir un effet significatif sur l'ozone et de sensibiliser les partenaires locaux sur le besoin d'une action volontariste de réduction des émissions. Dans le cas contraire, les objectifs d'émissions fixés pour 2010 risquent de ne pas être atteints.
* Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques de Créteil, Laboratoire de Physico-Chimie de l'Atmosphère de Strasbourg, Laboratoire de Météorologie Physique de l'Université Blaise Pascal d'Aubières, Laboratoire des sciences du climat et de l'Environnemnent de Gif-sur-Yvette.