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Paris change d'approche sur la gestion des eaux pluviales

Désimperméabiliser Paris, c'est tout l'enjeu du plan Pluie voté à l'unanimité au Conseil municipal de la capitale le 22 mars 2018.

Eau  |    |  A. Canto
Environnement & Technique N°380
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°380
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Urbanisation rime avec imperméabilisation. A Paris, 65% des sols sont étanches à l'eau – et même 70% si l'on exclut les bois de Boulogne et de Vincennes. Les eaux pluviales rejoignent donc majoritairement le réseau unitaire puis les stations de traitement des eaux usées. Or, quand le réseau est saturé, il se déverse dans la Seine. Ainsi, en 2013, 2,3 millions de mètres cubes ont été rejetés au fleuve, dont 1,9 million de mètres cube d'eaux pluviales. Des travaux ont déjà été menés dans les années 2000 pour stocker et traiter les eaux pluviales, réduisant les rejets par temps de pluie de 85%.

Or, Paris continue à s'imperméabiliser. La capitale compte encore un potentiel de 900 hectares à aménager – la surface totale de la ville est de 10.500 hectares, et la surface drainée est d'environ 8.000 hectares. De quoi faire grimper le taux d'imperméabilisation de la ville à 80% dans 20 ans, et 90% dans 50 ans, si rien n'est fait. Dans ce scénario "tendanciel", les rejets à la Seine augmenteraient de 56% dans 20 ans et de 109% dans 50 ans.

"Si nous ne faisons rien d'ici 20 ans, en raison de l'urbanisation croissante, les rejets passeront à 4,5 millions de mètres cube et le réseau débordera dans de nombreux endroits complémentaires lors des fortes pluies"', indique Anne Hidalgo dans le projet de délibération du plan Pluie. Ce dernier a été adopté - à l'unanimité - le jeudi 22 mars 2018 au Conseil de Paris, en même temps que le plan Biodiversité et le plan Climat. "C'est le résultat de six ans de travail pour mettre au point un plan pluie à la fois ambitieux et réaliste", explique Mao Peninou, adjoint à la maire de Paris, notamment en charge de l'assainissement.

Réduire les rejets à la Seine de 33%

Le plan est composé d'un zonage pluvial, d'un règlement et d'un guide technique d'application. Le zonage est basé sur 348 bassins versants pour lesquels ont été étudiées des pluies allant d'un mois à un an, jusqu'à des pluies d'orages de dix et vingt ans. Il est construit en référence à des pluies d'une occurrence bi-annuelle (16 mm en 24 heures), sachant que les pluies en dessous de 12 mm représentent plus de 80% des cas.

Il en résulte six zones correspondant au volume d'eau à abattre : jusqu'à 16 mm de pluie (correspondant à l'absorption de 100% de la pluie) dans les bois de Vincennes et de Boulogne, de 12 mm (80% d'absorption), 8 mm (55%), 4 mm (30%) dans Paris intra-muros. Ce zonage tient notamment compte des caractéristiques du réseau d'assainissement et de la composition du sous-sol en gypse. Un abattement réduit est prévu au nord et à l'est de Paris, selon les recommandations de l'Inspection générale des carrières.

"Ce zonage est désormais opposable aux tiers. Il constitue une annexe du plan local d'urbanisme (PLU) et s'appliquera ainsi à tout projet de construction, de restructuration et d'aménagement ou de réaménagement d'un espace public", précise Mao Peninou. Concrètement, les maîtres d'ouvrages devront demander une autorisation de rejet des eaux pluviales dans le réseau d'assainissement, soit lors de l'élaboration du projet, et au plus tard lors du dépôt du permis de construire. Elle sera instruite par le service en charge de l'assainissement pluvial et devra détailler les dispositifs de gestion envisagés dans le projet.

Ainsi, les volumes d'eaux pluviales rejetés à la Seine devraient chuter de 21% dans 20 ans et de 33% dans 50 ans. Ceux envoyés en station d'épuration baisseront également, dans une moindre mesure : -5% d'ici à 50 ans. "L'effet du zonage pluvial sera progressif au fil du renouvellement du tissu urbain à Paris", indique le dossier d'enquête publique. Petit à petit, la ville devrait donc se désimperméabiliser.

Jardins inondables, chaussées drainantes et toitures terrasses

En complément de ce zonage pluvial, Paris a élaboré un guide des techniques alternatives utilisables pour atteindre les objectifs fixés : puits d'infiltration, jardins inondables, toitures végétalisées, tranchées d'infiltration, récupérateurs d'eau de pluie, chaussées drainantes, noues, etc. Concrètement, une partie des pluies devront s'infiltrer dans le sol, s'évaporer, être absorbées et rejetées par les plantes ou être réutilisées.

Les eaux qui s'infiltrent peuvent rejoindre la nappe phréatique superficielle, mais selon les études, elles restent plutôt dans les sols, dotés d'une forte capacité de rétention de l'eau. "Le pouvoir épurateur du sol est tel que les niveaux d'infiltration d'eau pluviale ne devraient pas avoir d'incidence sur les captages en eaux souterraines", indique le rapport d'enquête publique.

Avec ce plan, 440 hectares de toitures végétalisées pourraient être créés au cours des 20 prochaines années, ainsi que 80 hectares de noues urbaines et 60 hectares de jardins de pluie. Plusieurs aménagements de ce type sont d'ailleurs déjà réalisés, notamment sur la ZAC Rive gauche, qui récupèrent et traitent la totalité des eaux pluviales avant de les rejeter à la Seine. Autre avantage de ces aménagements végétalisés : il sont peu coûteux et permettent de réduire l'effet îlot de chaleur (qui pourrait baisser de 1°C) et d'atténuer les bruits.

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