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Actu-Environnement

Le Sénat auditionne le gouvernement sur la pollution par les pesticides aux Antilles

Pour s'expliquer sur l'utilisation du chlordécone notamment aux Antilles, 4 ministres du Gouvernement concernés ont été auditionnés au Sénat : Roselyne Bachelot, Michel Barnier, Nathalie Kosciusko-Morizet et Christian Estrosi. Explications.

Risques  |    |  C. Seghier
Dans le cadre du suivi de la pollution chronique de la Martinique et de la Guadeloupe par les pesticides, l'association Pour Une Martinique Autrement (PUMA) avait demandé au professeur Belpomme, cancérologue à l'Hôpital Européen Georges Pompidou, une mission d'expertise scientifique sur les dégâts sanitaires liés à cette pollution. À l'occasion de la présentation de ses résultats à l'Assemblée Nationale le 18 septembre dernier, le professeur avait établi un constat alarmant et rappelé dans son rapport que depuis ces vingt dernières années, ces îles avaient été polluées par plus d'une centaine de pesticides dont le chlordécone, un polluant organique persistant de type CMR (cancérigène, mutagène et/ou reprotoxique), interdit depuis 1990 mais utilisé jusqu'en 1993, et le paraquat, un herbicide qui vient tout juste d'être interdit par la justice européenne. Sans toutefois pouvoir établir de corrélation, le professeur soupçonne le chlordécone, longtemps utilisé dans les bananeraies, d'être responsable d'un taux élevé de cancers de la prostate et du sein, d'une augmentation des malformations congénitales et d'une baisse de la fertilité aux Antilles.

C'est dans ce contexte que le 9 octobre dernier, quatre ministres du Gouvernement concernés par le sujet ont été auditionnés au Sénat, à savoir Roselyne Bachelot-Narquin (santé, jeunesse et sports), Michel Barnier (agriculture et pêche), Nathalie Kosciusko-Morizet (écologie) et Christian Estrosi (Outre-mer) par la Commission des affaires économiques, pour « mesurer l'ampleur du problème et la réalité des risques sanitaires encourus » et s'expliquer sur les conséquences de l'utilisation du chlordécone notamment aux Antilles. Concernant les nombreux gouvernements, de droite comme de gauche, qui se sont succédés, le dossier apparaît complexe et l'audition non moins délicate…

Pour répondre aux questions qui sont soulevées dans le rapport du professeur Belpomme, Roselyne Bachelot s'est prononcée en faveur de la poursuite et de l'intensification des investigations en la matière conformément aux exigences de la rigueur scientifique. Faisant le point sur l'état sanitaire de la population des Antilles Françaises, la ministre a précisé qu'en ce qui concerne les taux de cancers, la situation était extrêmement hétérogène : si effectivement le taux de cancer de la prostate est sensiblement plus élevé qu'en métropole, le rapport est inverse pour d'autres cancers. Au total la mortalité globale par cancer parmi la population Antillaise serait selon elle significativement plus faible qu'en métropole. À ce stade, les experts, a souligné Roselyne Bachelot devant les sénateurs, n'ont pas établi de corrélation entre la pollution au chlordécone et une surmortalité par cancer. Concernant la fertilité aux Antilles, les deux études de l'INSERM de 2003 à 2006 n'ont pas mis en évidence l'impact du pesticide, a-t-elle ajouté. Elle a souhaité néanmoins le renforcement des registres des cancers et des malformations congénitales pour les deux départements et a demandé que l'exposition des populations soit réduite en demandant une nouvelle proposition de seuil pour le Chlordécone : des discussions sont en cours pour des propositions de seuil de 20 microgrammes/Kg [d'aliment] au sein du comité des experts communautaires, a précisé la ministre tout en ajoutant son souhait d'une transparence totale dans cette affaire. Pour ce faire, un comité d'experts associant des médecins locaux sera entendu dans chaque département et un effort d'information sera entrepris auprès de la population pour ceux qui consomment leur propre jardin.

De son côté, Nathalie Kosciusko-Morizet a tenu à rappeler que les travaux du Grenelle (groupe 2,3 et 4) avait considéré qu'il était urgent de s'engager énergiquement sur la voie de la réduction de l'usage des pesticides qui comportent des risques directs et indirects pour l'homme et les écosystèmes. La France tient le 3e rang mondial en terme de consommation de pesticides et l'agriculture utilise 90 % des tonnages commercialisés en France, a-t-elle rappelé.
De ce fait, et outre la nécessité de poursuivre l'évaluation d'impact sanitaire, Nathalie Kosciusko-Morizet a indiqué qu'il était important d'anticiper d'éventuels problèmes liés à d'autres substances et de ne pas se focaliser ''que'' sur le chlordécone en établissant la liste des substances les plus utilisées aux Antilles. L'AFSSET a été saisie pour ce faire, a précisé la secrétaire d'état. L'AFSSA a également été saisie pour établir la synthèse de toutes les données disponibles sur les risques liés à la présence du Paraquat dans l'environnement.
Le secrétaire d'État propose en outre de décliner le plan d'action de réduction des risques liés aux pesticides, qui a été publié en 2006, au contexte Antillais en accordant la priorité à la protection et la formation des salariés et à la réduction des risques liés aux traitements aériens. NKM souhaite enfin mettre à jour les cartographies des sols contaminés, mieux informer les jardiniers familiaux (lancement d'une étude JAFA) et trouver des solutions pour les terres polluées avec la nécessité de reconvertir les terres contaminées vers des systèmes de production économes en pesticide (culture non alimentaire ou à vocation énergétique et du développement de la biomasse).
Elle rejoint sur ce point Michel Barnier qui a qualifié la situation aux Antilles de grave. Cette affaire doit nous servir de leçon pour d'autres modes de production d'agriculture durable, a précisé le ministre de l'agriculture et de la pêche qui a estimé à 6.500 hectares les terres contaminées en Guadeloupe et près de 12.000 hectares en Martinique.

Le secrétaire d'État à l'Outre-mer, Christian Estrosi qui s'est engagé devant les sénateurs à la transparence sur cette affaire a annoncé le quadruplement des contrôles effectués sur les aliments vendus sur les marchés et a souhaité que d'autres épidémiologistes qui travaillent depuis longtemps sur ce sujet soient autant entendus que le professeur Belpomme.

Réactions6 réactions à cet article

BelPomme pris au piège

Il est clair que le Professeur BelPomme, bien connu des cancérologues pour ses prises de position en pointe énonçant des élucubrations totalement en désaccord (entre autres) avec le dernier rapport conjoint de l'Académie de Médecine, l'Académie des Sciences, la Fédération des Centres de lutte contre le cancer, l'Institut National du cancer et l'Institut national de veille sanitaire est tombé dans un piège : on voulait qu'il prenne publiquement des positions faciles à réfuter, afin de le couvrir de ridicule pour le démolir une bonne fois pour toutes. Belpomme est tombé dans le piège, et n'en sortira probablement pas sans de gros dommages qui pourraient aller jusqu'à l'exclusion de son poste actuel, ce qui est exactement ce que recherchent ses collègues.

Pierre-Ernest | 17 octobre 2007 à 19h09 Signaler un contenu inapproprié
Re:BelPomme pris au piège

c'est triste .. et écoeurant : tous les moyens sont bons pour mettre hors service un homme de si grande valeur
Transparence ? dialogue ? ou poursuite des pressions ?
Andrée Sougy

mamy | 18 octobre 2007 à 14h54 Signaler un contenu inapproprié
Re:BelPomme pris au piège

Pourquoi un Grenelle de l'Environnement , des rapports alarmants du GIEC, des alertes médiatisées en tous genres s'il n'y a pas de problèmes...! Il devient alors trop facile de jeter le discrédit sur ceux qui se battent sur la question et dénoncent la situation au grand jour et non pas dans une pseudo réalité masquée à coups de poudre aux yeux pour faire croire que nos gouvernements font ce qu'il faut...!!! L'Appel de Paris (20 ans après celui fait aux USA), REACH, des scientifiques du monde entier se mobilisent... à par ceux qui sont à la solde des lobbyes.... tout cela serait bidon???? Ceux qui ont pris la voie de discréditer le Pr Belpomme risquent de se le prendre en retour de manivelle plus vite qu'ils ne le pensent.... A bon entendeur...

lancelot du rallye des preux.. | 18 octobre 2007 à 17h29 Signaler un contenu inapproprié
Les politiques pris au piège

Ce sont les politiques qui sont pris aux piège : le piège du lobby des agriculteurs et des industries phytosanitaires mais cela n'étonnera plus personne
Il fallait s'y attendre: ces derniers qui sont les plus gros pollueurs de france gagnent tellement bien leurs vies en mettant en danger celles des autres.
L'homme politique moyen s'incline devant leurs exigences; cela sera toujours ainsi hélas.

jms | 19 octobre 2007 à 12h40 Signaler un contenu inapproprié
le Senat auditionne le gouvernement sur la polluti

à méditer :
"Quand le dernier arbre sera abattu..
la dernière rivière empoisonnée..
le dernier poisson pêché..

ALORS VOUS DECOUVRIREZ QUE L'ARGENT NE SE MANGE PAS !!!

mamy | 19 octobre 2007 à 14h34 Signaler un contenu inapproprié
Re:BelPomme pris au piège

En contradiction avec les autres réponses, quand je lis l'article (pour une fois objectif) de libération, on ne peut finalement qu'

Patrick_C. | 09 novembre 2007 à 16h12 Signaler un contenu inapproprié

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