Le 23 février, six "petits" candidats à l'élection présidentielle ont lancé un appel aux maires pour qu'ils les parrainent. Ils souhaitent "offrir aux électeurs un choix réel entre des visions différentes pour la France". Mais pour l'instant, ils sont loin d'avoir rassemblé les 500 parrainages indispensables : Pierre Larrouturou aurait réuni "plusieurs centaines de soutiens", Charlotte Marchandise aurait 50 parrainages et quelque 200 promesses de parrainage, Philippe Poutou "approche des 300" et Christian Troadec pourrait compter sur 251 promesses. La collecte officielle débute ce lundi 27 février et s'achève le 17 mars.
Quel projet environnemental portent ces candidats ? Actu-Environnement passe en revue les grandes lignes de leur programme.
Refonder la politique
La refondation de la vie politique et de la société française est présente dans la plupart des projets des six "petits" candidats. Il peut s'agir de promouvoir "une démocratie réelle", à l'image de Charlotte Marchandise, candidate LaPrimaire.org, qui souhaite adopter une nouvelle constitution "par et avec le peuple". Pour Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), il s'agit de "revoir de fond en comble le fonctionnement de la société" en rompant avec le capitalisme.
Alexandre Jardin est l'un des candidats qui pousse cette logique le plus loin. L'écrivain, candidat du mouvement "Les citoyens", ne veut pas "venir avec des solutions toutes faites conçues à Paris, mais les co-construire avec tous les citoyens et nos territoires". Son programme cadre (1) ne propose pas de mesures clé en main, mais une méthode participative pour associer les citoyens aux décisions. Il fixe quatre grands chantiers : donner du pouvoir aux territoires, passer à "une vraie démocratie", élaborer des grands programmes, c'est-à-dire des "outils opérationnels issus du terrain", et recentrer l'Etat pour lui donner "une vraie force".
Vouloir refonder la société française, c'est aussi militer pour l'autonomie régionale, voire l'indépendance. C'est le cas de Christian Troadec (2) qui se présente comme un candidat "des identités des régions". Le maire de Carhaix (Finistère) et leader du mouvement des opposants bretons à l'écotaxe (les Bonnets rouges), s'inscrit dans le courant autonomiste. L'écologie est "une évidence pour les régionalistes", défend-il, expliquant que "les grandes questions écologiques, qui font l'objet de grands sommets mondiaux, aux effets trop souvent symboliques et rarement concrets, sont des questions dont les réponses ont leurs racines au niveau local pour la plupart d'entre elles". Plus radical, Oscar Temaru souhaite utiliser l'élection présidentielle comme un vote pour la souveraineté de la Polynésie. L'ancien président indépendantiste de l'archipel explique que les Polynésiens qui souhaitent l'indépendance pourront glisser son bulletin dans l'urne.
Une place de choix à la transition énergétique
Lorsque les "petits" candidats proposent une série de mesures, le climat et les énergies renouvelables figurent souvent en bonne place. Pierre Larrouturou en fait une des mesures phares de son programme (3) . Le candidat de Nouvelle Donne propose un "Plan Marshall" pour sauver le climat. Objectif : utiliser les 1.000 milliards créés par la Banque centrale européenne "non pour sauver les banques, mais pour financer un plan européen Energie-Climat-Pouvoir d'achat". La France obtiendrait 20 milliards d'euros par an à taux zéro pendant 10 ans pour développer les renouvelables et créer 600.000 emplois non-délocalisables. Il s'agit de "sortir rapidement d'abord des énergies fossiles, puis de l'énergie nucléaire".
Charlotte Marchandise en fait aussi une de ses douze priorités (4) . La candidate issue de LaPrimaire.org propose d'appliquer le scénario négaWatt qui vise 100% de renouvelables en 2050. Elle retient en particulier trois mesures proposées par l'association : créer une "Autorité indépendante de l'énergie climat environnement" qui préparera les décisions, contrôlera leur mise en œuvre et sanctionnera les manquements, rendre obligatoire la définition de plans de réduction des consommations d'énergie et des émissions de gaz à effet de serre à chaque échelle de territoire, et ancrer l'urbanisme dans les territoires.
Quant à Philippe Poutou (5) , il veut "engager une transition sociale et écologique radicale". Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste propose un plan pour sortir du nucléaire en moins de 10 ans et atteindre 100% d'énergies renouvelables en 2050. Pour y parvenir, il compte notamment fermer immédiatement tous les réacteurs de plus de 30 ans, sortir des énergies fossiles, arrêter les productions "inutiles et dangereuses", ou encore rénover les bâtiments et promouvoir les constructions sobres.
Relocaliser les activités
Plus globalement, les candidats proposent d'autres mesures environnementales. Charlotte Marchandise veut réorienter la PAC vers la bio et établir une fiscalité favorable à l'économie sociale et solidaire.
Nouvelle Donne considère, pour sa part, que "le temps de l'abondance fait place à celui des responsabilités tant au plan des sources d'énergie que des matières premières". Vingt-neuf mesures découlent de cette vision politique : le passage progressif à des modes de production locaux et durables, proposer pour les particuliers une tarification progressive des ressources de base (eau, électricité et gaz), ou encore mettre en place une écotaxe sur le transport routier tenant compte du nombre de régions traversées.
