Par un avis de 2013, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) avait déjà jugé le photovoltaïque comme une composante incontournable des politiques énergétiques durables. Elle enfonce le clou dans un nouvel avis (1) , daté d'avril 2016, consacré à cette filière. D'autant, qu'entre-temps, de nombreuses évolutions sont venues conforter son analyse.
Des coûts en baisse
"La filière progresse régulièrement et rapidement en termes d'efficacité et de baisse des coûts grâce aux efforts de recherche et aux retours d'expérience du marché", relève l'Agence. Cette dernière reconnaît que le coût de production reste encore élevé mais souligne la baisse continue du prix des systèmes photovoltaïques (PV). "Les coûts d'investissement pour une centrale au sol ont été divisés par six entre 2007 et 2017", indique-t-elle à titre d'exemple.
D'une capacité de 6,2 GW en 2015 à 20,2 GW en 2023
A fin décembre 2015, la capacité photovoltaïque totale disponible était de 6,2 GW en France, dont 91% raccordés au réseau public de distribution. La production énergétique annuelle est estimée à 7,4 TWh et couvre en moyenne 1,6% de la consommation nationale d'énergie électrique. La filière représente 8.400 emplois directs, 5.200 emplois indirects (sous-traitants) et 3.200 emplois induits, indique l'Ademe. Soit 17.000 emplois au total.
La programmation pluriannuelle des investissements (PPI) de production d'électricité fixe un objectif, en puissance installée, de 10,2 GW en 2018 et de 20,2 GW (18,2 GW option basse) en 2023.
En tout état de cause, "l'électricité photovoltaïque (…) se présente comme un élément de réponse durable à la demande d'électricité", affirme l'Ademe. "Le soutien à la filière, notamment via les investissements d'avenir, revêt donc un enjeu stratégique en termes d'approvisionnement énergétique, de développement industriel, d'emplois, de compétitivité et de lutte contre le changement climatique", conclut le document.
L'Agence nationale se positionne toutefois pour un renforcement de la coopération entre les différents acteurs européens afin d'accélérer la mise en œuvre des innovations et proposer une offre compétitive.
Réseaux intelligents et autoconsommation
L'Agence relève un certain nombre de points faibles et émet des recommandations en vue de les améliorer. Parmi ces faiblesses figurent le caractère fluctuant de la production et son incidence sur l'équilibre offre-demande, de même que son impact sur le réseau de distribution, en zones rurales notamment. L'Ademe rappelle qu'elle travaille à l'émergence de solutions qui "permettront au réseau électrique d'accueillir un nombre croissant d'installations photovoltaïques, notamment en encourageant les travaux sur les réseaux et systèmes électriques intelligents".
De plus, malgré son caractère fluctuant, les auteurs de l'avis estiment que le PV peut contribuer à réduire la pointe de demande d'électricité de mi-journée, grâce à l'autoconsommation. "Cette consommation d'électricité sur le lieu de production pourra être augmentée grâce à des dispositifs de stockage, qui font actuellement l'objet de nombreux développements", ajoutent-ils.
Tenir compte des contraintes environnementales
L'Ademe pointe par ailleurs les impacts environnementaux liés à la fabrication des cellules. A ce propos, elle indique participer aux travaux européens relatifs à l'élaboration d'un écolabel qui permettra de favoriser les modules PV éco-conçus. Quant à l'utilisation de métaux rares, elle précise que la diversité des technologies PV permet d'envisager un développement pérenne sans risque de rupture d'approvisionnement.
Les contraintes environnementales se font également sentir en termes d'occupation des sols, alors que la part, en puissance installée, des centrales au sol augmente dans la production PV depuis 2010. Pour être rentables, les centrales nécessitent en effet une emprise suffisante susceptible de provoquer des conflits d'usage avec des terres agricoles ou forestières. En conséquence, le document émet plusieurs recommandations en la matière : implantation sur des surfaces non-agricoles (friches industrielles, anciennes carrières, sites pollués, etc.), mixité des usages (élevages, cultures), etc.
L'exploitation des grandes toitures (entrepôts, bâtiments industriels ou commerciaux) constitue une alternative qui doit être encouragée afin d'éviter de tels conflits, indique l'avis. Ses auteurs soulignent l'intérêt des modules PV intégrés au bâti même s'ils sont a priori plus coûteux que les panneaux surimposés. Dans le neuf, certains modules intégrés présentent une rentabilité équivalente, relèvent-ils. C'est aussi "un marché sur lequel les industriels français du bâtiment et du photovoltaïque peuvent se positionner en valorisant leur savoir-faire", estime l'Ademe. De plus, indique-t-elle, l'intégration au bâti permet aux entreprises de se positionner dans l'optique du bâtiment à énergie positive (Bepos).