"Nous ne pouvons plus accepter que certains se posent en grands défenseurs de l'agriculture en paroles, mais travaillent dans les actes à maintenir le statu quo. Et le statu quo, il la tue lentement mais sûrement". Emmanuel Macron a préféré désamorcer le sujet de la crise agricole et remettre les acteurs face à leurs responsabilités avant sa visite au salon international de l'agriculture (SIA), qui ouvre ses portes samedi 24 février à Paris. Devant 1.000 jeunes agriculteurs, reçus à l'Elysée ce jeudi 22 février, le Président de la République a détaillé le plan d'investissements de cinq milliards d'euros en faveur de l'agriculture. Ce fonds d'investissement doit accompagner la transition agricole. "Ces changements sont indispensables", analyse Emmanuel Macron.
Des aides à la bio et à la méthanisation
Un fond de prêts de 100 millions d'euros sera dédié à la méthanisation. Il sera accompagné d'un plan de réforme des règles applicables aux installations de méthanisation, qui sera détaillé lors du salon.
Le Président a également confirmé la présentation du nouveau plan ambition bio, qui devrait être détaillé par le ministre de l'Agriculture jeudi 1er mars. L'objectif de 15% de surface agricole utile d'ici 2022, annoncé en conclusion des Etats généraux del'alimentation, a été confirmé par le chef de l'Etat. La priorité sera donnée dès 2018 à la conversion, a déclaré Emmanuel Macron, ajoutant que les retards de paiement des aides seraient clarifiés d'ici le printemps.
Le plan d'investissements permettra également d'atteindre l'objectif de 50% de produits "bio, locaux ou écologiques" dans la restauration collective, en finançant par exemple des légumeries sur les territoires.
Par ailleurs, ce plan soutiendra les exploitations qui s'engageront dans une réduction de l'usage de produits phytosanitaires, dans des projets de diversification des revenus agricoles (énergies renouvelables…) ou dans l'amélioration et la modernisation des bâtiments d'élevage "qui anticipent les demandes des consommateurs", en matière de réforme des filières, de modernisation, de bien-être animal…
Produire sans pesticides : un facteur de compétitivité
Sur les pesticides, "nous avons besoin de continuer à travailler mais je tiens à saluer l'immense travail qui a déjà été fait" sur le glyphosate notamment. "On sait que ce sera de plus en plus un facteur de compétitivité" de produire sans cette substance, a-t-il souligné, rappelant qu'un plan d'action de sortie du glyphosate était en cours. "Nous avons, sur 90% des territoires, une solution [alternative] crédible pour les trois années à venir".
Libre-échange : pas de réduction des standards environnementaux
Sur les négociations commerciales avec le Mercosur et les traités de libre-échange, le chef de l'Etat a souligné le travail engagé auprès de la Commission européenne pour avoir la possibilité de contrôler aux frontières la traçabilité et le respect des normes sanitaires et environnementales : "Il n'y aura jamais de bœuf aux hormones en France. S'il y en a aujourd'hui, c'est parce que certains fraudent" et que les contrôles sont insuffisants, a martelé le Président de la République, assurant qu'"il n'y aura aucune réduction de nos standards sociaux, sanitaires et environnementaux" dans le Mercosur, le Ceta ou les autres traités commerciaux. "Nos lignes rouges, elles sont claires".