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Efficacité énergétique : la France dévoile son plan d'action national

Le plan français visant 20% d'économies d'énergie en 2020 a été transmis à Bruxelles. Il mise sur les certificats d'économie d'énergie multi-secteurs et plusieurs outils fiscaux et incitatifs dont le CIDD, le bonus malus et l'écotaxe poids lourds.

Energie  |    |  R. Boughriet
Environnement & Technique N°337
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°337
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Le ministère en charge de l'Ecologie et de l'Energie a remis le 24 avril dernier à la Commission européenne son plan national d'action (1) visant l'objectif de 20% d'économies d'énergie d'ici 2020.

Les Etats membres devaient présenter au plus tard le 30 avril 2014 (puis tous les 3 ans) leurs plans nationaux, en application de la directive relative à l'efficacité énergétique de 2012 qui prévoit de réaliser 1,5% d'économies d'énergie par an chez les clients finaux entre 2014 et 2020 dans l'UE. Cette directive doit être transposée dans les législations nationales d'ici le 5 juin. "La France est le premier Etat européen à avoir remis son plan", se vante le ministère de l'Ecologie. À travers ce plan d'action 2014, l'Hexagone s'est fixé un double objectif d'ici 2020 pour réduire sa consommation énergétique (production, distribution, utilisation) hors transport aérien international.

La France entend d'une part réduire sa consommation d'énergie finale livrée au consommateur (essence à la pompe, électricité du foyer...) à 131 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole) d'ici cette échéance, contre 155 Mtep actuellement, et d'autre part limiter sa consommation d'énergie primaire (énergie finale à laquelle s'ajoutent les pertes d'énergie (2) induites par la transformation et le transport de l'énergie) à 236 Mtep, contre 260 Mtep aujourd'hui.

La France est d'ores et déjà "sur la bonne trajectoire" pour atteindre son objectif de 12 Mtep d'économies d'énergie en 2016, fixé par la directive de 2006 relative aux services énergétiques (ESD), avec environ 6,3 Mtep d'économies d'énergie entre 2007 et 2011, et 9 Mtep d'économies d'énergie entre 2007 et 2012 (hors secteur tertiaire), précise le ministère.

Efficacité énergétique du bâtiment

Pour atteindre ses objectifs d'ici 2020, le gouvernement mise sur les certificats d'économie d'énergie (CEE) imposant aux fournisseurs d'énergie de justifier d'opérations permettant des économies "dans plusieurs secteurs simultanément" et qui reste de loin son dispositif privilégié. Et pour cause : l'Etat vise pour les CEE, dont la troisième période a été annoncée en décembre 2013, plus de 9 Mtep d'économies d'énergie générées en 2020 ! La troisième période débutera le 1er janvier 2015, avec un objectif triennal de 660 TWhcumac. (térawattheurescumulés actualisés). Au 30 novembre 2013, le volume de certificats d'économies d'énergie délivré depuis le début du dispositif était de 462 TWhcumac dont 90,4% des opérations ont été réalisées dans le secteur du bâtiment !

Le secteur résidentiel tertiaire est en effet au cœur des mesures phares du plan d'action (Voir tableau). L'objectif fixé est une réduction de 38% de la consommation d'énergie d'ici 2020 en soutenant le plan gouvernemental de rénovation énergétique de 500.000 logements par an d'ici 2017. Des aides ou primes financées par le fonds de garantie pour la rénovation des bâtiments existants sont prévues ainsi que des nouveaux passeports à compter de 2015 afin de faciliter l'accompagnement des ménages dans leurs démarches d'audit et leurs projets de travaux.

L'Etat s'appuie également sur les dispositifs fiscaux : crédits d'impôts développement durable (CIDD), éco-prêt à taux zéro (Eco-PTZ), éco-prêt logement social (Eco-PLS) qui devraient générer au total des économies de l'ordre de 2,1 à 2,3 Mtep en 2020. La réglementation thermique 2012 devrait, quant à elle, générer des économies d'énergie à hauteur de 1,15 Mtep en 2020, par l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments neufs, table le ministère.

Mesure Partie Economies d'énergie finale
2010 2013 2016 2020
RT 2012 Résidentiel-Tertiaire - - 0,41 Mtep 1,15 Mtep
CIDD Résidentiel-Tertiaire - 0,78 Mtep 0,93 Mtep 1,08 Mtep
Eco-PTZ Résidentiel-Tertiaire - 0,18 Mtep 0,19 Mtep 0,19 Mtep
Eco-PLS Résidentiel-Tertiaire - 0,35 Mtep 0,65 Mtep 1,03 Mtep
Eco-taxe poids lourds Transports - - 0,165 Mtep 0,168 Mtep
Amélioration de la performance des véhicules neufs Transports 0,1 Mtep - 1,1 Mtep 2,2 Mtep
Bancs d'essais moteur mobiles Agriculture 3,5 ktep - 23,2 ktep 36 ktep
CEE Energie - 2,5 Mtep 5,17 Mtep 9,29 Mtep
Ecoconception (ampoules) Energie - 0,46 Mtep 0,76 Mtep 0,75 Mtep
Ecoconception (téléviseurs) Energie - - - 0,3 Mtep
Prévention des déchets Energie 2,53 Mtep - - -
TICPE Gazole Energie - 4,9 Mtep 4,3 Mtep 4,1 Mtep
Essence - 0,5 Mtep 0,4 Mtep 0,3 Mtep

(Source : Ministère de l'Ecologie)

Transports : l'écotaxe poids lourds maintenue

Côté transports : les mesures visent à les optimiser et à soutenir le report modal. Comment ? L'Etat compte à nouveau sur la fiscalité permettant de réduire les émissions de CO2 en s'attaquant aux carburants via la hausse du taux de la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques (TICPE) en fonction du contenu en CO2 , prévue dans la loi de finances 2014. La valeur de la tonne de carbone sera fixée à 7 euros en 2014, 14,5 euros en 2015 et 22 euros en 2016. Sur le gazole, le ministère mise sur une économie d'énergie de 4,1 Mtep d'ici 2020 et de 0,3 Mtep pour l'essence. La loi de finances 2014 a également  ajouté une composante "air" à la taxe sur les véhicules de société (TVS) de manière à tenir compte également des émissions de polluants atmosphériques (particules et oxydes d'azote).

Le gouvernement mise aussi sur le dispositif du "bonus-malus écologique" qui récompense l'achat des véhicules les moins émetteurs de CO2. Il a permis à la France d'avoir en 2013 "l'un des marchés de véhicules neufs les moins émetteurs de CO2 en Europe, de l'ordre de 117 g CO2/km", selon le ministère. Ces mesures d'amélioration de la performance des véhicules neufs permettront l'économie d'environ 2,2 Mtep en 2020, estime-t-il.

Le plan d'action français inclut également l'écotaxe poids lourds permettant de financer les projets d'infrastructures de transport, alors qu'elle est suspendue depuis octobre dernier et que la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal prône comme alternative de taxer les camions en transit.

La mise en œuvre de cette écotaxe permettrait pourtant des économies d'énergie finales annuelles de 0,165 Mtep en 2016 et de 0,168 Mtep en 2020…, selon le plan. La mission d'information de l'Assemblée nationale présentera ses recommandations sur l'avenir de ce dispositif le 14 mai.

Industrie : mesures incitatives

Concernant le secteur industriel, le gouvernement mise notamment sur des mesures incitatives financières à l'instar des certificats d'économies d'énergie dont le total émis entre 2006 et le 30 novembre 2013 était d'environ 6,5% pour un volume d'économies d'énergie d'environ 28,8 TWhcumac.

Dans le cadre des investissements d'avenir, des "Prêts verts" à taux bonifiés sont destinés aux PME industrielles, dotés d'une enveloppe de 500 M€. Une nouvelle enveloppe de 340 M€ de prêts sera disponible pour la période de 2014 à 2017, gérée par BpiFrance. Cette dernière a mis en place en 2012 des "Prêts Eco-Energie" à hauteur de 100 M€ permettant aux PME de financer l'installation et les travaux de mise aux normes de postes consommateurs en énergie (éclairage, chauffage, climatisation et motorisation électrique).

Le plan favorise également l'éco-conception des ampoules et téléviseurs (conformément à la directive 2009/125/CE applicable aux produits liés à l'énergie) afin de réduire leurs consommations d'énergie respectives de 0,75 Mtep et 0,3 Mtep en 2020.

En matière d'agriculture, la mise en place de bancs d'essais moteur mobiles pour le réglage des tracteurs figure parmi les mesures. Ils permettraient une économie d'énergie finale annuelle de 36 ktep (kilotonnes d'équivalent pétrole) en 2020. Les économies d'énergie issues d'opérations standardisées dans le secteur agricole représentaient 0,72% des CEE déposés au 30 septembre 2013.

Un plan français qui manque d'ambition ?

Selon un rapport  (3) publié fin avril de la Coalition pour les économies d'énergie, regroupement européen d'ONG et de professionnels, les plans des 28 Etats membres, dont la France, présenteraient des lacunes. Seuls trois pays, le Danemark, l'Irlande et la Croatie, ont transmis des plans "crédible et sérieux". Douze États, dont l'Allemagne, la Finlande et la Suède, ont des plans "incomplets ou de mauvaise qualité". Les onze autres, dont le plan français qui repose sur le système des CEE, présenteraient des incohérences et faiblesses. Le Luxembourg n'a soumis aucun plan. Selon la Coalition, l'UE atteindrait une réduction de 0,8% de la consommation d'énergie finale au lieu des 1,5% prévus en 2020.

1. Pour télécharger le plan national efficacité énergétique 2014-2020
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/0378_Annexe_1_PNAEE_.pdf
2. Rendement d'une centrale électrique, pertes en ligne d'électricité, etc.3. Télécharger le rapport final de la Coalition (anglais)
http://energycoalition.eu/sites/default/files/20140422%20Coalition%20for%20Energy%20Savings%20Art%207%20Report%20FINAL.pdf

Réactions7 réactions à cet article

Pour l'efficacité énergétique, l'état doit commencer par montrer l'exemple et passer aux actes et isoler thermiquement les bâtiments dont il a l'utilité pour passer de 350 à 50 kwh/an/m2; pour financer cette opération la cession immédiate des bâtiments inutiles permettra de trouver de la trésorerie.

EUROREGIONS | 08 mai 2014 à 07h08 Signaler un contenu inapproprié

@ eurorégions : mais bien sur, en continuant de remettre sur le voisin la faute, on continue sur la même trajectoire depuis plus de 20 ans. "C'est pas moi c'est lui" et tous droit dans le mur !

local | 09 mai 2014 à 15h03 Signaler un contenu inapproprié

Journalistes et politiques : arrêtez de parler en Tep, on s'en fout du pétrole, parlez en kWh

jak | 12 mai 2014 à 22h58 Signaler un contenu inapproprié

Apparemment les américains, les chinois, les indiens, les 3/4 de la planète quoi, se foutent de toutes ces mesures et continuent de balancer du CO2 à fond. Pourquoi nous emmerdons nous autant sachant que le pire scénario va se réaliser.

JCC | 12 mai 2014 à 23h41 Signaler un contenu inapproprié

pour JCC
il faut le faire pour que les américains, les chinois et les indiens ne puissent pas utiliser ces mêmes arguments et puis dormir tranquille avec la satisfaction de la bonne action acomplie

odu | 13 mai 2014 à 16h26 Signaler un contenu inapproprié

pour odu
Ah d'accord! Tout le cinéma du développement durable n'est donc là que pour nous laver la conscience. Cela ne suffira pas...

JCC | 13 mai 2014 à 23h09 Signaler un contenu inapproprié

Le tableau ne s'est pas risqué à prendre en compte la RT existant, alors qu'on a du mal à mettre en oeuvre la RT2012.

audaces | 15 mai 2014 à 18h01 Signaler un contenu inapproprié

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