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Des plans d'urgence pour économiser l'électricité

L'AIE a publié une mise à jour de son rapport ''Economiser l’électricité en urgence'', dans lequel elle dresse des études de cas de pays ayant mis en œuvre des stratégies d’économies d’énergie pour limiter les conséquences des coupures d’électricité.

Décryptage  |  Energie  |    |  A. Sinaï
   
Des plans d'urgence pour économiser l'électricité
   

C'est en 2005 que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) publiait la première édition du rapport ''Economiser l'électricité en urgence (1) '', dans lequel elle présentait des études de cas de pays ayant mis en œuvre des stratégies d'économies d'énergie pour limiter les conséquences des coupures d'électricité. Ces programmes mobilisaient une gamme d'outils, tels que rationnement, signaux-prix et campagnes de sensibilisation incitant les consommateurs à limiter leurs dépenses énergétiques, retardant les pics de consommation et remplaçant les appareils anciens par des techniques plus efficaces. Les pays concernés ont pu réaliser entre 5 % (France) et 20 % (Brésil) d'économies d'énergie.

Depuis cette première édition du rapport en 2005, d'autres coupures électriques se sont produites, celle du Japon en mars 2011 ayant été une des plus sévères qui ait jamais affecté un pays industriel. La mise à jour de l'AIE se penche sur le retour d'expérience du cas japonais, mais aussi sur d'autres pays ayant été affectés depuis par des coupures électriques - Etats-Unis, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud et Chili - et établit des constantes stratégiques : compréhension des causes et identification de la durée de la panne ; identification de gisements d'économies d'énergie ; mise en oeuvre d'un ''paquet'' de mesures d'économies d'énergie.

Des retours d'expériences riches d'enseignements

''Les coupures d'électricité vont continuer à se produire dans le monde, en raison des difficultés politiques et financières auxquelles les gouvernements vont être confrontés, qui entraveront les investissements de 16,6 trillions de dollars nécessaires pour faire face à la hausse de la demande de 2 % par an d'électricité pendant les 25 prochaines  années, note le rapport de l'AIE. Les gouvernements ont intérêt à développer d'urgence des programmes de réduction  de la demande pour s'assurer contre les ruptures de fourniture''.

Dès le 13 mars, les autorités japonaises ont mis en place un département de régulation d'urgence de l'offre et de la demande en électricité afin de coordonner les actions d'économies d'énergie. Les officiels se sont trouvés confrontés à la difficulté de déterminer quels secteurs pouvaient contribuer en priorité à cet effort, car ils ne disposaient pas d'une cartographie suffisamment précise de l'offre et de la demande. Pour résoudre ce problème, le gouvernement a rassemblé un groupe de travail - chercheurs, experts et ingénieurs de l'opérateur TEPCO - pour établir des scénarios d'appels de puissance, cartographier les secteurs d'économies potentielles et développer des recommandations spécifiques d'économies d'énergie.

Rationnement obligatoire des consommations électriques dans les grandes industries, campagnes d'information, assistance technique aux économies d'énergie sont, depuis juin 2011, les trois principaux axes de la politique énergétique japonaise. Dans les installations industrielles d'une puissance de plus de 500 kW, le gouvernement a déclenché l'application de l'article 27 de la loi régissant l'électricité dans les entreprises. Cette disposition autorise le gouvernement à restreindre l'usage de l'électricité dans les industries. Entre 9h et 20h les acteurs du secteur doivent restreindre leur consommation électrique de 15 % par rapport à la même période de l'année dernière (1er juillet-22 septembre), sans quoi ils s'exposent à des pénalités pouvant atteindre un million de yens (environ 12.500 dollars) par heure de dépassement.

Beaucoup de grandes entreprises, mais aussi des PME, ont annoncé qu'elles réaliseraient leurs objectifs en modifiant les jours et les horaires de travail. Des ingénieurs ont été dépêchés auprès des PME pour proposer leurs conseils. D'autres mesures incluent le télétravail, le transfert d'activités dans les régions épargnées par le désastre, et l'allongement des congés des personnels. Une vaste campagne de sensibilisation et de prévision des heures de pics est diffusée sur Internet, dans les gares et à la télévision. La campagne Super Coolbiz incite à porter des vêtements légers même au bureau. Dans le secteur résidentiel des concours d'économies d'énergie sont organisés.

Des marges de manœuvre variables

Reste que la marge de manœuvre du Japon est étroite : l'efficacité énergétique y est déjà très avancée, l'absence de mesures obligatoires dans les PME et dans le secteur résidentiel ne garantit pas le résultat, et la remise en route des centrales nucléaires à l'arrêt n'est pas assurée en raison de la levée de boucliers de certains gouverneurs locaux qui ne veulent plus revenir à l'atome.

Autre retour d'expérience, la coupure qui a affecté la ville de Juneau en Alaska (Etats-Unis) en 2008 pendant six semaines, suite à une avalanche sur les lignes électriques reliant la ville au barrage hydroélectrique qui l'alimente. L'accident a occasionné une décrue atteignant jusqu'à 40 % des consommations. Pendant six semaines, ce sont les générateurs diesel qui ont suppléé à la demande. Résultat : le coût du kilowattheure a été multiplié par cinq. Pour éviter une flambée des prix à la facture, la municipalité de Juneau a prescrit des économies d'énergie aux usagers et a pris les devants en organisant des coupures d'alimentation dans les éclairages et les bâtiments publics. Une campagne de sensibilisation, ''Juneau débranchée'' (''Juneau Unplugged''), a été diffusée dans la ville et relayée par les médias. Son impact a dépassé toutes les espérances : la consommation d'électricité a chuté de 40 % en six semaines, passant d'environ 1.000 MWh avant l'avalanche à 600 MWh par jour, grâce à un taux élevé de participation des habitants. Un an après la crise, un tiers de ces économies d'énergie étaient maintenues, essentiellement grâce à des changements de comportements.

En Nouvelle-Zélande en 2008, c'est une vague de sécheresse qui a conduit le gouvernement à augmenter le prix de l'électricité, mais cette hausse n'a pas eu un impact structurel sur les consommations du secteur industriel du pays. En Afrique du Sud, c'est la hausse de la demande, combinée à la mise hors service de tranches de production pour maintenance et à des pannes de générateurs, qui a conduit le ministère de l'énergie à planifier le rationnement de l'énergie en 2008 pour éviter le collapse du système. Le pays a en effet connu une croissance économique telle qu'entre 1994 et 2006 sa consommation d'électricité a augmenté de 60 % sans que le système de production soit augmenté au même rythme. Le gouvernement et la compagnie nationale d'énergie Eskom ont lancé un programme de conservation de l'électricité (Power Conservation Program), orienté vers les plus gros usagers industriels du pays, exploitants miniers et sidérurgistes, qui consomment 58 % de l'électricité de l'Afrique du Sud. L'objectif était de réduire de 10 % la la puissance électrique installée, soit une décrue de 3.000 MW. Dès 2008, les appels de puissance de ces opérateurs ont baissé de 1.500 MW. La compagnie Eskom recommande que les 500 principaux industriels souscrivent à un objectif obligatoire de réduction de leurs consommations (Energy Conservation Scheme), sur la base d'un engagement de réduction de 10 % par rapport à 2010.

Impliquer les usagers

Au Chili, c'est une combinaison de sécheresse, d'interruption de la fourniture de gaz en provenance d'Argentine et de pannes d'allumage de centrales thermiques qui a déclenché des coupures en 2008. Le gouvernement a aussitôt mis en place un programme national d'efficacité énergétique basé sur la sensibilisation et la distribution d'ampoules à basse consommation, et sur un système de tarif social de l'électricité pour les plus pauvres qui ont ainsi été épargnés par la flambée des prix. Bilan : la consommation est restée stable, malgré une croissance à 3% sur la période.

L'Agence internationale de l'énergie recommande que les gouvernements n'attendent pas une crise pour préparer des mesures d'urgence. Les programmes devront être conçus en fonction des spécificités des pays, industrialisés ou résidentiels, plus ou moins exposés à des catastrophes naturelles, plus ou moins équipés en technologies. Les institutions locales apparaissent les mieux placées pour réagir rapidement et agir sur la demande. Pour éviter un face à face direct entre autorités, fournisseurs et utilisateurs parfois exaspérés, l'AIE note que la désignation d'un groupe multi acteurs chargé de résoudre la crise, impliquant des représentants des usagers et toutes les parties concernées, peut s'avérer avantageuse, comme ce fut le cas en Alaska grâce à la création du Conseil de développement économique de Juneau. Le rationnement par la distribution de quotas aux ménages et aux entreprises se révèle bien accepté car il assure l'équité, d'autant mieux que la population est informée en temps réel des stocks disponibles et des heures d'interruption de fourniture. Enfin, une crise peut avoir des vertus à long terme, comme c'est le cas à Juneau en Alaska où la consommation d'électricité continue d'être inférieure à celle qui prévalait avant 2008.

1. Consulter le rapport de l'AIE
http://www.iea.org/papers/2011/saving_electricity.pdf

Réactions4 réactions à cet article

Bonjour Mme SInaï, je viens de lire votre article (très intéressant) ainsi qu'une partie de votre bibliographie qui témoignent de votre implication et de vos connaissances.
Néanmoins je ne vous remercie pas de ne pas faire la différence entre l'énergie et la puissance. Peut être me trouverez vous un peu terre à terre, effectivement je suis technicien. Mais j'ai bien du mal a faire comprendre ce qu'est l'énergie à mes interlocuteurs. Alors quand je lis dans des médias spécialisés de grossières erreurs entre watts et wattheures je fini par douter moi-même

Cordialement

chocard | 20 juillet 2011 à 13h54 Signaler un contenu inapproprié

Très bon article de benchmarking. Toujours très intéressant d'analyser les efforts d'autres pays. En France, malgré l'urgence, nous ne sommes pas du tout soumis à quelques contraintes, qui relanceraient par la même occasion la notion d'effort et d'objectif collectif.

coolea | 22 juillet 2011 à 10h33 Signaler un contenu inapproprié

@ chocard

Bonjour,

Je vous remercie de votre message et de votre vigilance. Les erreurs ont en effet été corrigés pour meilleure compréhension.

Cordialement, le Modérateur

Modérateur | 26 juillet 2011 à 17h07 Signaler un contenu inapproprié

je m’intéresse à :l'énergie renouvelable et surtout l'énergie hydraulique dans les conduites d'eau potable ou il ya une forte pression dans la conduite

ali | 24 février 2012 à 16h28 Signaler un contenu inapproprié

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