Consommation de végétaux, ingestion directe de terre, port d'objets ou des mains à la bouche : les enfants absorberaient en moyenne 31 mg/jour (et jusqu'à 137 mg/jour) de terre et de poussières selon une étude d'estimation de ce type d'exposition (1) .
L'Institut national de l'environnement et des risques (Ineris) en partenariat avec l'Institut de veille sanitaire (InVS) a réalisé un état des lieux des connaissances et une analyse des études disponibles sur cette question (2) .
Selon l'un des premiers constats, le calcul de la dose d'exposition dans certains cas serait surestimé par rapport à des analyses biologiques (par exemple, la mesure de la concentration urinaire d'arsenic, de chrome ou encore de 1-hydroxypyrène qui révèle une exposition aux hydrocarbures aromatiques polycycliques). " Il peut en résulter des orientations de gestion inadaptées (…) comme le déclenchement d'un dépistage ou d'une prise en charge médicale d'une population, une dépollution d'un site, la restriction ou l'interdiction de fréquentation d'une zone ou encore l'interdiction pour les populations de cultiver et consommer les légumes de leurs jardins potagers ", pointe le rapport.
Un manque de connaissance
Différentes études se sont également penchées sur les facteurs qui pouvaient influencer l'ingestion de terre. Le lieu de résidence (maisons, appartement ou camping), les conditions climatiques et l'âge (risque plus élevé chez les 1-2 ans) semblent influencer l'absorption de matière. Ces résultats ne font cependant pas consensus parmi les scientifiques.
Certains rapports estiment que la terre ingérée n'aurait pas le même niveau de contamination que le sol. La capacité d'adhésion des particules aux mains conditionne en effet leur "consommation" et influe donc la dose d'exposition.
Par manque de connaissance, la fraction de la dose de polluant absorbée par l'organisme est aujourd'hui estimée à 100 % pour une majeure partie des études. Un groupe de recherche Barge (3) tente aujourd'hui de développer un test pour évaluer cette biodisponibilité (4) .
Dans sa conclusion, le rapport de l'Ineris et l'InVs souligne la nécessité de mener des travaux complémentaires notamment sur les polluants les plus fréquemment retrouvés sur les sites contaminés.
"Ces données ne sont pas complètement satisfaisantes. En effet, aucune étude ne présentait toute la robustesse souhaitée, déplore t-il, en termes de gestion des sites et sols pollués, il est à souligner que seule la démarche d'interprétation de l'état de milieux permet un ajustement à ces valeurs de quantité ingérée de sol plus faibles que celles classiquement retenues".