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La Polynésie française en route vers l'indépendance énergétique

En 2008, la dépendance énergétique de la Polynésie française était de 89 %. Le territoire envisage d'atteindre une proportion de production d'électricité d'origine renouvelable de 50 % pour 2020 et 100 % en 2030. Détails.

Energie  |    |  S. Fabrégat
   
La Polynésie française en route vers l'indépendance énergétique
© ema.nu.ele
   
Entre 2000 et 2008, la consommation dans les îles polynésiennes a augmenté en moyenne de 7,4 % par an (+76 % en 8 ans). Mais l'évolution de la consommation est très différente selon les archipels et les îles. La consommation dans les archipels des Tuamotu, des Australes et des Marquises reste faible, compte tenu du faible nombre d'habitants. Tahiti, en revanche, représente près de 80 % de la consommation électrique de la Polynésie française (+4 % par an ces 10 dernières années).

Une production dominée par le thermique

44 % de l'énergie primaire est destinée à la production d'électricité (149 kTep), 44 % aux transports (routier, maritime, aérien), 12 % aux autres secteurs (industrie, pêche, résidentiel, tertiaire). Le résidentiel consomme ainsi 21 % de l'énergie primaire, le tertiaire 6 %, l'industrie 27 %, les transports 43 %. 75,3 % de l'énergie produite est d'origine thermique (61 centrales), 22,4 % hydraulique (16 centrales dont 13 à Tahiti), 2,3 % à partir des autres ENR. En 2008, sur 490 GWh consommés à Tahiti, plus de 140 GWh ont été produits par l'énergie hydraulique, le restant provenant directement de centrales thermiques.
En 2008, les trois quarts de la production photovoltaïque était assurée par les installations en sites isolés (1.334) et un quart par les installations connectées au réseau. La puissance totale installée était de 2.458 kWc, soit 30 fois plus qu'en 1997.
L'éolien représentait 368 kW en puissance installée. Les 20.150 chauffe eau solaires installés en 2008 (contre 15.500 en 2007), ont permis d'éviter la consommation de 10.075 MWh.
Enfin, l'hôtel Intercontinental Resort and Thalasso Spa de Bora Bora, qui a ouvert ses portes en mai 2006, est entièrement climatisé grâce à son propre système Sea water air conditionning* (puissance de l'installation: 1,6 MW froid). Ce système permettrait d'économiser 80 à 90 % de l'énergie nécessaire à la climatisation par rapport à une centrale de climatisation classique à compression. La consommation d'électricité économisée est estimée à 2,4 GWh/an.

Un fort potentiel en ENR

Le scénario de référence prévoit une consommation de 600 GWh en 2020. Le territoire envisage d'atteindre une proportion de production d'électricité d'origine renouvelable de 50 % à cette échéance et 100 % en 2030. Il s'agit donc de produire entre 300 et 373 GWh d'électricité à partir des énergies renouvelables d'ici à 2020. Un objectif réaliste : la Polynésie française dispose en effet d'un potentiel exploitable en énergies renouvelables important et très varié.

La production d'énergie électrique à partir de l'hydraulique est actuellement au minimum de 140 GWh annuellement. Le potentiel global de production d'énergie électrique à partir de centrales hydrauliques non encore installées à ce jour est de 50 MW, pour une production annuelle estimée à 156 GWh.
Si l'on écarte les zones côtières, inaccessibles du point de vue foncier, et les récifs, qui posent des problèmes environnementaux, l'équipement d'environ 70km de crêtes à l'est de Tahiti offre un potentiel global de production pour l'éolien de 70 MW pour une production annuelle estimée à 140 GWh.
L'équipement en panneaux photovoltaïques de l'ensemble des toits de Tahiti représente un potentiel approximatif de production électrique de 78 MW pour plus de 115 GWh par an. Parallèlement, l'équipement de 100 hectares au sol en panneaux photovoltaïques offrirait un potentiel de production d'électricité de 100 MW pour près de 150 GWh par an.
Le potentiel de la biomasse est limité aux déchets. Il est estimé à 9 MW pour 50 GWh. Ce type de production électrique permettrait de résoudre en partie le problème du traitement des déchets et de l'espace occupé par les centres d'enfouissement techniques à Tahiti.
Le potentiel de production d'énergie électrique d'origine houlomotrice est estimé à 7 sites (Tahiti). La première centrale houlomotrice pilote de Papara représente un potentiel de 500 kW et 1,8 GWh garantis sur l'année. L'équipement des 4 sites les plus favorables représenterait un potentiel de 8MW pour 28 GWh garantis sur l'année pour Tahiti.
La climatisation à partir d'eau froide des profondeurs, en tant qu'énergie de substitution à l'énergie électrique, a un potentiel estimé à 38 GWh, soit environ 7 MW (3 zones sur Tahiti).
Enfin, l'huile de coprah pourrait alimenter les groupes des centrales thermiques qui utilisent actuellement du fuel. A l'horizon 2020, selon la programmation pluriannuelle des investissements de production d'électricité datant de mai 2009, 300 GWh seront toujours produits par les centrales thermiques sur Tahiti, ce qui représenterait 80 millions de litres d'huile de coprah, soit 130.000 tonnes de coprah par an. La Polynésie produit aujourd'hui moins de 10.000 tonnes par an, 25.000 tonnes à son maximum dans les années 60. Produire 100 % du combustible nécessaire à Tahiti pour les centrales thermique au fuel avec le coprah à l'horizon 2020 nécessiterait près de 13.000 hectares de cocoteraies actives pour une production 13 fois plus importante que la production actuelle.

Le potentiel de production d'électricité à partir de la géothermie, d'hydroliennes ou de l'énergie thermique des mers (ETM) est difficile à estimer aujourd'hui, d'autant que les deux dernières technologies manquent de maturité.

Maîtriser la demande en énergie

Au delà d'un fort développement des énergies renouvelables, la Polynésie française entend également maîtriser la demande en énergie. Le territoire souhaite lutter contre l'effet de pointe (en croissance moyenne de 3,9 % sur les 10 dernières années, la puissance de pointe représentait 94,6 MW en 2008) à travers la mise en place de tarifs encourageant les effacements et la mise en place de compteurs intelligents.
La Polynésie française souhaite encourager le développement d'équipements efficaces (chauffe-eau solaires, lampes basse consommation, appareils électroménagers…) grâce à des mécanismes de défiscalisation et/ou subventions mais aussi en envisageant des mesures d'accompagnement coercitives. Le territoire envisage ainsi d'interdire l'importation et la commercialisation des lampes à incandescences, de n'autoriser à l'importation que les appareils électroménagers qui soient au minimum de classe A (ou B), encadrer strictement, l'importation et la commercialisation de chauffe-eau électriques pour les réserver aux logements collectifs qui ne pourraient pas couvrir tous leurs besoins en chauffe-eau solaires…
Pour le secteur tertiaire et industriel, la Polynésie envisage la mise en place de certificats de performance énergétique des bâtiments et les obligations d'économie d'énergie auprès des vendeurs d'énergie (type CEE).


* L'eau de mer est puisée à 5°C à 915 m de profondeur, puis transférée par pipeline. Elle refroidit, grâce à un échangeur en titane, le circuit d'eau douce qui assure la climatisation de l'ensemble de l'hôtel. Le retour de l'eau à 14°C est réalisé à 45 mètres de profondeur.

Réactions5 réactions à cet article

chargé de coopération inter-îles/Mayotte, ARER

Bonjour,

Par quels moyens opérationnels le territoire compte-t-il interdire l'importation d'appareils électroménagers de classes médiocres? Les codes douaniers permettent-ils de différencier un classe A d'un classe C?
D'avance merci,
Pierre

Pierre | 16 février 2010 à 12h02 Signaler un contenu inapproprié
bientot les classes A seront les moins bons

Avec l'evolution des techniques les appareils de classe A sont déjà détrones par les classes A + A++ et bientot A+++. La difference entre un A et un A+ (ou entre un A+ et un A++ ou entre un A++ et un A+++) est la même qu'entre un A et un B actuels. Ce qui veut dire qu'un A actuel est en réalité un D ! Cela ne se sait pas trop car bien sûr cela n'arrange pas les constructeurs.

Pourvu que la Polynésie, qui m'apparait déjà comme un exemple, soit encore plus exigeante !

un avis parmi d'autres | 18 février 2010 à 08h57 Signaler un contenu inapproprié
Energie en Nouvelle Calédonie

Bonjour,

dans le prolongement de votre article, je vous fais part d'une information selon laquelle existe un très gros projet de construction d'une centrale thermique en Nouvelle Calédonie, à base de charbon importé !
Une démarche incomprise et chocante localement; pouvez-vous vérifier cette information, et le faire savoir si elle s'avère exacte ?

merci

plvidal | 18 février 2010 à 10h29 Signaler un contenu inapproprié
Re:Energie en Nouvelle Calédonie

Bonjour,

La situation de la Nouvelle-Calédonie est très différente : celle-ci est dépendante pour son énergie à près de 96 % ! L'électricité est très majoritairement produite à partir de fioul lourd et de charbon.
Cela s'explique en partie par la forte demande en électricité de l'industrie métallurgique (66 % de la consommation du territoire). La Nouvelle-Calédonie est en effet le quatrième producteur mondial de nickel. Et la construction de deux nouvelles usines de production s'accompagne effectivement de nouvelles centrales thermiques…
Récemment, la Nouvelle-Calédonie s'est rapprochée de la Réunion afin de bénéficier de l'expertise de cette dernière en matière d'énergies renouvelables. Aujourd'hui, seule l'hydroélectricité est réellement développée sur le territoire calédonien. Peut-être le point de départ du développement des ENR ?

Sophie Fabrégat | 18 février 2010 à 17h02 Signaler un contenu inapproprié
Re:Energie en Nouvelle Calédonie

Ce n'est pas UN projet qui existe en NC mais TROIS ! (Prony2, Doniambo, KNS)...

EPLP | 27 mai 2010 à 05h57 Signaler un contenu inapproprié

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