D'autre part, le nombre de salariés exposés aux solvants entre 1994 et 2003, est passé de 12,3% à 14,7%, principalement dans l'industrie et la construction (peintures, colles, etc.).
C'est dans ce contexte que l'Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) a commandé une enquête* réalisée par le cabinet spécialisé ALCIMED qui a permis de dresser pour la première fois une cartographie précise des 550.000 tonnes de solvants utilisés en 2004 en France. Il présente les tonnages de solvants par famille, par solvant à l'intérieur de ces familles et par type de préparation fabriquée en incorporant ces solvants.
L'étude de l'INRS a permis de constater d'une part que les solvants oxygénés ont une place prédominante, avec en premier lieu les alcools et les esters et d'autre part que les solvants halogénés sont peu consommés.
44% des solvants sont utilisés pour les peintures, vernis et encres, 17% dans la parfumerie et les cosmétiques, et 13% pour l'agriculture. L'étude révèle que l'utilisation de solvants neufs a baissé de 8% en 10 ans.
La diminution notable de la proportion des solvants halogénés est essentiellement attribuable aux mesures adoptées dans le cadre du Protocole de Montréal. Ces solvants nocifs pour l'ozone stratosphérique ont été substitués pour moitié en faveur des solvants oxygénés et pour moitié en faveur des solvants hydrocarbonés.
Pourtant, ces derniers ne sont pas forcément moins toxiques pour l'homme et son Environnement. Pour l'INRS, cette étude permet de constater d'importants décalages entre tonnages et connaissances, soulignant que les substances les plus utilisées n'étant pas nécessairement les mieux connues du point de vue toxicologique.
Plusieurs solvants très toxiques comme le perchloréthylène (utilisé par les pressings), le trichloréthylène (cancérigène de niveau 2) ou le dichlorométhane sont encore produits à plusieurs milliers de tonnes.
L'interdiction du dichlorométhane (15.000 tonnes utilisées comme solvants dans les décapants de peinture) est envisagée par le ministère de la Santé. Ce solvant lourd peut être mortel, lorsqu'il s'accumule en milieu très confiné.
L'intérêt de ces informations pour la prévention (réalisation de nouvelles études toxicologiques sur les solvants les plus utilisés, propositions de classification au niveau communautaire des substances préoccupantes et orientation des mesures d'expositions et des actions de prévention vers les secteurs les plus utilisateurs), a conduit l'INRS à proposer au ministère chargé du Travail de mener une enquête du même type sur l'ensemble des substances CMR (cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction) utilisées en milieu professionnel. Une convention s'inscrivant dans le cadre du Plan Santé au Travail 2005-2009 a ainsi été signée.
*L'enquête a été réalisée durant le second semestre 2004 au moyen d'un large panel d'entretiens individuels, le plus souvent téléphoniques, avec les acteurs du marché.
Le texte intégral de ce panorama est publié dans le dernier numéro de la revue Hygiène et sécurité du travail sous la référence ND 2230.