L'Indonésie possède près de 80% des dernières forêts tropicales primaires d'Asie du Sud-Est qui se trouvent sur les îles de Bornéo, de Sumatra et en Irian Jaya. D'après les Amis de la Terre, ce pays abrite 11% des espèces de plantes connues, 10% des mammifères et 16% des oiseaux. Les forêts primaires ne couvriraient qu' environ 48 millions d'hectares, soit une diminution de près de 70% par rapport à 1950, a indiqué l'organisation environnementale. L'équivalent d'un terrain de football de forêts disparaît en Indonésie toutes les dix secondes, soit deux millions d'hectares tous les ans. 90% des forêts indonésiennes ont été rasées, a-t-elle ajouté.
Les populations sauvages d'orangs-outans, espèces menacées, vivent aujourd'hui dans les derniers massifs de forêts tropicales au cœur des îles de Bornéo et de Sumatra. Il ne resterait plus aujourd'hui qu'entre 45.000 et 69.000 orangs-outans sur Bornéo et environ 7.300 sur Sumatra. Chaque année, 5.000 orangs-outans disparaissent, a prévenu l'organisation. D'après le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), les forêts de Sumatra et de Bornéo auront disparu à 98% en 2022 si des actions urgentes de préservation ne sont pas entreprises.
Selon les Amis de la Terre, les forêts d'Asie du Sud-Est sont coupées pour fournir du bois d'oeuvre, pour alimenter l'industrie du papier et aussi celles des biocarburants. L'ONG dénonce une exploitation ''illégale'' de bois précieux en Indonésie par les scieries et les usines de contreplaqué. Selon le PNUE, le trafic de bois aurait lieu à partir de 37 des 41 parcs nationaux indonésiens. Les plantations de palmier à huile utilisée dans l'industrie alimentaire, cosmétique et chimique et pour la fabrication de biocarburant s'étendent dans le pays et seraient responsables d'au moins la moitié de la réduction de l'habitat des orangs-outans entre 1992 et 2003, a indiqué l'organisation. Le dernier rapport des Amis de la Terre - Pays Bas publié le 3 juillet 2007 accusait Wilmar, une société de négoce d'huile de palme, d'exploiter illégalement les forêts tropicales, de provoquer d'immenses incendies et de violer les droits des communautés locales en Indonésie. La Banque Mondiale et de nombreuses banques européennes comme ING Direct, attirées par des taux de retour sur investissement élevés, financent les projets de déforestation de Wilmar, avait déclaré Sébastien Godinot, chargé de campagne sur les Acteurs Financiers aux Amis de la Terre France. Selon le PNUE, la superficie des plantations de palmiers à huile pourrait avoir triplé et atteindre 16,5 millions d'hectares d'ici 2020.
Les Amis de la Terre dénoncent également le récent engagement de l'Union Européenne à utiliser 10% de biocarburant dans le secteur du transport à l'horizon 2020. L'huile de palme indonésien pourrait être utilisée comme agrocarburant, en particulier pour les véhicules roulant au diesel qui sont très répandus en France, avait expliqué Sylvain Angerand, chargé de campagne Forêt aux Amis de la Terre France. Cet accroissement de la production pourrait signifier la disparition des dernières zones refuges pour l'orang-outan, a averti l'organisation.
* Agir pour l'environnement, Awely, Bruno Manser Fonds, Ligue des droits de l'animal, Help International, Kokopelli, Planète Urgence, Aves France, Biocoop, Ecologie sans frontières, Greenpeace, Jane Goodall France, One Voice, Secas, Société Nationale pour la Protection de la Nature.