D'après les scientifiques suisse Maurice Kottelat et allemand Jörg Freyhof, auteurs de l'étude, la croissance démographique et le développement de l'industrie et de l'agriculture depuis 100 ans seraient à l'origine du risque d'extinction des poissons d'eau douce d'Europe. Selon le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), ces facteurs ont entraîné la destruction de près de 60 % des zones humides d'Europe et le déclin des espèces d'eau douce à un rythme accéléré, a précisé l'UICN. Ces espèces sont un élément important de notre patrimoine et jouent un rôle vital dans les écosystèmes d'eau douce dont nous dépendons, par exemple pour l'épuration de l'eau et la maîtrise des inondations. Beaucoup peuvent être sauvées par des mesures relativement simples. Nous n'avons besoin pour cela que de la volonté publique et politique, a déclaré William Darwall, responsable du Programme pour les espèces de l'UICN.
D'après l'Union mondiale pour la nature, le prélèvement d'eau particulièrement important dans les régions sèches de la Méditerranée constitue la menace la plus grave. Les grands barrages ont également eu des incidences majeures sur les espèces halieutiques des grands fleuves et ont entraîné des extinctions locales de nombreuses espèces migratrices. De même que la gestion inadaptée des pêcheries (sur-pêche, introduction d'espèces exotiques et de leurs maladies) représente une menace d'extinction élevée. Les régions les plus à risque sont le cours inférieur du Danube, du Dniestr, du Dniepr, de la Volga et de l'Oural, la péninsule des Balkans et le sud-ouest de l'Espagne, a observé l'UICN.
Parmi les espèces menacées en Europe, figurent les anguilles dont le nombre est en chute libre et représente depuis 2000 entre 1 et 5% des niveaux pré-1980. Rappelons qu'en 2007, l'Union européenne a adopté une législation prévoyant des mesures de restauration des populations d'anguilles européennes et la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) a inscrit l'anguille à l'Annexe II. Le jarabugo dans le sud-ouest de l'Espagne et au Portugal qui a vu sa population diminuer de plus de 50% depuis 10 ans, se trouve aussi parmi les espèces les plus menacées d'Europe.
Selon l'UICN, des mesures doivent être prises afin de réduire la pollution, préserver les zones humides, et limiter les prélèvements d'eau des rivières. Il n'est pas trop tard pour sauver ces espèces si les gouvernements de l'Europe et l'Union européenne prennent des mesures dès maintenant. La négligence est la plus grave menace pour la faune ichtyologique européenne, ont souligné Maurice Kottelat et Jörg Freyhof. La conservation des poissons devrait être gérée de la même manière que celle des oiseaux et des mammifères, par des agences dédiées spécifiquement à la conservation et non comme une ressource exploitable, par des agences en charge de l'agriculture, ont expliqué les auteurs de l'étude.