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Lutte contre les insectes vecteurs de maladies : un enjeu de santé publique

Chikungunya, dengue, fièvre catarrhale ovine : la recrudescence de maladies transmises à l'homme et à l'animal sollicite la vigilance des pouvoirs publics. L'IRD vient de produire un état des lieux complet en France métropolitaine et dans les DOM.

Risques  |    |  A. Sinaï
   
Lutte contre les insectes vecteurs de maladies : un enjeu de santé publique
© Yaroslav Gnatuk
   
Ces dernières années ont été marquées par l'extension rapide de plusieurs maladies humaines et animales transmises par des insectes vecteurs comme des moustiques et des moucherons, ou par des tiques. Les alertes sur l'apparition d'épidémies rythment l'actualité et soulignent la difficulté d'anticiper ce problème de santé publique. L'épidémie du virus chikungunya, introduit à La Réunion et à Mayotte et qui a sévi jusqu'en avril 2007, a été de forte ampleur. Avec plus de deux millions de cas avérés et suspects dans le monde, un potentiel de transmission existe en métropole (sud-est), comme dans certaines zones d'Europe du sud en raison de l'implantation du moustique vecteur (Aedes albopictus). L'incidence de la dengue progresse depuis quelques décennies. Quelque 60 à 100 millions de personnes sont infectées, et la dengue peut être à l'origine de complications mortelles. Sans traitement ni vaccin, on parle de 20.000 morts par an. Quant au paludisme, il tue un à trois millions de personnes par an. 40% de la population mondiale sont exposés au risque de paludisme, y compris en Guyane et à Mayotte. La situation est préoccupante car les parasites résistent aux traitements, et les moustiques résistent aux insecticides. Aucun vaccin n'est aujourd'hui disponible. Autre exemple touchant les pays tropicaux mais également les pays méditerranéens, les leishmanioses affectent la santé des populations à hauteur de deux millions de cas dans le monde selon l'OMS.

Du côté des animaux, la fièvre catarrhale du mouton, due à un virus transmis par un moucheron, peut causer 60 à 70% de pertes dans certains élevages et génère des déficits commerciaux dus au coût de la surveillance, aux contrôles sanitaires et à la vaccination. Présente sur plusieurs continents, cette maladie a été observée dernièrement dans les pays d'Europe du Nord où les insectes vecteurs ont su résister aux hivers européens.

A la demande commune de cinq ministères français, l'IRD vient de publier dans le cadre de ses « expertises collégiales » un état des lieux complet et une analyse des dispositifs de lutte antivectorielle en métropole et dans les régions ultra-marines. La « lutte antivectorielle » a pour objectif de minimiser les risques épidémiques et de fixation endémique de ces maladies, et de diminuer la transmission d'agents pathogènes par des vecteurs. Il n'y a pas de raison que les vecteurs s'arrêtent aux frontières françaises, selon Didier Fontenille, qui a dirigé pour l'IRD cette expertise de huit mois.

Les défis à relever sont d'autant plus complexes que les changements globaux – climatiques, sociétaux, environnementaux – influencent considérablement les modes de transmission des maladies. Vecteur du chikungunya et de la dengue, le moustique tigre a tendance à coloniser la planète. En France, la lechmaniose se répand. Pour le moment, c'est une maladie du chien, mais, en Guyane, elle a été transmise à l'homme. Quant au chikungunya, on n'y échappera pas, y compris à Paris. Ce joli moustique rayé a déjà fait 260.000 cas à la Réunion et il est responsable d'une petite épidémie de dengue à Maurice. C'est un moustique très nuisant et urbain. Dans les Alpes-Maritimes, à Nice et à Menton, c'est un vrai problème de santé publique, selon Régine Lefait-Robin, chercheuse à l'IRD.

Quelle est la part des facteurs climatiques dans la diffusion de ces insectes ? L'environnement est en train de changer, il y a un réchauffement climatique, mais pas seulement, il y a aussi un changement d'organisation, par exemple la concentration des populations dans les villes. Les vecteurs eux-mêmes sont dépendants du climat, la réplication des vecteurs dépend aussi des températures. De nombreuses études sont en cours. L'une d'entre elles a démontré que le changement climatique n'entraînerait pas de risque de paludisme en Europe. En revanche, les lechmanioses sont beaucoup plus susceptibles d'apparaître, car elles ont une composante climatique, alors que le chikungunya a une composante liée au comportement humain, la dengue aussi. Les causes sont multifactorielles, le climat, l'urbanisation, la déforestation. Faire la part entre ces phénomènes n'est pas toujours simple… Globalement le changement des conditions de vie joue aussi, explique Didier Fontenille.

Cette expertise de l'IRD sur la lutte antivectorielle s'attache à définir des stratégies de prévention et d'organisation face au risque de propagation de maladies transmises par les insectes. Ces stratégies diffèrent selon que les maladies sont humaines ou animales. En milieu urbain comme en milieu rural, la stratégie vise prioritairement le contrôle des gîtes larvaires. L'un des avantages est de pouvoir ainsi identifier les espèces à cibler et l'étendue des zones à traiter et de mieux choisir les insecticides tout en réduisant les impacts sur l'environnement.

L'IRD préconise huit recommandations : créer un centre national d'expertise sur le risque vectoriel, redéfinir le cadre juridique de la gouvernance afin d'introduire une codification homogène et d'impliquer les collectivités locales, évaluer les interventions, soutenir la recherche fondamentale, améliorer la communication et la formation, et mutualiser les connaissances et les informations.

Réactions2 réactions à cet article

Chick

Un non dit concernant le chikungugna reste que celui-ci perdure et les crises sont récurrentes à chaque changement de saison. Personnellement, cela fait 3 ans que cette s.. me harcelle. Là ou le bât blesse un peu plus c'est lorsque l'on sait que les canadiens avaient découvert ce problème dès la fin du 19 ème siècle ! Rien n'a jamais été fait pour enrayé ce risque d'épidémie. Il aura fallu que kenyiens pointent le bout de leur nez aux comores pour que suive ce moustique. Enfin, les traitements effectués par la DAS restent hautement toxiques. En effet, depuis leur pulvérisations, les grenouilles, libellules (qui mange les moustiques) ont quasi disparu ! Ce parler des effets sur les personnes !

Bzzz | 23 juin 2009 à 06h41 Signaler un contenu inapproprié
Re:Chick

Bonjour,

C'est ce sur quoi je m'interrogeais. Justement, les moustiques ont une forte capacité d'adaptation. Utiliser des solutions chimiques et non naturelles pour éliminer ces insectes est une erreur. C'est renforcer les "anticorps" de ces derniers et produire l'escalade des répulsifs chimiques et toxiques.
Comment faites-vous pour vous protéger?

Rose | 23 juin 2009 à 15h41 Signaler un contenu inapproprié

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