Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Le prix du carbone pourrait atteindre entre 35 et 40 euros la tonne au cours des cinq prochaines années

Selon une étude de Carbon Tracker, les futures réductions de quotas liées au mécanisme de stabilité vont mécaniquement entraîner le décollage du prix du carbone sur le marché européen et accélérer la sortie du charbon.

Gouvernance  |    |  A. Sinaï

Le mécanisme de stabilité prévu pour résorber la surallocation de quotas qui noie actuellement le marché carbone européen pourrait faire l'effet d'une bombe. Il s'agit en effet rien moins que d'absorber 2,4 milliards de quotas d'ici à 2023. En propulsant vers des sommets le prix de la tonne de CO2 aujourd'hui anormalement bas, le mécanisme de stabilité aura pour vertu de valoriser le gaz au détriment du charbon et de soutenir les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique.

C'est ce que révèle une étude de Carbon Tracker (1) qui estime que le prix de la tonne de carbone atteindra jusqu'à 40€ dans les cinq prochaines années, 25€ dès fin 2018, soit 10€ de plus qu'estimé en avril dernier dans un précédent rapport du think tank.

Selon l'auteur de ce rapport, Mark Lewis, directeur de la recherche sur le carbone à la Deutsche Bank, cette évolution soudaine des prix anticipe les futures réductions de quotas de carbone pour la période 2019-2023, estimées à environ 1,4 milliard de tonnes. Cette évolution est déjà perceptible sur un marché de plus en plus volatil et à la hausse : le prix de la tonne de CO2 s'y établit à 18€ en août 2018, soit un niveau multiplié par trois en un an.

Le temps de la surabondance des quotas se termine

D'autant que les crédits carbone générés par le protocole de Kyoto ne sont plus disponibles : au cours de la période 2014-2016, les industriels en détenaient encore un nombre important, mais ils ont maintenant épuisé leur quota total.

En outre, le nombre total de quotas en circulation est inférieur aujourd'hui à celui de 2014-16 et va diminuer rapidement en raison de l'entrée en vigueur du mécanisme de stabilité à partir de 2020. Lorsque la réduction du nombre de quotas a commencé en 2014, leur quantité représentait 2.209 millions de tonnes de CO2 (MtCO2), soit environ 550 millions de plus qu'actuellement. Selon l'étude de Carbon Tracker, sur la période 2019-2023, ce volume global chute de 1.222 MtCO2. Il n'a baissé que de 23% entre 2014-2016, alors qu'il devrait se contracter de 70% entre 2019-2023.

La hausse des prix du carbone qu'entraînerait cette contraction de quotas accélèrerait, selon le rapport, un changement de combustible en faveur du gaz dans les pays de l'Union européenne (UE) disposant d'une capacité encore inutilisée de production d'électricité par les centrales à gaz (Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas).

40€ la tonne : un point de bascule à atteindre pour réduire les émissions de l'UE

Le prix du carbone dans l'UE pourrait s'établir en moyenne entre 35 et 40 euros la tonne au cours des cinq prochaines années, révèle l'étude. Avec un tel prix, l'Europe pourrait réaliser des économies d'émissions d'environ 400 millions de tonnes de carbone (2019-2023), soit 80 millions de tonnes par an. Selon les projections, 60 millions de tonnes d'émissions se produiront en 2019, 90 millions de tonnes par an en 2019-22, puis 70 tonnes en 2023 et 30 tonnes en 2024. Si la valeur des quotas devait déclencher la substitution des carburants, les prix de l'électricité augmenteraient également, ce qui inciterait davantage à réaliser des économies d'énergie.

La hausse du prix du carbone accélère la substitution du charbon par le gaz

Les prix du carbone sont de 35 € la tonne dès 2019, de 40 €/t en 2020-21, puis de retour à 35 €/t en 2022-23. Carbon Tracker estime que les deux tiers des réductions d'émissions sur la période 2019-2023 relèveront du passage du charbon au gaz et un tiers de l'efficacité énergétique en réponse aux prix de l'électricité plus élevés causés par le changement de carburant. Les centrales thermiques au taux d'efficacité de 38% et moins seront remplacées par les centrales à gaz avec un taux d'efficacité moyen de 48% et au-delà. A horizon 2020-22, les centrales à gaz permettront de réaliser 60 millions de tonnes de réduction des émissions.

Cette commutation entre le charbon et le gaz ne peut se produire que dans les cinq pays de l'UE dotés de potentiels de bascule du charbon au gaz : Allemagne, Espagne,Italie, Pays-Bas et Royaume-Uni. Au Royaume-Uni, le gaz arrive déjà devant le charbon en raison de la taxation du carbone domestique.

Au cours de la seconde moitié de la phase 4 (2021-2030) du marché européen de quotas (European Union Trading Scheme, dit UE ETS), les besoins en quotas de CO2 annuels des installations industrielles sont beaucoup plus faibles, les déficits croissants du secteur de l'aviation désormais concerné par le marché carbone devenant le principal moteur de la demande de quotas de CO2. Le coût des énergies renouvelables et des technologies de stockage d'énergie continuera à baisser au cours de la prochaine décennie, dans un contexte porté par les politiques de sortie du charbon, en Allemagne en particulier.

1. Télécharger l'étude (en anglais)
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-31866-etude-carbon-tracker.pdf

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

BWT OPTIVAP, l'optimisation du traitement d'eau des chaudières vapeur BWT France
Votre conseil en droit des problématiques Énergies-Climat Huglo Lepage Avocats