Venue le 19 juillet dans les Hautes-Pyrénées assister à un lâcher de bouquetins sur le plateau du Clot, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a déclaré qu'elle s'opposait à l'introduction d'un deuxième ours brun dans ce département.
"Le territoire des Pyrénées n'est pas adapté à la réintroduction de l'ours. Il n'y aura pas de réintroduction qui menace le pastoralisme. Il faut trouver un juste équilibre. Quand il y a du pastoralisme, ma priorité va au pastoralisme. Quand il y a des réintroductions d'espèce sauvages en voie de disparition, il faut le faire dans des espaces où il n'y a pas de conflit autour de l'usage de l'espace", a indiqué la ministre, selon le quotidien régional La Dépêche (1) .
Cette déclaration a aussitôt provoqué la colère de l'association de protection de l'ours Ferus qui a demandé le 21 juillet dans un communiqué "la démission" de la ministre car "elle n'a rien compris et n'y connaît rien". "Déclarer «le territoire des Pyrénées n'est pas adapté à la réintroduction de l'ours», c'est méconnaître la plus élémentaire réalité biologique, faire un déni sur la réussite du renforcement du noyau central et sur l'action positive de ses prédécesseurs et ignorer les travaux et recommandations scientifiques les plus récentes établis par le Muséum national d'Histoire Naturelle à la demande de son ministère", dénonce l'association.
Dévoilées fin janvier dernier, les conclusions du rapport d'expertise du Muséum, commandé en mai 2013 par le ministère préconisaient en effet le lâcher à courte échéance de six ourses dans le massif des Pyrénées, quatre femelles en Pyrénées occidentales et deux femelles pleines en Pyrénées centrales. Les experts ont également préconisé une autre vague de 17 réintroductions à long terme. Fin 2012, la Commission européenne a ouvert une procédure d'infraction contre la France pour "manquement à ses obligations de protection" de l'espèce. Aujourd'hui, 24 ours seraient recensés dans les Pyrénées françaises et espagnoles.
Remise en cause du Plan Ours promis par Martin
Ségolène Royal fait un pied de nez à son prédécesseur Philippe Martin qui avait pourtant confirmé en février dernier l'élaboration d'un nouveau plan Ours en 2014 après concertation. "J'ai demandé au préfet d'élaborer le volet «ours» qui est, comme l'a dit le Premier ministre au mois d'avril dernier, un aspect de la stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité", avait déclaré le 18 février M. Martin, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Des travaux sont en cours au sein du Comité de massif pyrénéen pour l'élaboration du futur plan.
"Ségolène Royal a tout faux ! (…) Se permettre de prendre des décisions sans avoir pris la peine d'étudier ses dossiers est très grave et lourd de conséquences catastrophiques", a critiqué Ferus. Même son de cloche de la part de l'association du Pays de l'ours-Adet qui estime que les propos de la ministre "opposant encore en 2014 l'Homme et la Nature" sont "irresponsables et dangereux". Selon l'association, "elle renie ses propres experts (...), elle méprise les obligations internationales de la France et la mise en demeure de la Commission européenne".
Le 28 juin, plus de 2.000 éleveurs, agriculteurs et chasseurs ont dénoncé à Foix (dans l'Ariège) "l'ensauvagement" de la montagne et les "contraintes" pesant sur leurs activités en raison, selon eux, des mesures de protection de l'ours, du vautour et du loup. Début juillet, la ministre a annoncé des assouplissements en vue de faciliter les prélèvements de loup.