Lancé en juin 2008, le programme européen EPOCA (European Project on Ocean Acidification), coordonné par le CNRS, d'une durée de 4 ans, vise à mieux comprendre les effets encore mal connus de l'acidification des océans - provoquée par l'absorption dans la mer du CO2 de l'atmosphère - et ses conséquences sur l'environnement. Selon les scientifiques, l'acidification menace en effet les récifs coralliens qui sont déjà victimes du blanchiment liée au changement climatique mais aussi le processus de calcification permettant aux organismes calcificateurs, de fabriquer leurs squelettes externes ou coquilles. Conséquence : ces organismes à squelette calcaire (les coraux, les mollusques…) croissent moins vite quand le pH est plus faible.
Les membres du projet européen EPOCA ont présenté à Copenhague un guide destiné aux conseillers et décideurs politiques qui ''prend acte des dernières avancées scientifiques sur l'acidification des océans et décrit les étapes qui seront nécessaires à l'arrêt de son accélération''. Sa réalisation a été financée par ''Natural England'' et EPOCA. Pour Jean-Pierre Gattuso, coordonnateur d'EPOCA et océanographe au Laboratoire d'océanographie de Villefranche (CNRS, UPMC), ''le problème de l'acidification de l'océan n'est contesté par personne, même si l'ampleur de ses effets sur les organismes marins et de son impact socio-économique restent mal connus. Ce guide a pour objet de faire comprendre aux décideurs que les négociations sur les émissions futures de CO2 doivent prendre en compte non seulement le changement climatique mais aussi le problème de l'acidification des océans''.
Si l'acidité de l'eau de mer a augmenté de 30 % depuis le début de la période industrielle, il y a 250 ans, elle pourrait augmenter de 120 % d'ici à 2060, ''soit un niveau supérieur à ceux qu'a connu notre planète au cours des 21 derniers millions d'années'', ont prévenu les scientifiques dans ce guide. ''D'ici 2050, les récifs coralliens vont se trouver dans des eaux inhospitalières (plus chaudes et plus acides), qui menaceront leur rôle de protection contre les effets destructeurs de la houle et des tempêtes. D'ici 2100, 70 % des coraux profonds seront dans des eaux corrosives pour leur squelette'', ont-ils ajouté.
Les membres du projet EPOCA appellent à une réduction ''importante et immédiate'' des émissions de dioxyde de carbone (CO2) qui, selon les scientifiques, ''est nécessaire pour limiter significativement l'acidification des océans et empêcher l'extinction d'espèces marines, des risques sur la sécurité alimentaire et des conséquences socio- économiques significatives''.
Article publié le 11 décembre 2009