Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Affichage publicitaire : les paysages oubliés ?

Les panneaux publicitaires ont encore de beaux jours devant eux. La réforme de l'affichage publicitaire, qui entre en vigueur le 1er juillet prochain, ne devrait finalement entraîner que très peu de changements. Explications.

Aménagement  |    |  L. Radisson

Engagement du Grenelle, le décret qui met en œuvre la réforme de la réglementation applicable à la publicité extérieure est paru le 31 janvier au Journal officiel. La mise en consultation du projet par le ministère de l'Ecologie en février 2011 avait suscité de vives critiques de la part des associations, mais aussi des professionnels de la publicité, qui avaient dénoncé une menace directe sur les 15.000 emplois générés par le secteur.

Aujourd'hui, les critiques des premières redoublent, tandis que les seconds, tout comme les ministères signataires, restent extrêmement discrets.

Le Grenelle assassiné ?

Pour quelles raisons ? Il semble que le contenu du décret, entre la version mise en consultation l'année dernière et sa version définitive, ait sensiblement évolué, mais pas dans le sens préconisé par les associations. Ainsi, Paysages de France extrêmement remonté, dénonce l'assassinat du Grenelle. "La responsabilité de cet assassinat incombe directement à un gouvernement qui s'est fait le complice attentif du travail de sape poursuivi par les afficheurs depuis plus d'un an", fulmine l'ONG.  Tout comme le Collectif des déboulonneurs qui s'interroge : "alors, ce Grenelle de l'environnement, protection des paysages ou des intérêts des copains ?".

Les professionnels, regroupés au sein de l'Union pour la publicité extérieure (UPE), comprennent la colère des associations. Mais, là où Paysages de France dénonce trois années de concertation "bidon" et où le Collectif des déboulonneurs pointe "le silence radio" du Gouvernement après la fin de la consultation sur le texte, Stéphane Dottelonde, président d'UPE, estime lui que "le débat n'a pas été tronqué". Les différentes parties prenantes (parlementaires, élus locaux, associations, professionnels…) se sont exprimées selon ce dernier. Le décret serait le fruit d'un compromis entre ces parties prenantes, de la même manière que cela existe pour l'adoption des règlements locaux de publicité.

L'explication de la fronde viendrait du fait que la première version proposée à la consultation était une version "exclusivement ministère de l'Ecologie", alors que la version finale est interministérielle. Pas moins de quatre ministres (écologie, intérieur, économie et culture) ont effectivement cosigné le texte. Paysages de France confirme une perte d'influence de l'Ecologie au profit de Bercy qui "aura systématiquement apporté sa contribution aux offensives conduites en vue de dépecer le projet et ce jusqu'au dernier moment, dans l'enceinte du Conseil d'État".

Progression du chiffre d'affaires

Au final, Paysages de France estime que pourront continuer à être installés massivement des enseignes murales géantes ainsi que des centaines de milliers de panneaux publicitaires "4x3" scellés au sol, dans le paysage quotidien de 40 millions de Français, et cela, jusque dans les parcs naturels régionaux (PNR), les secteurs sauvegardés, le champ de visibilité des monuments historiques, les zones de protection du patrimoine urbain et paysager, etc.

Pour le Collectif des déboulonneurs, parmi "les reculs les plus flagrants introduits dans cette version" figurent les écrans numériques de grand format de 8 m2, et même de 50 m2 autour des aéroports, les bâches de chantier qui pourront supporter 50% de publicité, la mesure de limitation de la densité des panneaux "vidée de son contenu" selon le collectif. De même que le mobilier urbain, qui n'est pas concerné par l'extinction pour les économies d'énergie et pourra supporter de la publicité numérique.

Les professionnels de la publicité ne voient effectivement plus dans ce texte la menace qu'ils dénonçaient il y a un an. "La visibilité réduite du secteur dépend plus aujourd'hui de la situation du marché que de la réglementation", reconnaît Stéphane Dottelonde.

Tenant à rassurer la députée Maryse Joissains-Masini (UMP – Bouches-du-Rhône), soucieuse des "enjeux économiques et sociaux" de la publicité extérieure, la ministre de l'Ecologie elle-même, ne déclarait-elle pas, le 30 août dernier, que la remontée des données recueillies par les directions départementales du territoire (DDT), croisée avec les chiffres fournis par le ministère de l'Economie, "fait apparaître un taux très faible (de 5 à 15%) de dépose ou de mise en conformité du parc publicitaire existant du fait du projet de décret. Ce taux est nul pour ce qui concerne le mobilier urbain qui n'est pas impacté par le décret. Par ailleurs, un développement important de secteurs comme ceux du micro-affichage, des bâches, des dispositifs innovants, des publicités sur aéroports ou gares est prévu, permettant d'envisager une progression de 10 à 30% des chiffres d'affaires des entreprises investissant dans ces domaines d'activité".

Réactions5 réactions à cet article

C'est lamentable. La publicité est une calamité, depuis le temps que Paysages de France, et les Casseurs de Pub se battent là-dessus ! Et rien n'avance. On ne fait que reculer !!
Nous sommes en crise, il parait donc augmentons les budgets de pub, consommons !! consommons !!!
Avec les + 30 % de bétonnage pour l'immobilier, elle va être belle la France ...

Caroline | 02 février 2012 à 12h23 Signaler un contenu inapproprié

Dans le monde de l'écologie on disait souvent que le Grenelle n'avait été qu'une mascarade.
Ce dernier coup porté aux sites naturels et urbains le confirme.
Comme pour les éoliennes les affairistes font la loi ,au sens propre.

nature | 02 février 2012 à 15h04 Signaler un contenu inapproprié

Il est vrai que le Grenelle (... ?) n'aura été intéressant que dans la démarche proposée, pas ou peu dans le contenu.
Et que sur certains sujets, c'est carrément la régression. Sur celui ci j'aurai plutot cru au Grenelle de la Pub qu'à celui de l'Environnement.

Antoine | 02 février 2012 à 15h43 Signaler un contenu inapproprié

Aucune illusion sur NKM et l'environnement: pour elle, très liée au monde de l'économie numérique (elle en fut la ministre! et en France, c'est notoire depuis très longtemps, un ministre ne sert pas la population, il sert les acteurs du domaine qui lui est confié).
La campagne, c'est de belles images publicitaires, tout comme le dispositif débile de l'affichage environnemental qu'elle nous inflige dans un autre chapitre du fa(u)meux Grenelle...

Albatros | 02 février 2012 à 17h43 Signaler un contenu inapproprié

Il est loin le temps où M Sarkozi nous promettait des éoliennes dans les friches industrielles....Elles sont maintenant au sommet des petites montagnes,devant les plages ou derrière celle-ci.Comme les panneaux publicitaires,où va-t-on les mettre ? Où est leur place,sinon à l'entrée des villes,comment savoir où se trouve un magasin si il n'est pas indiqué ? La ville perd son attrait commercial,il faudrait choisir entre une ville sans pub et une autre avec pub;pour moi le choix est fait.Pour les villes touristiques,il en sera tout autrement,on va voir de belles choses et on a des rues remplies de "marchands du temple"qui vendent de tout et n'importe quoi...

Gdid | 30 avril 2014 à 10h13 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question au journaliste Laurent Radisson

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires