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Actu-Environnement

Vers un nouveau plan Ecophyto en 2015

Lancé fin 2008, le plan Ecophyto visant à réduire de moitié l'usage des pesticides en 2018 "n'a pas eu les résultats espérés". Tel est le constat du rapport de Dominique Potier qui formule 68 préconisations pour inverser la tendance.

Missionné fin mai dernier, Dominique Potier, député PS de Meurthe-et-Moselle, a remis ce mardi 23 décembre au Premier Ministre son rapport d'évaluation et de révision du plan Ecophyto lancé en 2008 par la précédente majorité, dans le cadre du Grenelle. Ce plan visait à réduire de moitié si possible le recours aux pesticides d'ici 2018.

Ce rapport intervient alors qu'au niveau national, l'utilisation des produits phytosanitaires dans les zones agricoles a de nouveau augmenté de 9,2% en 2013 (1) par rapport à 2012, selon les chiffres publiés par le ministère de l'Agriculture ce 23 décembre. L'année 2013 a été marquée par "une forte pression des maladies fongiques sur l'ensemble des cultures" favorisées par les conditions climatiques qui ont accéléré l'usage des pesticides, souligne le ministère. Entre 2012 et 2013, le recours aux insecticides a diminué de 8,7%, tandis que le recours aux fongicides et aux herbicides a augmenté respectivement de 8,7% et 13,2%.

Efficacité du réseau de fermes Dephy

En 2012, le recours aux phytos avait pourtant baissé de 5,7% par rapport à 2011, s'était félicité le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll en saluant la mise en place des outils du plan (Certiphyto, fermes pilotes Dephy, publication de bulletins de santé du végétal…). Si certains réseaux d'exploitations agricoles (fermes Dephy) parviennent à réduire leurs utilisations de produits phytosanitaires, les objectifs restent loin d'être atteints. Alors que près de 2.000 fermes du réseau Dephy sont recensées en 2013, "le nombre de traitements moyen depuis l'entrée des fermes dans le réseau a diminué en 2013 de 12% pour les grandes cultures et la polyculture-élevage et de 11% pour l'arboriculture", précise le ministère. Des résultats "encourageants" ont été observés pour les fermes Dephy "souvent engagées dans des démarches agro-écologiques" tout en "conservant de très bons rendements", souligne-t-il. Le poste "herbicides" reste néanmoins "le plus difficile à réduire" dans ces fermes.

En octobre 2012, Stéphane Le Foll proposait déjà de réorienter le plan Ecophyto afin d'encourager de nouvelles pratiques agro-écologiques. A mi-parcours du plan, ses outils restent que très "marginalement appropriés par les agriculteurs", a reconnu ce mardi le ministère.

Optimiser le plan Ecophyto via l'agro-écologie

Baptisé "Pesticides et agro-écologie : les champs du possible", le rapport de Dominique Potier entend inverser la tendance et formule 68 recommandations (2) pour mettre en œuvre une nouvelle version du plan Ecophyto prévue en 2015. M. Potier propose de maintenir "l'objectif grenellien mais en le réalisant en deux temps d'ici 2025". Dans son rapport, il considère "qu'il ne faut pas abandonner le plan au nom de son apparente inefficacité, mais plutôt le reconcevoir en étendant son emprise à des leviers nouveaux, et en améliorant sa cohérence avec l'ensemble des politiques publiques et stratégies économiques ayant un lien direct ou indirect avec les pratiques phytosanitaires".

M. Potier formule deux niveaux de recommandations. Le premier concerne les solutions "pratiques" qui "permettront de franchir un premier cap" de 25% de réduction des usages d'ici cinq ans. Pour ce faire, le député mise sur les évolutions "techno-scientifiques" économisant les intrants. Il table sur le "renouvellement des agroéquipements" (pulvérisation de précision, matériels de désherbage) qui permettent  notamment de réduire les pertes de produits jusqu'à 40% dans les vignes. Il s'agit également de développer les alternatives aux pratiques conventionnelles : nouvelles technologies de biocontrôle (insectes, substances naturelles…) permettant de se substituer à un produit biocide, utilisation des variétés résistantes aux maladies permettant des économies de fongicides.

Pour "accélérer la diffusion et la mise au point de ces innovations", le rapport appelle à renforcer et compléter l'accompagnement technique des agriculteurs et gestionnaires d'espaces. "Les dispositifs déjà mis en place par le plan tels que Bulletin de santé du Végétal (BsV), réseaux Dephy, Certiphyto doivent évoluer de façon à décupler le nombre des praticiens pionniers". Les "synergies entre le plan Ecophyto et les dispositifs qui concourent à ses objectifs" - mesures agroenvironnementales (MAE) dans la Politique agricole commune 2015, groupements d'intérêt écologique et environnemental (GIEE) dans la loi d'avenir agricole, plans "protéines" et "Ambition bio 2017" - doivent être" accrues", préconise-t-il.

Le député mise également sur l'expérimentation des certificats d'économie de produits phytosanitaires (CEPP) prévus par la loi d'avenir agricole, pour accélérer la diffusion des techniques de réduction des usages des pesticides. Il recommande que l'expérimentation de ces certificats soit mise en place selon un "dispositif simplifié", en préférant à un marché ouvert des relations contractualisées entre distributeurs et structures éligibles.

Diversité des cultures et rotation

Le second niveau de recommandations à l'horizon 2025 vise "à changer la donne" en faisant évoluer l'écosystème agricole et alimentaire. "La mesure phare, c'est l'agronomie, la diversité des cultures et la rotation", a déclaré M. Potier à Actu-Environnement. Le verdissement des aides de la PAC à compter de 2015 doit favoriser ces cultures.

Le défi français de "50% des exploitations en agro-écologie en 2025", défendu par Stéphane Le Foll, "justifie un effort à notre portée", estime M. Potier. Ce qui nécessite un "accompagnement" des agriculteurs dans leur projet de transition agro-écologique, en certifiant un type de conseil agricole spécifique. "Il s'agit de passer de l'accompagnement des 3.000 exploitations à venir du réseau Dephy à plus de 30.000 exploitations bénéficiant d'un conseil certifié", a précisé M. Potier. Soit multiplier par 10 le nombre d'agriculteurs formés.

"Zéro phyto" dans les jardins

"L'usage des pesticides est à 95% agricole et 5% non agricole", a-t-il rappelé. Dans les zones non agricoles (jardins publics, cimetières...), l'utilisation des produits phytosanitaires a baissé de près de 8% en 2013, selon le ministère de l'Agriculture. Une évolution encourageante alors que la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal envisage d'interdire l'usage des pesticides dans les jardins publics fin 2016 par les collectivités, via le projet de loi sur la transition énergétique. Ce que salue M. Potier. Il demande de ne plus autoriser la vente en libre service des produits interdits en 2022 dans les jardins et espaces publics.

Côté financements : le député appelle à porter la contribution de la redevance pour pollutions diffuses au financement direct du plan Ecophyto "au minimum à 100 millions d'euros", en y affectant l'augmentation de recette résultant de l'extension de son assiette. Le plan Ecophyto est actuellement doté d'un budget annuel de 41 millions d'euros.

Les recommandations de ce rapport seront "analysées et serviront de socle au lancement d'un nouveau plan Ecophyto" en 2015, a indiqué le ministère de l'Agriculture.

1. Consulter les chiffres 2013 du ministère de l'Agriculture
http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Note_de_Suivi_Ecophyto_2014_cle05a461.pdf
2. Télécharger le rapport de Dominique Potier
http://www.dominiquepotier.com/UserFiles/File/rapport-dpotier-pesticides-et-agro-ecologie-basse-def.pdf

Réactions10 réactions à cet article

Echec patent et catastrophique pour la santé des hommes et la survie de la nature :tout est pollué par les agrochimistes :la terre ,l'eau et même l'air .
Qu'en pense la FNSEA ?

sirius | 25 décembre 2014 à 19h54 Signaler un contenu inapproprié

La solution, Interdire les pesticides et employer les chômeurs au sarclage manuel comme au bon vieux temps. Pour les insectes, cétoines hannetons papillons, etc., les supporter, ils ne sont pas si néfastes que cela et sont régulés par les oiseaux.

Absalon | 30 décembre 2014 à 10h05 Signaler un contenu inapproprié

je pense que (d'après l'article ci-dessus) ce qu'il semble manquer dans ce rapport est la prise en compte et le besoin d'évolution des filières alimentaires et de l'éducation du consommateur. par exemple, si les super marchés refuse des fuits et légumes qui ne sont pas "parfaits", une grande quantité de ces productions obtenues avec moins de pesticides ne pourra pas être vendue par profession agricole qui de ce fait est "poussée" à produire avec des pesticides leur garantissant des fruits et légumes "impeccables" ....

AB | 30 décembre 2014 à 10h42 Signaler un contenu inapproprié

Ce qu'on a pu écrire comme c****ries, sous le volontarisme agité du petit père Sarkozy qui pense toujours qu'on peut "résoudre les problèmes" en mettant tout le monde dans une pièce et en les forçant à une "décision".
Ce plan écophyto ignore totalement les impondérables climatiques (année humide = champignons) et certaines réalités (même en "bio" on a besoin de lutter pour préserver les récoltes au moyen de l'emploi de substances chimiques - Monsanto a enregistré des molécules agréées pour le "bio", vérifiez sur le site Ecocert).
Il faut tout de même rappeler que les biocides qui ne tuent pas n'ont pas encore été inventés... Par contre, il existe des techniques pour les utiliser rationnellement et ce sont ces techniques que le "plan écophyto" doit encourager, pas les incantations stériles.
Nombre de substances sont interdites ou en voie de l'être, ce qui est parfaitement normal.

Albatros | 05 janvier 2015 à 12h01 Signaler un contenu inapproprié

Les pesticides sont utiles pour lutter contre les "pestes". Les biocides sont utiles s'ils sont utilisés en conscience de leurs puissantes fonctions : là où il faut, quand il faut, au contact des êtres nuisibles à la production recherchée par les Hommes et non pas au contact des Hommes sensibles à la molécule. Oui, il faut de la science. La science n'est pas une religion. Beaucoup de connaissances sont accessibles. Il nous reste à agir en responsabilité. J'entends certains me dire que des salariés ont suivi les stages Ecophyto et qu'ils s'en moquent : à chacun son intelligence. Si l'Homme s'est multiplié à devenir impérialiste c'est grâce à l'eau, aux aliments, aux techniques et pas seulement à l'équilibre de la "mère Nature". Nous mettons l'Homme en prédateur final, et il est compréhensible que la régulation, par la mort ou la non-reproduction, s'applique : les biocides interviennent. L'Homme a défini des morales, mais l'Humanité n' est pas encore structurée.

biologiegignac | 05 janvier 2015 à 17h28 Signaler un contenu inapproprié

Les stages Ecophyto sont une vaste fumisterie, pas étonnant que les salariés en ressortent en rigolant... Il y a vraiment de quoi se moquer (des stages et de leur contenu, pas de la question sérieuse d'un usage conséquent des substances dangereuses nécessaires).

Albatros | 05 janvier 2015 à 18h23 Signaler un contenu inapproprié

Ce billet est un peu fourre-tout. Cela a ses avantages et inconvénients.

« Lancé fin 2008, le plan Ecophyto visant à réduire de moitié l'usage des pesticides en 2018 "n'a pas eu les résultats espérés" » ?

Ben oui ! Le concept de ce plan avait été concocté en dépit du bon sens par un gouvernement (lire : un omniprésident) désireux de s'afficher plus vert que vert et prêt à sacrifier l'agriculture à la paix sur le nucléaire (cela a été confirmé par M. François Fillon). Et l'objectif de réduction a été le fruit d'un marchandage plutôt que d'une analyse objective.

Et quand on fixe des objectifs surréalistes, il ne faut pas s'étonner que les résultats ne soient pas à la hauteur.

Ben non ! Des progrès ont été faits, certains par la force des choses, du fait de l'évolution technique, d'autres par la volonté politique (le retrait des substances problématiques par exemple) et d'autres encore grâce à l'élan d'Écophyto, la formation par exemple (même si beaucoup de stages sont une fumisterie).

Wackes Seppi | 06 janvier 2015 à 17h02 Signaler un contenu inapproprié

Ce rapport n'est pas inintéressant. Il comporte beaucoup de bonnes choses, mais aussi beaucoup de verbiage creux.

Le plus décevant est le déni de réalité sur l'irréalisme de l'objectif des -50 % :

« La mission propose de maintenir le cap d’une réduction de moitié des utilisations de phytosanitaires, selon une trajectoire en deux temps: - 25% en 2020 et - 50% à l’horizon 2025. »

Les observateurs avertis savent que cette réduction n'est « possible » que moyennant une chute des productions. Il y a un gros document de l'INRA sur ce sujet. De son résumé en huit pages :

« Les résultats font apparaître que l’engagement du Grenelle de l’environnement de réduire les pesticides de moitié en moyenne par rapport au niveau actuel est un objectif ardu. Il pourrait correspondre, en année moyenne semblable à l’année 2006, aux résultats d’une simulation dans laquelle toute l’agriculture française passerait en production intégrée (N2c) : la baisse de la pression pesticide est estimée alors à 50% en grandes cultures, 37% en viticulture, 21% en arboriculture, et 100% sur les prairies ; des baisses de production (en valeur) seraient alors observées, estimées à 12% en grandes cultures, 24% pour la viticulture et 19% pour les fruits (sur la base des prix 2006). »

Question : -50 %, est-ce compatible avec la réalité économique et sociale ?

Attention : l'agriculteur peut avoir intérêt à baisser sa production. Mais est-ce compatible avec les enjeux nationaux ?

Wackes Seppi | 06 janvier 2015 à 17h05 Signaler un contenu inapproprié

Le rapporteur avait l'occasion de revenir sur ce fétichisme du volume :

« ... lors des auditions menées par la mission, de nombreux interlocuteurs, notamment du monde agricole, ont insisté sur le fait que la directive porte sur la réduction des risques et des impacts, la réduction des quantités utilisées n’en étant qu’une conséquence.

« Il est donc nécessaire que l’objectif de réduction quantitative des utilisations soit mis en perspective d’une diminution des risques et des impacts. Toutefois, l’expérience passée montre que la mise au point d’indicateurs d’impact pertinents s’avère difficile et prend beaucoup de temps. »

Il n'en a rien été. Et c'est fort dommage.

Cela aurait aussi pu contribuer à la nécessaire pédagogie à l'intention du grand public.

La dernière phrase de la citation est un cache-misère bien étriqué. Les indicateurs existent. L'un s'appelle EIQ, environmental impact quotient.


Petit rappel, surtout à l'intention de ceux qui voudront me traiter de noms d'oiseau : quand on passe de la viticulture raisonnée au biologique, on augmente la quantité de pesticides utilisés...

Wackes Seppi | 06 janvier 2015 à 17h06 Signaler un contenu inapproprié

Les obscurantistes sont toujours présents, avec quelques faux-semblants d'intérêt. Mais toujours le même débit d'absurdités, ils ont cité Monsanto sans parler d'OGM, c'est leur seule lucidité!
Mais quel agronome ou agriculteur pourrait prétendre planifier la baisse de pesticides ou de rendement avec des données aussi précises, un rat de laboratoire peut-être, personne de vraiment compétent c'est sûr.

JFK | 07 janvier 2015 à 19h33 Signaler un contenu inapproprié

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