C'est ce qu'indique un rapport réalisé par l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (Ifpri) pour le compte de la Commission européenne, le premier d'une série de quatre demandé par les 27 Etats membres et le Parlement européen. Publié vendredi 26 mars sur le site de la Direction générale du commerce de l'exécutif européen, il remet sérieusement en cause la politique européenne en matière d'agrocarburants.
En effet, le paquet énergie-climat européen adopté en décembre 2008 prévoit que d'ici 2020, 10% des carburants des transports routiers seront d'origine renouvelable, des agrocarburants en grande majorité. Un critère de durabilité a aussi été établi pour les agrocaburants : l'Union européenne devra s'assurer que ces carburants d'origine végétale permettent de réduire d'au moins 35% les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux carburants fossiles. Ce taux passe à 50% en 2017, puis 60% en 2018. Mais il ne concerne que le changement direct d'usage des sols.
Il a donc été dès l'origine décrié par les écologistes, car ne prenant pas en compte les émissions liées à l'expansion des productions énergétiques agricoles au détriment des forêts ou des zones humides, c'est-à-dire les émissions d'Iluc. Il a donc été assorti dans la directive sur les énergies renouvelables de l'obligation pour la Commission de présenter d'ici fin 2010 ''un rapport sur l'impact du changement indirect d'affectation des sols sur les émissions de gaz à effet de serre et sur les moyens de réduire cet impact au minimum''. C'est ce rapport qui vient d'être rendu public avec plusieurs mois d'avance.
''Les effets du changement indirect d'utilisation des sols compensent une part du bénéfice des émissions mais ne constituent pas une menace au volume actuel de 5,6% des carburants du transport routier requis pour atteindre l'objectif de 10% d'énergie renouvelable en 2020'', indique en d'autres termes la Commission européenne.
Pour les Amis de la terre Europe, ce rapport exige une révision urgente de la politique européenne en matière d'agrocaburants. ''Comment l'Union européenne va-t-elle restreindre leur usage afin qu'ils ne portent pas atteinte à l'environnement ou aux personnes ?'', s'interroge l'ONG dans un communiqué du vendredi 26 mars.