Dans le cadre des négociations concernant le prochain protocole international qui prendra la relève de celui de Kyoto, il est prévu d'intégrer la non-déforestation dans les mécanismes mis à disposition des pays pour réduire leurs émissions de GES. La Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD) sera bientôt un outil de lutte contre le changement climatique à part entière qui devrait être opérationnel dès 2013.
Alors que les modalités d'intégration et de fonctionnement de ce nouvel outil sont en cours de négociations notamment lors de la prochaine conférence internationale qui débutera la semaine prochaine à Poznan en Pologne, l'association Les Amis de la Terre publie un rapport afin d'attirer l'attention des décideurs sur les risques sociaux qui pourraient résulter de l'intégration des forêts au marché du carbone.
De la même manière, les pays pourraient voir réduite leur souveraineté sur leurs ressources naturelles en permettant à des investisseurs étrangers d'acheter les « services » des forêts.
Par ailleurs, le rapport explique que si le système REDD est financé par le biais des compensations de carbone les pays industrialisés ne seront pas tenus d'atteindre les réductions de leurs émissions convenues. Ils pourront maintenir leur style de vie à forte intensité de carbone en compensant leurs émissions à moindre coût dans les pays en développement.
L'association démontre en outre que le dispositif tel qu'il est actuellement prévu ne permettra pas d'arrêter le déboisement des forêts tropicales naturelles. Selon Les Amis de la Terre, le mécanisme REDD est basé sur une définition de forêt qui inclut les plantations. Autrement dit, le remplacement de forêts tropicales par des plantations d'arbres est possible. Or, selon le rapport les grandes plantations d'arbres en régime de monoculture causeraient de graves problèmes écologiques, économiques et sociaux. De plus, les plantations ne piègeraient que 20 % du carbone stocké par les forêts naturelles intactes.
Le rapport soulève enfin plusieurs problèmes méthodologiques déjà mis en évidence par une étude de la Mission Climat de la Caisse des dépôts publiée en septembre dernier : la difficile évaluation des stocks de carbone des forêts et les risques liés à la connexion du marché du carbone. Les marchés d'émissions pourraient être inondés, ce qui réduirait le prix du carbone et mettrait donc au point mort d'autres programmes d'atténuation du changement climatique.
Mais l'association reconnaît que le déboisement ne doit pas pour autant quitter le programme de la convention cadre des nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) : le débat sur le REDD devrait être remplacé par une négociation dans toute l'ONU, qui vise à stopper le déboisement et la dégradation des forêts une fois pour toutes, estime l'association.