Sur ce total, près de 111 millions de tonnes étaient destinés à l'alimentation et le reste aux utilisations non alimentaires (nourriture du bétail, farine de poisson pour l'aquaculture). Résultat, 47% de tout le poisson consommé comme aliment par l'homme provient désormais de l'aquaculture. Et cette part va certainement augmenter au regard de la diminution de certains stocks de poissons.
Selon la FAO, 19% des stocks halieutiques sont surexploités et 8% sont déjà épuisés. La majeure partie des stocks (52%) sont pleinement exploités et ont atteint leur rendement maximum. Mais cette proportion tend à progresser et le nombre de stocks sous exploités diminue progressivement depuis plus de 30 ans. Aujourd'hui seul 20% des stocks suivis par la FAO sont peu exploités et seul 1% sont en reconstitution.
Changement climatique et conséquences sociales et sanitaires
Outre une forte pression sur certains stocks halieutiques, la FAO dénonce également dans son rapport la faible considération apportée aux adaptations aux changements climatiques. Pourtant le changement climatique commence déjà à bouleverser la répartition des espèces marines et aquicoles. Les espèces d'eaux plus chaudes se retrouvent déplacées vers les pôles en voyant la taille et la productivité de leur habitat se transformer. Le changement climatique affecte également le caractère saisonnier des processus biologiques, modifiant les réseaux trophiques marins et d'eau douce, avec des conséquences imprévisibles pour la production halieutique, précise la FAO.
Or, de nombreuses populations vivent et se nourrissent de la pêche. À l'heure actuelle, le poisson assure au moins 50 % de la consommation de protéines animales dans de nombreux petits états insulaires et régions côtières du monde en développement et 43,5 millions de personnes participent directement aux pêches de capture et à l'aquaculture dans ces pays. Les communautés qui dépendent des ressources aquatiques risquent de voir leur vulnérabilité s'accroître, en raison de l'instabilité accrue de leurs moyens d'existence, de la baisse des quantités ou de la qualité du poisson destiné à l'alimentation, des risques pour leur propre santé si, par exemple, ils sont contraints d'aller pêcher par gros temps ou de s'éloigner davantage de leur base, peut-on lire dans le rapport.
De nombreuses pêcheries sont exploitées au maximum de leur capacité. En observant les impacts que le changement climatique pourrait avoir sur les écosystèmes marins, on s'interroge sur leur capacité de résistance, a déclaré Kevern Cochrane du Département des pêches et de l'aquaculture de la FAO.
Déployer les meilleures pratiques
Face aux bouleversements sociaux et sanitaires que pourraient provoquer les bouleversements climatiques, la FAO appelle les pêcheries à généraliser au plus vite les bonnes pratiques. Les meilleures pratiques, déjà recommandées sur le papier mais qui demeurent souvent inappliquées, offrent des outils clairement définis pour augmenter la résilience des pêches au changement climatique, a indiqué Kevern Cochrane, un des auteurs du SOFIA. Le message lancé aux pêcheurs et aux autorités halieutiques est donc clair : s'aligner sur les meilleures pratiques en vigueur, comme celles énoncées dans le Code de conduite pour une pêche responsable.
Même si la FAO reconnaît qu'en l'état actuel des connaissances, il est difficile d'apprécier l'impact que le changement climatique peut avoir sur la pêche et l'aquaculture, elle encourage la mise en oeuvre de toute une gamme de stratégies d'adaptation novatrices soigneusement intégrées dans les cadres politique, juridique et de gestion existants. Quoi qu'il en soit, il est évident qu'il y aura des gagnants et des perdants chez les pêcheurs, les aquaculteurs et les travailleurs des industries connexes, prévient Ichiro Nomura, Sous-Directeur général du Département des pêches et de l'aquaculture de la FAO.