Ainsi, l'étude démontre qu'il existe une relation statistique significative entre l'exposition aux panaches d'incinérateurs et l'incidence de certains cancers chez l'homme et la femme. Bien qu'il reconnaisse que ces résultats sont cohérents avec ceux d'autres travaux publiés dans la littérature scientifique, l'InVS se veut prudent et précise que cette étude ne permet pas d'établir la causalité des relations observées mais apporte des éléments convaincants au faisceau d'arguments épidémiologiques qui mettent en évidence un impact des émissions des incinérateurs sur la santé. Il concède toutefois que plusieurs arguments plaident en faveur d'une telle relation et recommande la mise en œuvre d'une étude étiologique, avec mesure de l'exposition et contrôle des facteurs de risque à l'échelon individuel.
Face à la gravité de ces résultats, l'InVS semble vouloir rassurer en précisant que ces derniers ne peuvent pas être transposés à la période actuelle puisqu'ils portent sur une situation passée. Il est vrai que les normes d'émissions ont été réduites depuis les années 90 et plus récemment en décembre 2005. Même s'il n'exclut pas que les expositions passées puissent encore aujourd'hui favoriser la survenue de cancers, l'InVS s'attend à une diminution du risque de cancer chez les populations exposées aux niveaux actuels d'émission.
Rappelons que la France possède le parc d'usines d'incinération d'ordures ménagères (UIOM) le plus important d'Europe. Les émissions atmosphériques de ces installations industrielles sont constituées de mélanges complexes associant des oxydes d'azote et de soufre, des particules, des substances dangereuses initialement présentes dans les déchets tels que les métaux lourds et, notamment lorsque les processus de combustion sont incomplets, des composés chimiques de type dioxines, furanes et des hydrocarbures aromatiques polycycliques.
Si aucun moratoire sur la construction de nouvel incinérateur n'a été acté à l'occasion du Grenelle, les débats ont conclu à plusieurs grands objectifs destinés à privilégier la prévention de la production de déchets, le recyclage des matériaux et la valorisation organique afin de diminuer les quantités incinérées et stockées. Il a donc été décidé de réduire chaque année la production d'ordures ménagères de 5 kg par habitant et par an sur 5 ans et de relancer le recyclage matière et organique des déchets ménagers et assimilés afin de passer de 24 % en 2004 à 35 % en 2012 et 45 % en 2015. En parallèle, la part des emballages ménagers recyclés devra atteindre 75 % en 2012 contre 60 % en 2006 pour qu'au final la quantité de déchets destinés à l'enfouissement ou à l'incinération diminue de 15 % à l'horizon 2012.