Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Recul du trait de côte : les dunes sont la protection la moins coûteuse et la plus efficace à long terme

La gestion des dunes offre la protection la plus efficace et la moins onéreuse pour lutter contre l'érosion du littoral, selon une étude qui se base sur le littoral aquitain et l'exemple de Lacanau.

Aménagement  |    |  P. Collet
Recul du trait de côte : les dunes sont la protection la moins coûteuse et la plus efficace à long terme
Environnement & Technique N°381
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°381
[ Acheter ce numéro - S'abonner à la revue - Mon espace abonné ]

La gestion des dunes permet de protéger efficacement le littoral contre l'érosion côtière. Surtout, cette stratégie est bien moins coûteuse que la création de structures en dur. Pour autant, elle ne répond pas à l'enjeu de protection des zones les plus urbanisées, ce qui redonne du sens aux infrastructures de protection. Mais celles-ci n'apportent qu'une solution de court terme difficilement soutenable dans le temps. Dans les zones les plus menacées, le retrait du bord de mer semble inéluctable.

C'est ce qui ressort d'une étude sur le service de régulation de l'érosion côtière en Aquitaine (1) réalisée pour le compte du ministère de la Transition écologique par le comité français de l'UICN. Cette étude, réalisée dans le cadre de l'évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques (Efese), s'attache à apprécier les solutions de protection, de gestion et de restauration des écosystèmes qui répondent directement et efficacement à des enjeux socioéconomiques. Elle apporte ainsi des éléments chiffrés qui rendent compte de l'intérêt économique des services écosystèmiques, par rapport à la mise en place et l'entretien d'infrastructures.

La recharge en sable est 100 fois plus coûteuse

"La gestion souple d'écosystèmes sableux constitue une solution peu coûteuse et efficace" pour lutter contre l'érosion côtière, explique l'UICN. Ce constat est particulièrement vrai lorsqu'il s'agit de lutter contre une érosion à large échelle et non extrême. A l'opposé, les ouvrages en dur créés pour protéger les logements et les activités économiques de l'érosion sont coûteux et présentent une durée de vie limitée.

L'étude montre notamment que le coût de rechargement en sable d'une plage érodée est 100 fois plus élevé que celui de la gestion des écosystèmes dunaires qui assurent un apport de sable équivalent sur la plage. Le rechargement coûte de l'ordre de 540 euros par an et par mètre linéaire, contre 5,4 euros pour la gestion des écosystèmes dunaires. Quant aux brise-lames, ils coûtent entre 4.000 euros et 6.200 euros par mètre linéaire, avec des frais de gestion annuels de l'ordre de 3 à 5% du prix de l'installation. Les enrochements coûtent entre 650 et 2.700 euros par mètre, pour un coût d'entretien de 3% par an.

Au-delà de ces moyennes, l'étude reprend les chiffres des études réalisées à Lacanau (Gironde) qui fait partie des sites aquitains retenus dans le cadre de l'appel à projets national sur la "relocalisation des activités et des biens", aux côtés de la Teste-de-Buch (Gironde) et de Labenne (Landes). Le rechargement en sable y est moins onéreux que la moyenne de l'étude de l'UICN : le coût de protection des 1,2 km du front de mer de la station balnéaire s'élève à 250.000 euros par an, soit un peu plus de 200 euros par mètre linéaire. Sur 25 ans, l'opération atteint 6,2 millions d'euros. En revanche, le coût des autres infrastructures envisagées est plus élevé que les moyennes de l'UICN : la facture pour protéger les 700 mètres linéaires de front de mer à Lacanau s'élève à 55 millions d'euros pour la création de brise-lames (soit 79.000 euros par mètre), à 8 millions d'euros pour la mise en place d'enrochements (11.500 euros par mètre), à 7 millions d'euros pour la mise en place de boudins géotextiles longitudinaux (10.000 euros par mètre) et à 5 millions d'euros pour une protection par "épis" (4.500 euros par mètre).

Les structures en dur apportent une réponse temporaire

Reste que l'étude de l'UICN pointe du doigt un paradoxe. Les espaces disposant d'un cordon dunaire géré de façon à limiter l'érosion du trait de côte sont les espaces peu urbanisés où les écosystèmes sont relativement préservés. Mais sur les espaces plus urbanisés, qui présentent un intérêt économique en terme de protection contre l'érosion, l'écosystème sableux est réduit voire totalement détruit. Dans le second cas, l'étude juge donc qu'"il est nécessaire de mettre en avant une gestion plus naturelle de l'espace côtier en valorisant la restauration d'écosystèmes existants dégradés". Mais une telle stratégie passe par "des projets de relocalisation ou de retrait des activités du bord de mer".

Pour y parvenir, l'étude recommande "une intervention graduée en fonction des risques et de la gravité des enjeux". Elle montre surtout que "la gestion naturelle concerne plutôt le temps long et des échelles spatiales larges tandis que les solutions de génie civil répondent à des enjeux locaux, à court terme". Les structures en dur restent donc des réponses possibles pour protéger les côtes urbanisées, mais elles "constituent une protection temporaire et limitée face aux éléments naturels". Ces structures ne valent que pour le court terme car elles rompent le fonctionnement des milieux dunaires mobiles et modifient les échanges sédimentaires. En conséquence, "ces aménagements font, dans le temps, empirer les phénomènes et induisent des coûts de gestion et d'entretien difficilement soutenables pour les populations riveraines".

1. Télécharger l'étude sur le service de régulation de l'érosion côtière en Aquitaine
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-31247-erosion-cotiere-aquitaine.pdf

Réactions1 réaction à cet article

Le recul du trait de côte sur le littoral aquitain est inéluctable.
Depuis les années 40/60, les milliards de mètres cubes de sédiments apportés dans le mer par les rivières des bassins de l'Adour, de la Garonne et de la Dordogne ont été retenus par la centaine de barrages hydroélectriques construits sur ces cours d'eau et leurs affluents.D'où, sans remblaiement naturel ...
Ca devrait être à l'EDF de payer la note.

babucologne | 17 mai 2018 à 11h22 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question au journaliste Philippe Collet

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

Votre conseil juridique en matière de biodiversité et d'espèces protégées Cabinet Valentin Renoux - Avocat