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Actu-Environnement

Le recyclage des eaux usées profite aussi aux pâturages

Dans un contexte de sécheresse et de réchauffement climatique, Christophe Brodu, producteur de fromages, recycle ses eaux usées pour irriguer ses pâturages. Une option possible grâce à une micro-station de traitement. Reportage

Reportage vidéo  |  Eau  |    |  B. Clarke

La ferme des saveurs à Villveyrac, dans l'Hérault, est une petite exploitation qui produit des fromages en biodynamie. En 2015, le jury national des Trophées de l'agro-écologie a salué "l'inventivité des éleveurs de la ferme basée sur l'utilisation des ressources de la nature, sans les épuiser…"

Les exploitants nourrissent chèvres et brebis essentiellement à partir des productions de la ferme sans utilisation d'intrants de synthèse. La ferme est autonome en énergie grâce à des panneaux photovoltaïques et thermiques. Depuis peu, les eaux usées (à l'exception des eaux noires) sont totalement recyclées grâce à une micro-station d'épuration qui permet d'atteindre une qualité d'eau d'irrigation. Compte tenu des sécheresses qui sévissent dans la région en période estivale, cela permet d'irriguer les pâturages. La ressource en eau aura donc été utilisée deux fois, ce qui permet de réduire la consommation. Les arrêtés préfectoraux qui interdisent l'irrigation en période de sécheresse pour conserver les débits minimum des rivières ne concerneront pas la ferme des saveurs.

Le système expérimenté sur cette ferme a d'abord été développé pour le secteur du "yachting", la navigation de plaisance. Un dispositif compact est placé dans le bateau pour assainir toutes les eaux usées du bateau avant de les rejeter en mer. Une façon d'éviter la vidange dans un port équipé à cet effet, ce qui n'est pas toujours le cas. La startup, dénommée Woter, s'attaque maintenant au secteur agricole. Mais ce n'est pas si évident, explique Nicolas Clavel, le directeur général : "notre objectif est, à chaque fois, d'apprendre avec les gens du métier. Quand on a rencontré Christophe Brodu, l'exploitant de la ferme, il a fallu d'abord qu'on évalue la qualité de l'eau rejetée et les rythmes de la ferme pour que notre système soit compatible". Pour l'instant encore en phase de test, difficile d'obtenir le prix d'une telle machine ; mais, selon le directeur, les économies d'eau permettront de l'amortir. Même si, dans le cas de la ferme des saveurs, c'est plus l'aspect écologique qui est déterminant. L'autre avantage de cette micro-station d'épuration est qu'elle ne produit pas de boue d'épuration : "En résumé, les systèmes traditionnels ont des bactéries qui "attrapent" la pollution qui finit par tomber au fond. C'est un concentré de pollution qu'on appelle les boues activées. Nous, au contraire, on va avoir des bactéries pour découper les molécules jusqu'à les réduire à néant et, à la fin, il ne reste aucun résidu polluant".

La startup voit une réelle demande dans les années à venir, pas seulement pour des exploitations comme la ferme des saveurs, mais de façon beaucoup plus large : "ça peut être utilisé chez un particulier, dans un camping, dans un village, dans de nouveaux concepts urbanistiques qui tournent autour de l'eau" précise Nicolas Clavel. "Les machines peuvent être connectées entre elles et fournir l'eau en fonction de la demande. L'idée, à plus long terme, sera de coordonner l'ensemble de ces machines". Après trois ans de travail pour développer la technologie et peaufiner la stratégie de déploiement, c'est au Maroc que l'accord le plus prometteur a été signé avec l'office national de l'eau, où la machine va entrer en test dans la perspective d'un déploiement dans tout le pays. Une vitrine pour le reste de l'Afrique.

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