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Des viticulteurs bordelais réussissent à réduire de plus de 60% l'utilisation de pesticides

Plus de 1.400 viticulteurs se sont associés pour mieux observer la pression des insectes nuisibles sur leurs parcelles et adapter la fréquence et l'intensité des traitements chimiques. Une expérience réussie à diffuser.

Agroécologie  |    |  F. Roussel
   
Des viticulteurs bordelais réussissent à réduire de plus de 60% l'utilisation de pesticides
Pièges à cicadelles
© ENITAB
   
Depuis 1955, le vignoble français est régulièrement atteint par la flavescence dorée, une maladie appelée aussi « jaunisse de la vigne » qui se déclare vers la fin de l'été et qui se traduit par un rougissement des feuilles et un flétrissement des grappes et des vrilles. L'agent infectieux est une bactérie dont la transmission se fait soit par un vecteur infecté qui vient se nourrir sur la vigne, soit par le matériel végétal. Dans le cas de la flavescence dorée, le vecteur est une cicadelle, Scaphoideus titanus. La transmission de la maladie ne se fait que de vigne à vigne à travers cet insecte. Les foyers de maladie s'élargissent de proche en proche autour du pied contaminé à hauteur de 10 par an.

Observée en Midi Pyrénées, en Aquitaine et en Charentes dans les années 1990, cette maladie a atteint le vignoble girondin en 1994. En 2006, deux foyers de flavescence dorée ont été découverts sur deux communes proches de Saint-Emilion : Lussac et Montagne. Conformément à l'arrêté préfectoral en vigueur en Gironde, les 20 communes limitrophes de ces foyers sont donc entrées dans le périmètre de lutte obligatoire (PLO) dès 2007.
Selon le scénario réglementaire, la lutte contre la maladie doit se faire par application d'insecticides pour supprimer le vecteur sur la totalité du périmètre. Cette décision engendre donc une augmentation importante de l'utilisation de produits chimiques. Motivés par la volonté de préserver leur vignoble de la maladie tout en limitant l'emploi de pesticides, les viticulteurs ont réagi.

1.400 viticulteurs issus de huit appellations prestigieuses comme Saint-Emilion, Pomerol, Lalande, Côtes de Francs, Côtes de Castillon et Bordeaux, représentant 13.000 ha de vigne, se sont regroupés au sein du Groupement de Défense contre les Organismes Nuisible du Libournais (GDON). Ce GDON a pour objectif de contrôler la maladie avec un nombre limité de traitements et de développer une stratégie de long terme pour assurer une gestion durable du problème. Dès 2007, cette association a donc piloté un protocole innovant de lutte contre la flavescence dorée, en partenariat avec l'ensemble des organismes techniques viticoles de Gironde.

Pour réduire l'utilisation de produits phytosanitaires, le GDON a réalisé un zonage du périmètre à traiter sous forme de cercles concentriques. Chaque zone s'est ensuite vue attribuer un protocole de traitement selon le principe que plus une parcelle est éloignée du foyer, moins elle est soumise au risque de contamination. Il est donc possible de supprimer un ou plusieurs traitements larvicides dans certaines zones. La fréquence et l'intensité des traitements dépendent du nombre d'insectes présents sur la parcelle.
Plus de 300 pièges ont été installés sur tout le territoire avec une densification près des foyers. Ils attirent les insectes qui se retrouvent collés sur une plaque engluée. Les viticulteurs peuvent alors compter les nuisibles et se faire une première idée de la pression existante. Toutes les données sont ensuite complétées, regroupées et diffusées sous formes de cartes de pression, chaque semaine, gratuitement à tous les professionnels de la zone. Chaque viticulteur est ainsi informé de la pression existante autour de son exploitation et adapte ses pratiques en conséquence. La décision de traitement est gérée individuellement pour chaque zone concentrique.

Résultats, en 2007, ces pratiques ont permis de réduire de 63 % le nombre de traitements obligatoires contre la cicadelle de la flavescence dorée, soit environ 15.000 applications d'insecticides supprimées. Le GDON envisage d'améliorer le dispositif de piégeage, afin d'observer l'ensemble des ravageurs viticoles pouvant faire l'objet de traitements. Nous souhaitons ainsi proposer des bulletins d'observation plus complets. L'objectif final est bien sûr de limiter un peu plus chaque année l'utilisation de produits phytosanitaires sur la zone, explique le GDON.

Même si la pertinence de cette nouvelle méthode de lutte ne peut être estimée en une seule année, elle laisse entrevoir de réelles économies d'intrants qui répondent aux objectifs envisagés dans le plan Ecophyto 2018, à savoir une réduction de 50% de l'usage des pesticides en 10 ans.

Réactions2 réactions à cet article

Mesure à généraliser !

Est-ce parce que l'on vient de dire qu'il y avait des traces de nombreux pesticides dans tous les vins (y compris dans les grands crus) ou est-ce pour la santé des consommateurs ? Il est vrai que 20% de la consommation des pesticides pour une surface de 8% de terres cultivées cela fait grand désordre. Saluons cette initiative qui redonne à nos vignerons leurs lettres de noblesse !

mathias | 17 juin 2008 à 19h30 Signaler un contenu inapproprié
titre spectaculaire mais...

Le titre de votre article laisse entendre qu'une réduction globale de l'utilisation des pesticides dans le vignoble bordelais est en cours, de l'ordre de 60 %. Bigre ! Cela témoigne au minimum d'une grande méconnaissance de la problématique, et on pourrait même y voir un mensonge délibéré destiné à faire ouvrir le lien par le plus grand nombre de lecteurs possible.
D'abord, les insecticides, car il s'agit d'insecticides, ne sont qu'une partie des pesticides utilisés en viticulture (fongides, nématicides et herbicides également). Ensuite, la cicadelle n'est qu'un des taxons ciblés par les insecticides, il y a aussi les pucerons et bien d'autres...Au final, la réduction en question ne doit pas dépasser les 10 %, et je suis généreux. De plus, cet insecticide n'est peut-être pas le plus nocif pour l'environnement, étant très ciblé. C'est vrai que le titre " des viticulteurs bordelais réussissent à réduire de 6 % l'utilisation de pesticides" aurait moins de gueule...

botanion | 19 juin 2008 à 08h37 Signaler un contenu inapproprié

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