Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Réforme de la législation en matière de publicité extérieure : le débat s'annonce houleux

À la croisée de tous les secteurs, la sauvegarde des paysages incite à les intégrer dans des démarches repensées en fonction de critères écologiques, sociaux et esthétiques. A commencer par la réglementation de la publicité aux entrées de villes.

Aménagement  |    |  A. Sinaï
   
Réforme de la législation en matière de publicité extérieure : le débat s'annonce houleux
Panneaux publicitaires sur la RN20
© S.Fabrégat
   
L'urbanisation des territoires a provoqué ce que le précurseur de l'écologie politique, Bernard Charbonneau, a appelé la fin du paysage, la perte de nombreux repères partagés et l'isolement de l'individu. Menacés par l'étalement urbain et les infrastructures routières, les paysages sont au cœur de la plupart des thématiques abordées par le Grenelle de l'environnement : limitation de l'étalement urbain, trames vertes et écologiques, intégration des éoliennes, éco-quartiers et densification des périphéries, circuits courts pour une économie qui reconsidère les modes de production et d'acheminement… C'est dans cet esprit que la secrétaire d'Etat chargée de l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a réactivé, le 20 novembre 2008, le Conseil national du paysage, dont la composition a été renouvelée selon la méthode du Grenelle, sur la base d'une plus grande représentativité de la société civile, à travers notamment les syndicats et le milieu associatif.

Entrées de ville et panneaux publicitaires

Après bientôt trois décennies de mise en oeuvre, la loi du 29 décembre 1979 affiche un bilan nuancé : la pression publicitaire continue d'entamer la protection des paysages, en particulier en raison des pré-enseignes dérogatoires, ces panneaux de 1,50 m de long qui se multiplient aux entrées de ville, et des enseignes scellées sur les aires des grandes surfaces, qui ne sont soumises à aucune déclaration préalable.

D'après Pierre-Jean Delahousse, vice-président de Paysages de France, association qui milite activement pour un strict encadrement de l'affichage publicitaire et assiste les communes d'un point de vue juridique, la propension des syndicats de la publicité est de violer systématiquement le code de l'environnement et d'attaquer les règlements locaux dont les communes peuvent se doter.
“ Le Syndicat national de la publicité extérieure a tout fait pour nous écarter, en menant des actions en justice contre les Préfets qui admettent Paysages de France dans les groupes de travail. ” Pierre-Jean Delahousse (vice-président de Paysages de France)
Lorsque ces règlements leur déplaisent, ils excluent l'association qui les gêne du groupe de travail, au nom du fait que le code de l'environnement sollicite la présence dans ces groupes des associations locales d'usagers, mais pas des associations environnementales... Du coup, Paysages de France les dérange beaucoup, et le Syndicat national de la publicité extérieure a tout fait pour nous écarter, en menant des actions en justice contre les Préfets qui admettent Paysages de France dans les groupes de travail
.

Aujourd'hui encore, de nombreux préfets refusent de donner suite aux demandes de Paysages de France et font ainsi preuve de complicité avec les auteurs d'infractions, parfois de nature délictuelle. Selon l'association, c'est le cas notamment de Paul-Henri Trollé, préfet du Val-d'Oise, de François Philizot, préfet du Tarn, mais également des préfets de la Seine-et-Marne, de l'Essonne, de l'Isère, des Côtes-d'Armor, du Gard, des Alpes-de-Haute-Provence, du Cher, de l'Aisne... Le 5 juin 2008 sur LCI, la secrétaire d'État chargée de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet avait dénoncé la pression exercée par les afficheurs sur les élus et un vrai problème de sensibilisation au niveau des préfecture, en expliquant que c'est très difficile d'obtenir des procès verbaux […], et même quand il y a des procès verbaux, c'est très difficile derrière d'obtenir le démontage, donc à tous les niveaux ça bloque.

Absence de sanctions

En effet, cette réglementation nécessite, du fait de sa complexité, des agents formés et dédiés tant à l'élaboration des règlements locaux qu'à l'exercice de la police, qui constitue un point majeur de l'efficience de l'ensemble du dispositif. Le président de l'Union de la publicité extérieure (UPE), Stéphane Dottelonde, s'en étonne lui-même : on peut toujours durcir la règle. Le vrai problème, c'est de faire respecter la police de l'affichage. S'il n'y a pas d'efforts en la matière, il ne se passera rien. Tout le monde connaît pourtant les points noirs, qu'il s'agisse de la RN 20, dans la circonscription de Nathalie Kosciusko-Morizet, ou dans la communauté urbaine de Toulon. Il faudrait lancer une opération emblématique de police de l'affichage.

Décentralisation, démocratisation et sanctions devraient être les maîtres mots de la réforme. De fait, la loi de 1979 est antérieure aux lois de décentralisation et demeure largement sous la responsabilité de l'Etat, alors que les autorités en charge des règlements locaux sont décentralisées, ce qui en complexifie la mise en oeuvre. Le président de l'UPE plaide en faveur d'une adaptation de la loi au profit des maires afin d'alléger le dispositif : un seul chef de file clarifiera les responsabilités.

Reste à améliorer la démocratisation afin de renforcer la représentation associative dans les groupes de travail. Nous ne sommes pas hostiles à ce que toutes les parties prenantes soient associées à l'élaboration de cette réglementation. Mais à ce moment là, il faudrait que les bailleurs, les annonceurs, les syndicats aient autant voix au chapitre que les associations environnementales, déclare le président de l'UPE, sur le modèle des parties prenantes du Grenelle de l'environnement. Ce qui sous-entend, que Paysages de France voie sa position et sa force de frappe relativisées : L'élaboration de cette réglementation ne s'arrête pas au président de Paysages de France, explique M. Dottelonde...

La guerre est ouverte entre l'industrie de la publicité extérieure et les défenseurs du paysage. Cet âpre débat fera l'objet de trois réunions de travail entre les diverses parties prenantes d'ici fin mars 2009, afin de préparer un dispositif, dans la loi Grenelle 2, ayant vocation à renforcer le rôle des élus et des associations environnementales dans la procédure d'élaboration des règlements locaux.

Réactions4 réactions à cet article

Publicité extèrieure = pollution

Le syndicat de la publicité extèrieure refuse tout débat avec ceux qui en ont assez de leurs sales panneaux publicitaires!

D'abord quel est ce "syndicat de la publicité extèrieure" ?
un groupuscule de gens attirés par l'argent facile obtenu en détruisant les entrées de ville c'est tout!!!!!

C'est ce petit groupuscule qu'il faut écarter définitivement de toutes les discussions

galaxie | 15 janvier 2009 à 09h35 Signaler un contenu inapproprié
le farwest ! des industriels

Hélas une fois de plus les industriels sont rois !apres les produits pétroliers , les industries pétrochimiques ect.... Ces patrons se croient tout permis .loie ou pas rien ne les arrêtent ...à moins que des valisent de b....ets viennent à bout de ceux qui sont chargés de faire respecter !

asters | 15 janvier 2009 à 13h17 Signaler un contenu inapproprié
la formation des agent verbalisateur

La formation est inexistante dans les services nationaux de Police ou gendarmerie si l'on ne s y penche pas individuellement.
seul la Police municipale dans ses formations initiales et continues aux CNFPT (pour ma part RHÔNE ALPES) propose ce sujet.
Comme il est dit dans l'article il est vrai que, hors zones protégées, les enseignes et les pré enseignes dérogatoires polluent le paysage.
Mais une autre menace provenant des publicistes approche c'est la mise à disposition gratuitement à des associations et même des communes de véhicules couverts de publicité. Ne connaissant pas la législation, les utilisateurs peuvent être verbalisés dans certains sites protégés !
dans tous ça a qui rapporte le crime ?

serpico-42 | 15 janvier 2009 à 18h19 Signaler un contenu inapproprié
Re:la formation des agent verbalisateur

Je n'adhère pas à la remarque sur l'inexistance de la formation des forces de l'ordre.
En effet, en ma qualité de référent de la règlementation sur la publicité extérieure dans le département de la Réunion, j'organise des formations à la demande du préfet. Ces formations sont à l'attention des forces de l'ordre (policiers nationaux et gendarmes).
Par ailleurs, j'interviens également pour le CNFPT, et organise également des sessions de formations à l'attention des policiers municipaux, personnels administratifs des mairies.

Anonyme | 21 mai 2009 à 20h04 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires