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La RT 2012, plus chère que prévu et confrontée à une pénurie de professionnels formés

Surcoûts de 15 à 20 % de la construction, pénurie de professionnels formés et forte dépendance du marché de la construction durable aux aides publiques sont soulignés par une étude sur la mise en œuvre de la RT 2012, publiée par Xerfi.

Bâtiment  |    |  S. Fabrégat
   
La RT 2012, plus chère que prévu et confrontée à une pénurie de professionnels formés
   

''La réussite dans la construction durable n'est pas gagnée d'avance'', note une étude de Xerfi sur La filière bâtiment face aux enjeux environnementaux d'ici 2015, publiée le 4 janvier dernier. Le bureau d'études a analysé l'impact de la mise en œuvre de la réglementation thermique 2012 (RT 2012), applicable fin octobre 2011 pour le tertiaire et le logement social et en 2013 pour le résidentiel, et mis l'accent sur plusieurs défis que le secteur devra relever pour respecter les nouvelles normes basse consommation : la nécessité de réduire les coûts, de former les professionnels et d'assurer une pérennité des aides fiscales, afin d'impulser le marché de la construction basse consommation.

Un surcoût de 15 à 20 % qui doit être compensé par des aides publiques

L'amélioration de la performance énergétique des bâtiments neufs que vise la RT 2012 devrait entraîner une inflation des coûts de 15 à 20 % les premières années estime Xerfi. Le ministère de l'Ecologie tablait de son côté sur ''un coût maîtrisé de +5 à 7 % en 2013''. Toujours selon les estimations du ministère, l'investissement dans la basse consommation devrait être rentable, avec ''des mensualités d'emprunt largement couvertes par les économies d'énergie et à l'issue un gain de pouvoir d'achat'', estimé sur vingt ans à 5.000€ dans un immeuble collectif et 15.000€ pour une maison individuelle.
Xerfi pointe du doigt de son côté les surcoûts des équipements et matériaux (innovation), le coût lié à l'importance de la phase amont de la construction (études d'avant projet) mais aussi une éventuelle hausse des salaires dans le secteur du bâtiment, liée à un déficit de personnel compétent. Selon le cabinet d'études, ''l'un des principaux facteurs de réussite de la RT 2012 et de l'éco-construction sera la capacité à mettre en place des incitations suffisantes pour convaincre les ménages ou les investisseurs d'acheter du BBC''. Il note que pour l'instant, l'éco-construction ''reste un marché soutenu par les aides fiscales'' et souligne que cette dépendance à la fiscalité est ''une des principales menaces qui pèsent'' sur ce marché. La mise en place du prêt à taux zéro+ (PTZ+), remplaçant l'écoprêt à taux zéro initial, sera ''l'un des déterminants de l'évolution des ventes''. Le PTZ+ est en effet en partie conditionné à une exigence de performance énergétique du logement. Les aides publiques aux énergies renouvelables sont également indispensables, note Xerfi.

La formation, ''enjeu majeur'', toujours à la traîne

Depuis que les travaux sur la RT 2012 ont été initiés, le secteur de la construction a connu une montée en charge de la basse consommation, qui devrait s'accélérer d'ici à l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation thermique. ''Les organisations professionnelles ont ainsi émis des objectifs en termes de construction BBC. Pour 2012, la fédération des promoteurs constructeurs prévoit 95 % de permis BBC, l'Union des maisons françaises 70 %, l'Union des constructeurs immobiliers 65 % et l'Union syndicale pour l'habitat 95 %. Ces engagements ne sont pas utopiques et devront dans tous les cas être réalisés au 1er janvier 2013'', indique Xerfi.
Mais si les techniques et savoir-faire existent d'ores et déjà pour atteindre la basse consommation, se pose toujours la question de la formation des professionnels du bâtiment. Lancé début 2008, le programme de formation aux économies d'énergie des entreprises et artisans du bâtiment (Feebat) envisageait de former 50.000 personnes d'ici fin 2010. Fin avril 2010, près de 23.000 professionnels avaient suivi ces cours, soit moins de la moitié de l'objectif fixé lors du Grenelle. Pourtant, note l'étude, ''la formation est l'un des enjeux majeurs. Le retard pris dans la mise à niveau des professionnels est reconnu à la fois par les pouvoirs publics et les associations écologiques. Une accélération de la formation (1) est (…) un préalable à la bonne mise en œuvre des chantiers et à l'obtention de la réduction finale de la consommation énergétique. Mais c'est aussi un moyen d'éviter une pénurie de personnel formé qui entraînerait une hausse des salaires, des retards dans l'exécution des chantiers et une nouvelle source d'augmentation des coûts''. L'étude rappelle la pénurie de professionnels que connaît d'ores et déjà le BTP.

Des métiers plus ou moins impactés

Si l'étude note que les promoteurs devraient être ''en position de force au sein de la filière'', ceux-ci devront néanmoins accentuer leur ''force de frappe marketing et commerciale'' afin de convaincre les acheteurs de l'intérêt d'investir dans le BBC.
Les constructeurs de maisons individuelles, du moins les principaux acteurs, sont quant à eux ''en pointe dans l'éco-construction'' et ne devraient donc pas être trop touchés par les nouvelles contraintes.
En revanche, ''les maîtres d'œuvre (bureaux d'études, architectes) apparaissent comme les moins bien lotis''. Leurs prestation devront monter en gamme sans qu'ils aient une forte capacité à augmenter leurs tarifs.
Les entreprises de gros œuvres et second œuvre seront également ''sous pression puisque l'efficacité énergétique du bâtiment repose sur eux''.

1. Consulter notre enquête qui alarmait dès 2008 sur le manque de formation pour les ''métiers verts''
https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/enquete_formation_grenelle_environnement/formation_grenelle_environnement.php4

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