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Economie circulaire : le secteur du packaging doit aller plus loin

Rémy Le Moigne, consultant en management, revient sur la transition du secteur de l'emballage qui s'impose pour, non seulement améliorer le recyclage des emballages, mais aussi favoriser leur réutilisation et développer des emballages compostables.

Publié le 25/11/2014

Le secteur de l'emballage a été l'un des premiers à adopter les principes de l'économie circulaire. Depuis longtemps les consommateurs recyclent les boîtes en aluminium, les flacons en plastique ou les cartons d'emballage.

Pourtant, l'industrie du packaging continue de produire d'importantes quantités de déchets. Chaque jour 14 millions de bouteilles en plastique1 ne sont pas recyclées au Royaume-Uni. Chaque année un milliard de tubes de dentifrice sont enfouis ou incinérés aux Etats-Unis.

Les emballages industriels, utilisés le long des chaînes logistiques, participent également aux importantes quantités de déchets. Moins médiatisés mais aussi moins étudiés que les emballages ménagers, ils représentent pourtant des quantités beaucoup plus importantes2 (voir figure ci-dessous).

S'ils ne constituent que 1,6% du poids total annuel des déchets produits en France, les emballages ont un impact important, et visible, sur l'environnement. Abandonné dans la nature, un sac en plastique de 5 grammes se fractionne en particules microscopiques nocives pour les sols et les océans.

Le secteur de l'emballage doit aujourd'hui accélérer sa transition vers une économie circulaire. Il ne doit pas seulement améliorer le recyclage des emballages, il doit également favoriser leur réutilisation et développer des emballages compostables.

Améliorer le recyclage des emballages

En France, les emballages en papier et carton ont un taux de recyclage de 88%, ceux en verre de 70,7%3. Par contre les emballages en plastique, qui représentent plus d'un tiers de la consommation de plastique, ne sont recyclés qu'à 23,3%4. Les solutions pour améliorer le taux de recyclage des emballages sont connus : simplification du geste de tri, extension et harmonisation des consignes de tri, tarification incitative, éco-conception des emballages… Mais les progrès tardent à se concrétiser. Le taux de recyclage des emballages ménagers stagne depuis 2 ans. Le recyclage de nombreux emballages est encore impossible techniquement ou n'est pas rentable économiquement comme celui des tubes de dentifrice constitués de plusieurs matériaux difficilement séparables.

Le recyclage n'est d'ailleurs pas une solution idéale pour réduire la consommation de matières. Une boîte en aluminium, même recyclée à un taux élevé de 70%, perd plus de la moitié de sa matière5 au bout de seulement 6 mois (en faisant l'hypothèse que le cycle de vie d'une boîte a une durée de 2 mois).

Favoriser la réutilisation des emballages

Les emballages réutilisables sont encore peu répandus. En France, seuls 20% des emballages industriels seraient réutilisables6. En Allemagne, en Autriche, au Danemark, au Pays-Bas ou encore en Suède, la part de marché des bouteilles réutilisables est en baisse constante au profit des bouteilles jetable7s. Pourtant, beaucoup plus que le recyclage, la réutilisation des emballages présente d'importants bénéfices économiques, sociaux et environnementaux.

Les emballages réutilisables permettent souvent de réduire les coûts. Par exemple le remplacement de bouteilles de bière en verre à usage unique par des bouteilles en verre réutilisables permet de réduire les coûts d'emballage de 20%8.

Les systèmes de gestion des emballages réutilisables créent également des emplois. En Allemagne, le remplacement de bouteilles à usage unique par des bouteilles réutilisables aurait permis la création de 80.000 emplois9.

Enfin, les emballages réutilisables auraient un impact moindre sur l'environnement que ceux à usage unique. Par exemple, selon une étude du cabinet PwC, les bouteilles réutilisables ont une performance environnementale supérieure à celle des emballages à usage unique sous réserve que les distances parcourues ne dépassent par les 600 km10. D'autres études comme celles de WRAP11 ou de l'Ademe12 ne concluent pas sur l'avantage de l'une ou l'autre des solutions  mais elles réalisent leurs évaluations sur la base du dispositif existant, optimisé pour les emballages à usage unique. Or la mise en place d'un système de gestion des emballages réutilisables peut nécessiter de revoir la structure du réseau de distribution, pour prendre en compte les flux de retour, ou de mettre en place des emballages standardisés.

Quelques initiatives de développement des emballages réutilisables voient le jour. Pour supporter la commercialisation de vins, d'huiles ou jus en vrac, la société Jean Bouteille gère un parc de bouteilles consignées.

Mais c'est sans doute pour les industriels que les emballages réutilisables présentent le plus d'atouts. Les circuits de reprise, de reconditionnement et de réutilisation des emballages sont en effet plus faciles à mettre en place entre quelques industriels plutôt qu'avec un très grand nombre de particuliers. Les nouvelles technologies permettent également de simplifier la gestion des emballages. Par exemple le projet « Open Tracing Container », qui associent DS Smith Packaging, Orange et FM Logistic, teste les technologies RFID et les standards EPCglobal pour améliorer le pilotage et la traçabilité des flux d'emballages réutilisables. De tels emballages permettraient d'offrir des services qui iraient bien au delà de la seule réduction de la consommation de matières : traçabilité du contenant, standardisation des emballages en vue de la mutualisation des moyens logistiques et de transport, ergonomie…

Développer les emballages compostables

Avec le développement du tri à la source des déchets organiques et le déploiement d'unités de compostage et de méthanisation, les emballages compostables deviennent une alternative aux emballages recyclables ou réutilisables. Souvent ils présentent des performances moindre et des coûts plus élevés que les emballages traditionnels mais de nouvelles innovations voient le jour.

Cellulopack propose par exemple des barquettes alimentaires 100% compostables qui facilitent le retour à la terre des déchets alimentaires. Harmless commercialise des sacs poubelles qui peuvent être mis directement dans la machine à laver : les sacs se dissolvent dans l'eau puis sont récupérés et transformés en engrais ou en biogaz par les stations de traitement des eaux usées. Vegeplast propose des capsules à café compostables. WikiFoods a développé un emballage comestible pour les yaourts, les glaces et les boissons.

Il y a quelques mois, le brasseur Carlsberg a mis en place la « Carlsberg Circular Community » pour développer avec ses fournisseurs une nouvelle génération d'emballages recyclables. A l'image de Carlsberg, les industriels doivent s'associer avec leurs partenaires (fournisseurs, clients, collectivités mais aussi concurrents) pour imaginer, dans un mode aux ressources finis, les emballages de demain.

Avis d'expert proposé par Rémy Le Moigne,

consultant en management, auteur de "l'

Economie circulaire"

1 Pledge 4 Plastics.
2 Emballages industriels, commerciaux et ménagers, ADEME, 2011.
3 Emballages industriels, commerciaux et ménagers, Ademe, novembre 2013.
4 Emballages compostables & matériaux plastiques dits « biodégradables » issus de ressources renouvelables, Conseil national de l'emballage, octobre 2009.
5 Towards the circular economy : Opportunities for the consumer goods sector, Fondation Ellen Macarthur, 2013.
6 ballages réutilisables : situation en France, Evelyne Laurent, ADEME, 18 novembre 2010.
7 European packaging policy: The consequences of a deposit system for disposable packaging
based on the German example, Roland Berger, juin 2007.

8 Towards the circular economy: opportunities for the consumer goods sector, Fondation Ellen Macarthur, 2013.
9 Reuse and recycling systems for selected beverage packaging from a sustainability perspective: An analysis of the ecological, economic and social impacts of reuse and recycling systems and approaches to solutions for further development, PwC, 2011.
10 Reuse and recycling systems for selected beverage packaging from a sustainability perspective: An analysis of the ecological, economic and social impacts of reuse and recycling systems and approaches to solutions for further development, PwC, 2011.
11 Single trip or reusable packaging - Considering the right choice for the environment, Wrap, 1 mai 2010.
12 Les fiches techniques de l'Ademe : Consigne pour les emballages boissons, Ademe, novembre 2011.

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3 Commentaires

Ami9327

Le 25/11/2014 à 17h07

Le recyclages des matières plastiques est, aujourd'hui, excessivement complexe. Plutôt que de chercher toujours des solutions en aval une fois le déchet apparu, il faut agir en amont pour FACILITER LE TRI. Cela passe par une NORMALISATION des emballages, par une réduction du nombre de matières plastiques employées dans le même emballage.
Le réemploi des bouteilles en P.E.T. est parfaitement possible et il faut l'instituer en France AUSSI.
Le réemploi des bouteilles en verres nécessite de les faires plus lourdes de 15% (= plus épaisses) le nombre de cycle de ces bouteilles peut être augmenté considérablement. En effet les bouteilles en verre s'usent lors de l'embouteillage et du transport par frottement les unes sur les autres. Il suffit donc de les munir de 2 anneaux de caoutchouc pour arrêter l'usure. (Il faut 2 anneaux parce que l'expérience montre qu'il ya deux zones d'usure sur les bouteilles traditionnelles)

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JJ

Le 27/11/2014 à 9h58

Bonjour,
Pourquoi utilisez vous le concept d'économie circulaire alors qu'un grand nombre d'experts préfèrent écologie industrielle? Quelle différence faites vous entre ces deux concepts?

Il me semble en effet que l'écologie industrielle propose une réflexion plus riche, qui inclue l'économie circulaire, ainsi que de nombreuses autres choses très pertinentes pour la transition des sociétés industrielles qu'on gagne vraiment à mettre aux côté de ce concept d'économie circulaire dans une conception plus générale et systémique (Cf. Le Handbook of Industrial Ecology, Chap.1., très clair et synthétique, notamment la figure 1.2 : http://iepoi.uni-mb.si/samec/Handbook_Industrial_Ecology_2002.pdf)

Merci beaucoup d'avance pour votre réponse,
Cordialement

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Albatros

Le 27/11/2014 à 15h07

Monsieur le consultant en management, cet article boursoufflé de généralités ne donne pas du tout envie de prendre connaissance de votre livre.

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